Industrie verte : une « révolution doctrinale »

Industrie verte : une « révolution doctrinale »

Pendant trop longtemps, « l’Europe n’a voulu parler qu’au consommateur », mettant en péril son tissu industriel « si cela permettait de faire baisser les prix » a lancé Emmanuel Macron jeudi (11 mai) dans un discours à l’Élysée. Une affirmation dont Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, s’est fait l’écho tout en remettant l’industrie verte au coeur du débat.

Selon M. Macron, l’UE s’est fourvoyée pendant de nombreuses années en se pensant « comme un marché ouvert » dans une course au prix le plus bas, au risque de créer des dépendances avec des pays tiers, notamment les États-Unis et la Chine.

Réindustrialisation décarbonée

Or, la réponse européenne des derniers mois face à l’Inflation Reduction Act (IRA), un paquet d’investissement américain massif pour soutenir l’industrie verte outre-Atlantique, est la preuve que l’Europe fait enfin une « politique de remise en cohérence », en faisant de la réindustrialisation décarbonée « la mère des batailles ».

« Nous n’avons pas vocation à devenir les consommateurs de l’industrie américaine », a martelé le président, qui ne veut pas non plus dépendre de la Chine.

« Plutôt que de vouloir se battre contre les Chinois, nous allons faire comme eux : défendre notre souveraineté nationale et produire ce dont nous avons besoin en Europe » et donc, réduire les dépendances.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime lors d’une conférence intitulée « Accélérer notre réindustrialisation » avec des représentants de l’industrie française au palais de l’Élysée à Paris, France, le 11 mai 2023. [EPA-EFE/YOAN VALAT / POOL]

Pour ce faire, le président appelle à une « pause réglementaire européenne » sur les contraintes environnementales, afin de donner plus de temps aux acteurs de l’industrie pour adapter leurs chaînes de production, alors que la Commission a présenté ces derniers mois des plans d’envergure, comme le Net Zero Industry Act et le Critical Raw Materials Act.

Le premier de ces textes vise à rendre l’industrie européenne plus autonome en renforçant sa chaîne de production au sein de l’UE. Le second propose qu’une partie des ressources en métaux critiques nécessaires à ces nouvelles industries proviennent de mines situées dans l’UE.

Fonds européen de souveraineté

M. Macron souhaite aussi permettre des investissements européens de taille grâce, notamment, à la création d’un Fonds de souveraineté, qu’il défend activement.

« Il faut accélérer sur les déploiements parce que sinon, le risque que nous courons, c’est d’être les mieux disant en termes de réglementation et les moins disant en termes de financement », a précisé le président.

Thierry Breton, invité à la conférence, a emboîté le pas au président, en faisant état d’une « véritable mutation au niveau de Bruxelles » sur l’enjeu de l’industrie verte.

Le changement de paradigme autour d’une réindustrialisation décarbonée « précède l’IRA », a-t-il précisé, coupant court à toute critique qui voudrait que l’UE n’ait que « réagi » au plan américain. 

Selon le commissaire, le plus difficile reste encore l’exécution des plans de décarbonation, afin de rester fidèle aux objectifs de zéro carbone d’ici à 2050.

L’acceptabilité de nouveaux projets industriels sur les territoires européens est donc cruciale : « un monde dans lequel l’industrie se trouve à 10 000 km de nous, c’est fini ! Proximité et appropriation des territoires sont essentielles », a-t-il tweeté.

Sur ces points, le gouvernement doit présenter un projet de loi dite « industrie verte » en début de semaine prochaine. L’accent devrait être mis, notamment, sur la formation de nouveaux métiers, l’investissement ciblé et la fluidification réglementaire. 

En outre, le président a confirmé que de nouvelles réductions d’impôts verraient le jour afin de « baisser le coût du travail et du capital ».

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