Entre les Français et Londres, l’histoire d’amour continue ! 

Entre les Français et Londres, l’histoire d’amour continue ! 

Les rôles du Lord Mayor et du Maire de Londres sont souvent confondus. Ils sont complémentaires mais ont une mission complètement différente. Le site Lesfrançais.Press a rencontré Michael Raymond Mainelli, un scientifique, économiste et comptable britannique d’origine américaine, c’est le 695e lord-maire de la ville de Londres pour 2023-2024.

Michael Raymond Mainelli nous a reçus à la Mansion House, l’imposant siège du Lord-Maire de la Ville depuis 1758.  Bâtiment qu’il partage depuis le Grand Incendie de cette année-là avec le maire du cœur historique de la capitale britannique. 

Un Lord-maire pour quoi faire ?

Le premier maire de la ville a été élu en 1189. Il est, alors, nommé par les guildes et les corporations qui opèrent sur le territoire connu sous le nom de Square Mile. Depuis tout candidat à la fonction de Lord-maire doit être libre d’engagement vis-à-vis des « Douze Grandes Guildes » (Great Twelve City Livery Companies) que compte la Cité. Il doit avoir également occupé la charge de shérifs de Londres et être l’un des vingt-cinq échevins (aldermen) de la Cité au moment de son élection. Le Lord-maire est élu chaque année le 29 septembre, la fête de Saint-Michel d’automne (Michaelmas Day).

Mais le Lord-maire de la ville de Londres est à la tête de la City of London Corporation, l’organe directeur du Square Mile dédié à une ville dynamique et prospère, soutenant une Londres diversifiée et durable au sein d’un Royaume-Uni prospère à l’échelle mondiale.

Élu chaque année, le Lord-maire de la ville de Londres est aussi un ambassadeur international du secteur des services financiers et professionnels de l’ensemble des districts de la capitale britannique et même plus généralement du Royaume-Uni. 

Si son rôle est multiple, il est tout d’abord le maire de la City de Londres, le cœur historique. Il ne faut pas le confondre avec le maire de Londres (qui incarne l’autorité du Grand Londres) et qui est élu lui tous les 4 ans. 

La ville a environ 14 siècles et regroupe aujourd’hui 650,000 travailleurs et environ 8,000 habitants. Il génère environ 10 % du PIB britannique. En même temps, le maire représente les services financiers du Royaume-Uni à l’étranger, c’est donc un monde intéressant à vivre. Au sens strict du terme, en ce qui concerne le Brexit, nous nous en sortons très bien. L’emploi a augmenté d’environ 575,000 à 615,000 au cours des 8 dernières années.”

Michael Raymond Mainelli

Cap sur l’Europe

Cette année, le Lord-mayor s’est donné comme objectif de relancer les relations avec les amis du continent. Il désire réinstaller un rapport fort, chaleureux et amical avec l’Europe. 

Cette année, en plus de visiter l’Irlande en tant que troisième lord-maire irlandais, j’irai en Italie car je suis également italien. J’ai aussi une femme allemande et une grand-mère allemande et je parle allemand à la maison donc je voyage beaucoup vers l’Italie, l’Irlande, la Suisse, les Pays-Bas et aussi un petit peu en France. Ainsi comme vous le voyez les relations chaleureuses existent. Aussi tous les ambassadeurs de l’UE ont été chaleureusement accueillis lors de notre table ronde le mois dernier. “

Michael Raymond Mainelli

En ce qui concerne la collaboration étroite avec l’UE, je pense personnellement que nous devons toujours travailler en étroite collaboration avec l’UE et continuer à le faire. Jusqu’à présent, lors de mes voyages en Suisse et en Irlande, cela a été merveilleux. Le Brexit n’a pas eu d’impact sur nos relations. Cela a été bien mieux que prévu”, a ajouté Michael Mainelli. Notons que la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne ce que semble ignorer notre illustre invité. 

Michael Raymond Mainelli ©BBC

Les Français toujours fidèles !

Évidemment, nous nous sommes intéressés au cas des Francais. Selon le Lord-mayor, la population européenne, après avoir chuté lors des premières années du Brexit, a retrouvé le niveau d’avant 2020. Mais il faut dire que la capitale britannique met les petits plats dans les grands pour les attirer après ces années où les délocalisations des acteurs de la finance se sont multipliées. Selon le consulat, il serait près de 150 000 inscrits sur le registre consulaire pour une population française estimée à 300 000. 

Nous nous focalisons sur les travailleurs. La City de Londres compte 8,000 habitants et ce nombre est assez stable. En termes de travailleurs, comme je l’ai dit plus tôt, nous sommes passés de 525,000 à 615,000 depuis le Brexit. Cela ne cesse d’augmenter. La dernière fois nous avons réalisé cette enquête en décembre 2023. Nous sommes en hausse de manière très constante. En termes d’habitants, c’est très stable. À l’écouter, les délocalisations à New York, Paris, Dublin, Amsterdam ou Francfort, qui pouvaient valablement concurrencer Londres, ont été limitées, de l’ordre de 25 000 emplois. »

Michael Raymond Mainelli

Pour rappel, la City était foncièrement hostile au divorce avec l’UE. Le centre financier était au cœur de la plus importante zone commerciale du monde et la relation avec les partenaires de l’Europe a été totalement changée du jour au lendemain. 

Technologie et sciences 

Aujourd’hui, Monsieur Mainelli prend les rênes de la City alors que les édiles de Londres et les hauts responsables financiers cherchent à réparer la réputation meurtrie de la City après des années de troubles politiques.

Il prévoit de tirer parti de l’expertise de Londres en matière de science, d’ingénierie et de technologie pour stimuler les affaires dans le Square Mile. De cette manière, ses projets s’alignent étroitement sur ceux du gouvernement du Premier ministre Rishi Sunak, qui vise à faire de la Grande-Bretagne une superpuissance scientifique et technologique mondiale d’ici 2030.

Le Lord-maire ne se fait aucune illusion quant aux défis auxquels le Royaume-Uni est confronté. En sus, le changement de politique quand à l’immigration combinée au Brexit entraînent de nouvelles difficultés pour les travailleurs. Ainsi il peut être difficile pour les “arrivants” d’obtenir un visa ou d’ouvrir un compte bancaire. Une situation qui n’évolue pas dans le bon sens selon Monsieur Mainelli qui craint que le gouvernement ne renforce les règles limitant l’arrivée des immigrants au Royaume-Uni. « Le plus grand risque pour moi, c’est si nous commençons à fermer nos frontières d’une manière ou d’une autre« , a-t-il déclaré. 

« Si nous commençons à faire cela, notre réputation se détériorera et les gens commenceront à avoir le sentiment qu’ils ne sont pas les bienvenus. »

Michael Raymond Mainelli

Mais post-Brexit, vendre la position des services financiers du Royaume-Uni aux quatre coins du monde n’est pas un travail qui exige beaucoup d’efforts et qui s’inscrit dans la durée.

 « Nous avons bien surmonté le choc initial. Malgré l’existence de frictions avec la Commission européenne, l’impact réel a été négligeable ».

Michael Raymond Mainelli

Pour l’aider, il peut compter sur la communauté française qui, malgré le Brexit et les tensions géopolitiques, n’a jamais fait défaut aux Londonniens. 

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