Depuis le début de l’épidémie, l’économie française fait preuve d’une réelle résilience. Entre fin 2019 et le milieu de l’année 2022, la France compte 1,2 million d’emplois en plus. En un an, un million d’entreprises ont été créées. Les salariés osent changer d’emploi à la recherche de meilleures rémunérations et de conditions de travail. Les 520 000 démissions du premier trimestre ne sont pas l’expression d’un rejet du travail mais au contraire la preuve d’une confiance retrouvée dans l’avenir.
Le taux de chômage à un niveau inconnu depuis une quinzaine d’années
Le taux de chômage qui a évolué longtemps autour de 10 % est revenu au milieu de cette année à 7,2 %, un niveau inconnu depuis une quinzaine d’années. La France n’a certes pas renoué avec le plein en emploi qui est de mise en Allemagne, en République tchèque ou aux Pays-Bas, mais elle rejoint progressivement la moyenne européenne. Cette évolution s’explique par des facteurs démographiques, en clair une moindre progression de la population active en lien avec des départs importants à la retraite, environ 800 000 par an. Elle s’explique également par des facteurs économiques.
Avec retard, l’économie française est entrée dans l’ère du digital et commence à en récolter les fruits. Les start-up et les gazelles se multiplient avec à la clef la création de nombreux emplois. L’épidémie a conduit des jeunes et des moins jeunes à monter leur entreprise afin de répondre aux besoins et attentes des ménages ou des entreprises. Le e-commerce qui était à la traîne en France a connu une belle croissance, sa part dans le commerce de détail passant de 10 à 14 % de 2019 à 2021.
Accusé de supprimer des emplois, le progrès technique retrouve quelques lustres
Les besoins en emplois dans de nombreux secteurs comme ceux de la santé, l’éducation, les services à la personne, l’information et de la communication sont importants, plus de 500 000 d’ici 2030. Les pénuries de main d’œuvre sont amenées à perdurer. Pour y pallier, les entreprises devront innover et investir. Connoté négativement, depuis des années, en étant accusé de supprimer des emplois, le progrès technique pourrait retrouver quelques lustres. Les entreprises pourront ainsi proposer des emplois plus valorisants et mieux rémunérés. Avec la montée en gamme des activités, les conditions de travail devraient s’améliorer. Cela est nécessaire car les salariés sont de plus en plus enclins à rejeter les emplois pénibles et à horaires décalés.
Cet été, plus de 300 000 postes seraient restés vacants
Le souhait de concilier vie professionnelle et vie personnelle devient de plus en plus important au sein de toutes les catégories de la population active. Cela n’est pas sans incidence sur le fonctionnement de la société. Les médecins qui ne font plus de gardes depuis près de vingt ans, sont tentés par le mode de vie salariée avec des horaires encadrés. La dureté du travail et les faibles rémunérations dissuadent les jeunes de s’engager dans les professions de santé ou de services à la personne. Ils délaissent ainsi les emplois de service dans la restauration et dans l’hébergement. Cet été, plus de 300 000 postes seraient restés vacants. Moins de jeunes sont également tentés par le travail de chauffeur de véhicules. Plus de la moitié des entreprises du bâtiment ne trouvent pas les salariés dont elles ont besoin. Ceux-ci privilégient l’alternance et l’apprentissage qui leur permettent de combiner formation et rémunération.
Le recours à l’immigration pour de nombreux secteurs d’activité
De nombreux pays européens sont confrontés aux mêmes problèmes de recrutement depuis plus longtemps et avec plus d’acuité que la France. Face à ces problèmes, au-delà des éventuels gains de productivité, le recours à l’immigration est certainement incontournable pour de nombreux secteurs d’activité. L’Allemagne ou l’Espagne ont décidé de faciliter l’arrivée de travailleurs étrangers. Plusieurs pays d’Europe de l’Est, confrontés à un fort déclin démographique, étudient également la révision de leur législation sur le sujet. En France, le sujet reste passionnel. Pour autant, sans un apport extérieur, un grand nombre d’entreprises françaises seraient dans l’incapacité de produire ou de fournir leurs services. Les salariés d’origine étrangère, contrairement à quelques idées reçues, contribuent à la croissance en créant de la richesse, sachant qu’ils cotisent et paient des impôts.
Pour renouer avec une expansion, seule moyen de garantir le pouvoir d’achat et un haut niveau de protection sociale, la France n’aura donc pas d’autres solutions que de jouer sur la combinaison traditionnelle mais toujours valable, constituée du capital, du travail et du progrès technique.
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