Elections italiennes : "les Français sur le qui-vive"

Elections italiennes : "les Français sur le qui-vive"

Avec Stereochic, on reçoit Gaëlle Barré, présidente du conseil consulaire d’Italie du sud et résidente à Rome depuis 25 ans (elle est aussi une des personnalités à l’origine du baromètre des Français de l’étranger). Ensemble, on revient sur les élections italiennes de ce dimanche 25 septembre qui a vu une vague post-fasciste déferler sur l’Italie. Un vote qui interpelle les Français et plus généralement tous les Européens.

Une admiratrice de Mussolini

« Fratelli d’Italia », mené par Giorgia Meloni, est arrivé en tête des élections législatives italiennes avec près de 44% des voix, dont 25% pour le seul parti de la nouvelle madone italienne. Et pourtant cette dernière s’inscrit dans la mouvance néo-fasciste, alors que la politicienne assure avoir adouci ses positions. Mais à l’âge de 19 ans, Giorgia Meloni n’hésitait pas à dire son admiration pour Mussolini.

La coalition (droite et extrême droite) dont elle devrait prendre la tête est donnée en tête avec environ 43 % des voix puisque La Ligue (mouvement d’extrême droite mené par Matteo Salvini) est créditée de 8 à 12 % tandis que Forza Italia (partie de Silvio Berlusconi) pourrait obtenir de 6 à 8 %. Si ces résultats se confirmaient, FdI et la Ligue remporteraient ensemble « le pourcentage le plus élevé de votes jamais enregistré par des partis d’extrême droite dans l’histoire de l’Europe occidentale de 1945 à aujourd’hui », a relevé le Centre italien d’Etudes électorales (CISE).

Pour l’élue consulaire, Gaëlle Barré, Meloni est plus une souverainiste qu’une populiste. Comme Marine Le Pen, elle est pour des Etats forts au sein de l’Union européenne mais aussi une grande conservatrice qui s’oppose au droit des homosexuels ou à l’avortement.

« Elle n’est pas populiste, c’est une véritable souverainiste. (..) Elle est dangereuse car elle fera tout pour mener son projet à terme »

Gaelle Barré, Présidente du Conseil consulaire de Rome
De droite à gauche Matteo Salvini, Silvio Berlusconi, Giorgia Meloni, le 22 septembre 2022 (AP Photo/Gregorio Borgia)

Une ombre sur le projet européen

Après une poussée du Rassemblement national en France, une bascule en Suède, les cas de la Pologne et en Hongrie, l’Italie rejoint le club, comme les deux derniers pays cités, des pays dirigés par des souverainistes.

Une situation qui inquiète à Bruxelles, à Paris, mais aussi à Rome, Gaëlle Barré, dans le podcast, revient sur les difficultés que rencontre l’Union européenne pour expliquer, transmettre, le projet européen aux peuples.

Pour les expatriés, l’Union européenne a pourtant été un vent de liberté, instaurant un ensemble de droits communs aux citoyens du continent, et en premier lieu la liberté de circuler et de s’installer dans tous les Etats membres de l’espace Schengen. Une inquiétude que partage Gaëlle Barré, tout en la nuançant comme elle l’explique dans le podcast disponible en fin d’article, elle revient ainsi sur l’Europe solidaire.

« J’ai envie de rester positive, depuis la crise de la Covid, l’Italie est bénéficiaire d’un fond européen très consistant. Giorgia Meloni ne remettra pas en cause les bases, l’Italie a besoin de ces fonds »

Gaelle Barré, Présidente du Conseil consulaire de Rome

« Les Français sur le qui-vive « 

Enfin, on conclut sur le sentiment que partagent nos compatriotes installés, sur place : l’inquiétude. Alors que le projet européen est clairement attaqué par l’adhésion de 25% du corps électoral italien au parti de Giorgia Meloni, il est naturel que les communautés étrangères installées dans le pays se sentent visées. Et cet état d’esprit est bien celui des Français d’Italie qui sont donc en attente des premières décisions du nouveau gouvernement en gestation ; comme le dit la présidente du conseil consulaire, nos compatriotes sont sur le qui-vive.

Gaëlle Barré

Cependant, comme le rappelle Gaëlle Barré, la dépendance de l’Italie aux financements européens est trop importante pour que le cadre de l’Union soit remis en cause. En sus, comme nous le signale l’élue des Français de Rome, les liens entre la France et l’Italie sont nombreux, déjà les 50 000 Français installés dans le pays (même si le nombre exact est difficile à déterminer), mais aussi les volumes d’échanges entre nos deux pays et les investissements respectifs de chaque côté de la frontière.

La victoire de Giorgia Meloni est un signal fort envoyé à tous, mais pour Gaëlle Barré, la situation de l’Italie ne lui permet pas de se passer de l’UE et la nouvelle femme forte du pays va devoir l’expliquer à ses compatriotes. C’est en tout cas le souhait de l’élue consulaire, et à ne pas en douter, de nos compatriotes sur place.

Ecoutez le podcast avec Gaëlle Barré

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