Emmanuel Macron n’exclut pas l’envoi de troupes en Ukraine

Emmanuel Macron n’exclut pas l’envoi de troupes en Ukraine

27 chefs d’État et de gouvernement réunis à Paris lundi (26 février) pour une conférence de soutien à l’Ukraine se sont dits prêts à acheter des munitions produites dans des pays tiers. Emmanuel Macron a précisé que l’envoi de troupes en Ukraine ne pouvait être exclu.

La conférence, organisée à l’Élysée, avait comme objectif de mettre en exergue « l’unité » des États engagés dans la défense de l’Ukraine, tout en se mettant d’accord pour « faire ensemble encore davantage et plus vite », a martelé M. Macron.

« La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre », représentant une menace tant pour l’Ukraine que pour la « sécurité collective » de l’Occident, a-t-il affirmé.

Interrogé sur la possibilité d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien, M. Macron a confirmé que le sujet avait été abordé lors d’un dîner de travail avec ses homologues.

« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumer et endosser des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu ».

Il n’a donné aucune précision quant aux pays qui seraient prêts à envisager une telle démarche, souhaitant garder une certaine « ambiguïté stratégique ».

Les 27 chefs d’États, de gouvernements et de représentants ministériels présents se sont également mis d’accord pour acheter ensemble des munitions produites par des pays tiers, à l’instar des États-Unis ou de la Corée du Sud. Cela fait suite au plan du Premier ministre tchèque Petr Fiala présenté la semaine dernière.

Les capacités de production européenne de munitions sont aujourd’hui à flux tendu, à tel point que l’Europe ne peut pas répondre seule aux besoins ukrainiens immédiats en matériel militaire.

« De nombreux pays européens tentent d’augmenter leurs capacités de production, mais cela prend du temps. D’ici 2025, la production en Europe et en Ukraine pourra être suffisante, mais d’ici là, nous devons trouver une autre solution », a déclaré M. Fiala aux journalistes lundi.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, alerte depuis des mois sur le manque de munitions dont souffre son armée.

C’est la « priorité des priorités », a ajouté M. Macron. Un plan d’action doit être mis sur pied dans les dix prochains jours.

Une telle décision marque un changement soudain dans la position de la France, qui refusait depuis des semaines de faire usage d’argent européen pour acheter des munitions à des pays tiers. Paris avait même demandé la mise en œuvre d’une clause « Buy European » — qui semble avoir été, pour cette fois-ci du moins, mise de côté.

Ukraine
« Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumer et endosser des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu », a affirmé Emmanuel Macron lundi (26 février). [GONZALO FUENTES/EPA_EFE]

Engagement imprudent

La conférence intervient alors que le risque russe semble aller bien au-delà du seul enjeu ukrainien, et pourrait mettre à mal la sécurité internationale.

« Tous les pays représentés autour de cette table [à la conférence] ont pu dire à travers la voix de leurs dirigeants ou de leurs ministres […] que d’ici à quelques années, il fallait s’apprêter à ce que la Russie [les] attaque », a souligné le président français.

En conséquence, les dirigeants se sont engagés à renforcer cinq « catégories d’action » : la défense cyber, la coproduction d’armes et de munitions en Ukraine, la défense des pays confrontés à une menace russe directe, en premier lieu desquels la Moldavie, le soutien à l’Ukraine sur sa frontière biélorusse avec des forces non militaires, et les opérations de déminage.

Une nouvelle coalition d’États — un groupe de pays volontaires, qui rappelle la coalition pour l’artillerie, menée par la France — doit aussi être créée. Cette nouvelle coalition aura pour objectif de délivrer à l’Ukraine des armes permettant des frappes en profondeur, soit des missiles et bombes de moyenne et longue portée.

En outre, M. Macron a réitéré son soutien à la proposition formulée en décembre par la Première ministre estonienne Kaja Kallas d’un nouvel emprunt européen commun pour la défense de l’Ukraine, qualifiant l’agression russe de « choc géopolitique […] qui justifie des mesures d’exception ».

Ces annonces arrivent alors que la promesse de l’UE de produire un million de munitions d’ici le printemps 2024 n’a pas abouti : seule la moitié pourra être fournie à l’Ukraine d’ici mai. Plus tôt lundi, M. Zelensky estimait que l’Ukraine n’avait reçu que 30 % des munitions d’artillerie promises par les Européens.

Cette promesse d’un million de munitions était « sans doute un engagement imprudent », a déclaré Emmanuel Macron.

Les pays européens ont adopté début février un programme d’aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros sur quatre ans. Des accords bilatéraux de sécurité ont aussi été signés avec des États membres, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, le Danemark et l’Italie.

En parallèle, un programme d’aide de 95 milliards de dollars (88 milliards d’euros) pour l’Ukraine, Taïwan et Israël est toujours bloqué au Congrès américain, tandis que l’ombre du candidat républicain Donald Trump plane sur la sécurité en Europe. Début février, il avait menacé de se retirer de l’OTAN s’il était réélu en novembre.

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