L’an passé, pas de défilé. Cette année, un petit tour. Dans la plupart des ambassades, rien. Le Covid dit-on. A Wembley, pour la finale de la Coupe d’Europe, 67.000 personnes. A Rome, l’excitation des supporteurs dans les rues. Peut-être sont-ce là des mauvais exemples, des imbéciles, des inconscients. Peut-être aussi que ces annulations répétés des 14 juillet sont elles le signe d’autre chose.
D’abord, le 14 juillet, c’est une fête. Cette fois, la légèreté n’était pas au rendez vous, quand il y avait un rendez vous. Ensuite, c’est un moment de fraternité, d’unité, qui rappelle la Fête de la fédération du 14 juillet 1790 sur le Champ de mars, qui associait le Roi, l’Assemblée, les Gardes nationaux, le Clergé, dans un grand et rare moment d’unité. Cette fois, la guerre civile entre pro-vaccins et anti-vaccins s’anime à coups de doctes tribunes. Enfin le 14 juillet est une fête nationale honorée largement dans le monde, parce que c’est la fête de la liberté. Et là, patatras : Passeport médical, fermeture des frontières, tests obligatoires, amendes, obligations vaccinales, c’est peu dire qu’entre la santé et la liberté, la liberté a été vite sacrifiée. La Douane défilant sur les Champs-Elysées, on est loin de la prise de la Bastille.
Ode aux armées ou nostalgie
Ce qui a marqué, dans cette cérémonie, c’était l’ode aux armées. Bien sûr, les armées sont populaires, surtout un 14 juillet. Mais avec le départ à la retraite des Chefs d’état-major des trois armes, on avait presque l’impression d’une séance nostalgie. Barkhane, c’est fini. 51 morts, après les 90 soldats tués en Afghanistan, où reviennent les Talibans, voilà un défilé dont l’arrière plan montre aussi l’échec des interventions militaires. Soit, les soldats de Takuba, la force d’intervention européenne au Sahel, composée de Français, Estoniens, Tchèques, Italiens, Suédois entre autres, ont défilé sur les Champs Elysées. Ce sont eux qui devraient suppléer la Force Barkhane. L’on sait déjà qu’ils n’y arriveront pas, que les Européens rechigne à constituer cette Europe de la défense qui serait la seule garantie de leur indépendance et de leur existence, tandis que les pays africains se délitent lentement, moins sous les coups du djihadisme que sous ceux des trafics de drogues, d’armes, d’hommes et de femmes. A coté, le Liban meurt. Nul ne songe à y intervenir.
« L’Europe de la défense n’a jamais autant avancé depuis les années 50” se félicite Emmanuel Macron. Et jamais elle n’a affiché tant de retard sur la marche du monde.
Il y a quatre ans, Emmanuel Macron accueillait triomphant un Donald Trump épaté par le défilé à la francaise. On dirait que c’était il y a un siècle. Ce n’est pas à cause du Covid. C’est qu’on a oublié que le défilé n’est qu’un point de la fête. Que l’armée n’est que le reflet d’une société, d’une économie, d’envies.
Une libération mondiale
Les Ambassades, sauf rare exception, pour la deuxième année, ne fêtent plus le 14 juillet, triste message au monde.
Et dire que la France préside depuis le 1er juillet le Conseil de Sécurité des Nations-Unies ! Voilà une occasion rêvée – et ratée – de faire du 14 juillet une fête de libération mondiale.
Partout, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, aux Etats-Unis, pour l’Europe évidemment, la France représente la liberté, l’audace, parfois l’arrogance. Du défilé militaire au bal populaire en passant par les discours, l’esprit du 14 juillet montre que tout est possible, que l’avenir est ouvert. La joie de vivre malgré le covid, les crises, les conflits, les assassinats, la maladie, la mort, voilà ce que devrait dire un 14 juillet universel. Mais pas de fête sans liberté. Après tout, c’est juste.
Mais il faut renverser les facteurs : pour vaincre la maladie, parier sur la vie.