En 2020, le taux d’épargne des ménages a atteint des niveaux sans précédent en période de paix. Aux États-Unis, il a dépassé 33 % en avril 2020 et 27 % en France. Selon l’institut Oxford Economics, le supplément d’épargne Outre-Atlantique s’élève depuis le début de la crise sanitaire à 2 600 milliards de dollars. Pour l’ensemble des pays occidentaux, la cagnotte « covid » avoisinerait plus de 3500 milliards de dollars.
Selon plusieurs experts, en cas de normalisation durable de la situation économique et sanitaire, entre 14 à 20 % de cette cagnotte pourraient être dépensés dans les prochains mois. Cela pourrait induire, selon les pays, une hausse de la consommation, de 5 à 10 % entre 2021 et 2022. Le solde de cette épargne serait thésaurisé ou réinvesti dans des actifs immobiliers ou financiers.
Un enjeu pour la reprise économique
Entre taxes ou réallocation, cette épargne est devenu un enjeu pour la reprise économique et pour la lutte contre les réchauffement climatique. Au sein des pays avancés, le coût économique et social de l’épidémie a été en grande partie compensé par la force de leur monnaie, rendant possible les rachats d’obligations d’État, et par les épargnants qui ont continué à en acquérir. Plus les problèmes s’accumulent, plus l’épargne est indispensable.
Au-delà de la crise sanitaire, la communauté internationale est confrontée à un défi sans précédent avec la lutte contre le réchauffement climatique. En quelques années, les processus de production tant industrielle qu’agricole et, plus globalement, l’ensemble des modes de vie doivent être modifiés de fond en comble afin d’aboutir à une neutralité carbone.
D’immenses besoins en capitaux pour le transition énergétique
Pour réaliser cette transformation, les besoins de capitaux sont immenses. Selon le GIEC, les États devront mobiliser, au minimum 830 milliards de dollars par an pour les seuls investissements énergétiques jusqu’en 2050. Pour la seule Union européenne, les obligations vertes devraient atteindre entre 4 700 et 5 600 milliards d’euros d’ici 2035.
D’un autre côté, la réduction des émissions des gaz à effet de serre devraient entraîner la destruction par obsolescence accélérée de plus de 3 700 milliards de dollars d’investissements, en particulier dans le secteur énergétique. Face à ce défi, les institutions financières sont amenées à revoir la gestion de leur portefeuille et de leurs mandats.
Le réchauffement climatique étant un risque systémique menaçant la stabilité financière, les banques centrales l’intègrent dans leurs critères à côté de l’emploi et de l’inflation. C’est le cas de la Chine depuis 2014 et du Royaume-Uni depuis 2015. Au début du mois de juillet dernier, la Banque Centrale Européenne a annoncé un plan d’action détaillé qui prend en compte le risque climat dans ses modèles macro-économiques d’analyse des risques. Compte tenu des besoins financiers, les investisseurs, c’est-à-dire en bout de chaîne les épargnants et les intermédiaires financiers, seront appelés à participer à ce défi environnemental.
Encourager les financements durables
Si durant la crise sanitaire, l’épargne détenue par les ménages comme les entreprises a pris la direction des comptes courants ou des livrets bancaires, sa transformation en partie au profit de la transition énergétique est un objectif majeur. Son atteinte suppose certainement une révision de certaines règles prudentielles qui s’appliquent au monde de l’assurance et des banques, règles qui pénalisent les actifs de long terme.
Les financements durables devraient être encouragés afin de faciliter la transition et éviter que celle-ci ne soit exclusivement assurée par les pouvoirs publics. Sa réussite suppose qu’elle soit réalisée en même temps par l’ensemble des acteurs économiques. Comme pour la crise sanitaire, la lutte contre le réchauffement climatique suppose une solidarité de toutes les parties prenantes tant à l’intérieur des pays qu’à l’échelle internationale.
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