Gilet Jaunes : 6 mois et après ?

Les gilets jaunes sont de moins en moins nombreux à se mobiliser chaque samedi. Mais le mouvement se poursuit. Comment peut-il évoluer par la suite?

Samedi, les gilets jaunes seront dans la rue pour un 27e jour de manifestation. Le mouvement social fête ses six mois de mobilisation hebdomadaire, née sur les ronds-points pour appeler à davantage de justice sociale et de pouvoir d’achat.

Pourtant, le mouvement semble s’essouffler, réunissant de moins en moins de manifestants au fil des samedis. Le 17 novembre 2018, lors de l’acte fondateur, plus de 282.000 personnes avaient été recensées partout en France par le ministère de l’Intérieur. Samedi dernier, pour la 26e journée de mobilisation, ils n’étaient plus que 18.600 gilets jaunes.

Un manque d’organisation

Comment le mouvement peut-il évoluer? Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, les gilets jaunes faiblissent car ils « ont refusé de s’organiser » et pourraient donc disparaître. Pourtant, les racines de la grogne sont bien vivaces.

« Les fractures sociales, fiscales et territoriales n’ont pas été éteintes. Le feu est toujours là. Il lui faut des occasions de sortir. Cela peut être un nouveau texte de loi, une nouvelle réforme, comme celle des retraites à l’automne, un nouveau leader qui émerge sur les réseaux sociaux… »

Même son de cloche du côté d’Ingrid Levavasseur, figure des gilets jaunes. Interrogée au micro de BFMTV, elle appelle à une poursuite du mouvement.

« Il reste un fond de colère car des revendications des premiers jours doivent encore être entendues: plus de pouvoir d’achat, un salaire plus élevé… On peut continuer à être mobilisés, chacun à sa façon. Que ce soit dans la rue, pour ma part, ou ailleurs. »

Deux listes aux européennes

Mais le manque de structuration du mouvement ne joue pas en sa faveur. Certains manifestants ont pourtant essayé de prolonger politiquement le combat. Deux listes gilets jaunes ont ainsi été annoncées pour les européennes. La première, « Alliance jaune », est conduite par le chanteur Francis Lalanne. La deuxième, « Évolution citoyenne », est quant à elle menée par le manifestant Christophe Chalençon. Mais selon les derniers sondages, les deux listes sont respectivement créditées de 1,5% et de 0,5% d’intentions de vote.

Ingrid Levavasseur a quant à elle créé une association, « Racines Positives », « pour s’ancrer dans le monde politique » et assure que des « organisations citoyennes s’organisent ».

« Je peux également vous dire que j’ai été invitée par la députée Maria Stern en Autriche, qui fait partie d’un parti d’extrême-gauche, pour faire une alliance européenne pour lutter contre la précarité des familles monoparentales. On passe vraiment du national à l’international »

Le précédent Mai-68

Cette grogne sociale inédite peut-elle cependant avoir une postérité et des répercussions similaires à Mai-68? « On ne pourra le dire qu’après quelques années », indique, sur notre antenne, Florent Vandepitte, enseignant et auteur du Petit livre des gilets jaunes.

« Le mouvement de Mai-68 avait une forme très différente, était beaucoup plus concentré, avec des pics de mobilisation beaucoup plus massifs. A la mi-mai, 12 millions de personnes arrêtent par exemple de travailler. On n’a jamais eu ça avec le mouvement des gilets jaunes actuel. Par contre, sur le long terme, si on a une réponse politique forte, un changement des mœurs, là on peut avoir un impact social important », explique-t-il.

 

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