Israël-Hamas : après les couacs, l’UE tente de parler d’une seule voix

Israël-Hamas : après les couacs, l’UE tente de parler d’une seule voix

Les dirigeants européens se réunissent en urgence mardi (17 octobre) par visioconférence pour s’efforcer d’envoyer un message cohérent à propos de la guerre entre Israël et le Hamas, après une semaine de cacophonie à Bruxelles.

Le sommet virtuel a été convoqué par le président du Conseil européen Charles Michel et aura lieu à 17 h 30 (15 h 30 GMT).

Dans les jours qui ont suivi l’attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël, la Commission européenne a d’abord créé la confusion sur l’aide aux Palestiniens, dont l’UE est le principal pourvoyeur.

Le commissaire européen à l’Élargissement et à la Politique européenne de voisinage, Olivér Várhelyi, avait fait cavalier seul en annoncant une suspension des versements de l’aide au développement de l’UE, suscitant un tollé dans certaines capitales. L’exécutif européen avait alors rectifié le tir, en indiquant qu’un « réexamen urgent » de l’aide au développement était en cours et que l’aide humanitaire n’était pas concernée.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait ensuite annoncé, samedi (14 octobre), un triplement de cette aide humanitaire à 75 millions d’euros.

« Nous avons ressenti le besoin de mettre de l’ordre », a expliqué un responsable européen au sujet du sommet virtuel de mardi.

Les conséquences pour les États membres de l’UE, dont les lignes de clivage publiques ont été mises en évidence par la polarisation sur le dossier, et les effets de l’afflux de migrants et de réfugiés des zones de conflit vers les pays voisins et l’Europe seront également abordées, ont indiqué des fonctionnaires de l’UE.

Il s’agit également de discuter de la perspective d’une guerre plus large au Moyen-Orient, ont-ils souligné.

En effet, les fonctionnaires et diplomates de l’UE craignent qu’Israël ne lance une invasion de Gaza, qui pourrait faire encore plus de victimes civiles et déboucher sur un conflit régional plus vaste si la milice du Hezbollah, soutenue par l’Iran et lourdement armée, lance une attaque contre Israël depuis le Liban.

Israël-Hamas
Il faut « essayer de remettre les choses sur des rails, pour que la conversation se focalise sur la situation, plutôt que sur la façon dont l'UE parle de la situation », estime un diplomate, tout en reconnaissant un épisode « problématique ». [OLIVIER HOSLET/EPA-EFE]

Épisode « problématique »

Devant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mme von der Leyen avait soutenu le droit d’Israël à se défendre, mais sans ajouter que cette réponse devait se faire conformément au droit humanitaire et international, comme relayé par le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères.

Par ailleurs, la plupart des États membres de l’UE ont été mécontents que Mme von der Leyen se permette de s’immiscer dans des questions de politique étrangère — qui relèvent de la compétence des capitales — sans consultation préalable.

« Les affaires étrangères relèvent de la compétence des États membres et du Conseil [européen] », a affirmé un responsable politique européen.

« Je ne comprends pas ce que la présidente de la Commission a à faire avec la politique étrangère de l’UE, dont elle n’a pas la charge », a fustigé samedi l’eurodéputée française Nathalie Loiseau.

Les diplomates et les fonctionnaires de l’UE s’accordent également, dans leur majorité, à dire que Mme von der Leyen a mis en péril les efforts déployés depuis un an par l’Union européenne pour jouer un rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient.

Le porte-parole de la Commission, Eric Mamer, a quant à lui défendu le droit d’Ursula von der Leyen à « voyager où elle veut »« Je ne me souviens pas que quelqu’un ait critiqué la présidente pour s’être rendue en Ukraine après le début de la guerre », a-t-il lancé.

La polémique a conduit à la convocation d’un sommet européen en urgence, par vidéoconférence.

Il faut « essayer de remettre les choses sur des rails, pour que la conversation se focalise sur la situation, plutôt que sur la façon dont l’UE parle de la situation », estime un diplomate, tout en reconnaissant un épisode « problématique ».

« L’heure n’est pas aux messages contradictoires. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un leadership moral décisif, centré sur la paix. À chaque minute qui passe, les civils paient un prix plus élevé », a alerté Vittorio Infante, de l’ONG Oxfam, qui a dû suspendre son travail à Gaza à la suite de l’ordre d’évacuation lancé par Israël.

Éviter l’escalade

Une déclaration commune a été adoptée dimanche (15 octobre) pour établir avant la réunion la position des Vingt-Sept, qui « insistent fermement sur le droit d’Israël de se défendre conformément au droit humanitaire et international face [aux] attaques violentes et aveugles » du Hamas.

Ils soulignent aussi l’importance de « fournir d’urgence une aide humanitaire » et se disent « prêts à continuer de soutenir les civils qui en ont le plus besoin à Gaza […] en veillant à ce que cette assistance ne fasse pas l’objet d’une utilisation abusive par des organisations terroristes ».

Aboutir à cette déclaration commune des États membres, qui ont des sensibilités différentes sur le conflit, n’a pas été chose aisée, reconnaît-on de source européenne.

La question d’un cessez-le-feu pourrait être abordée lors de cette réunion, qui sera aussi l’occasion de discuter des efforts diplomatiques et des moyens d’éviter une escalade régionale.

Les tensions et risques pour la sécurité des pays européens que peut engendrer cette guerre sont aussi un sujet de préoccupation des États membres, de même que ses possibles conséquences migratoires pour les pays de la région, mais aussi pour l’UE.

Plus de 1 400 personnes, en majorité des civils, sont mortes en Israël depuis le début de l’attaque meurtrière sans précédent lancée le 7 octobre sur le sol israélien par le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a en outre capturé 199 otages, selon Israël.

Les représailles d’Israël, qui bombarde depuis dix jours la bande de Gaza, ont tué au moins 2 750 personnes, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.

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