La première surprise fut la participation, sous réserve des chiffres définitifs, importante des Français de l’Etranger.
Que ce soit à Bruxelles, New-York, Berlin ou Hong Kong, les files d’attentes furent longues, en Chine (à Pékin moins de 700 électeurs se sont déplacés) comme en Inde, la participation fut faible. La proximité avec l’environnement occidental semble avoir été facteur d’information et de mobilisation pour cette élection. Une mobilisation de 37% a été enregistrée à Faro, région du Portugal, tandis que Lisbonne s’aligne sur la moyenne des capitales d’Europe du Sud avec un taux de 25%.
Au final, au niveau national, Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen est arrivé en tête dimanche des élections européennes en France, devançant légèrement la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, qui échoue dans son objectif de remporter le scrutin, selon les premières estimations, avec une troisième place surprise pour les écologistes.
La première surprise de ce scrutin, le premier depuis le début du quinquennat, a été la participation nettement plus forte qu’attendu malgré une campagne atone. Le nombre d’électeurs s’élèverait selon les instituts de sondage entre 51% et 54%, soit sept à dix points de plus que lors du dernier scrutin de 2014.
Selon les différentes estimations à 20H00, le mouvement d’extrême droite et sa tête de liste Jordan Bardella obtiendraient entre 23 et 24,2% des suffrages, proche de son score des européennes de 2014 (24,9%).
La liste Renaissance pro-Macron menée par l’ex-ministre Nathalie Loiseau est elle créditée de 21,9% à 23%, légèrement en deçà du résultat d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (24,01%).
Surprise écolo
Ce duo de tête, le même qu’en 2017, devance nettement les autres listes.
Mais les écologistes d’Europe Ecologie-Les Verts sont la principale surprise du scrutin, en arrivant troisièmes selon les instituts, entre 12 et 12,7%.
Autre surprise de taille: les Républicains emmenés par François-Xavier Bellamy obtiennent leur pire score de l’histoire de la droite, tombant sous la barre des 10% (8% à 9%), très loin du score de l’UMP en 2014 (20,81%).
L’échec est cinglant également pour la liste de la France Insoumise (LFI) emmenée par Manon Aubry, qui navigue selon les estimations entre 6 et 7%, très loin du score réalisé par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle (19,58%).
Quant à l’alliance Parti-Socialiste-Place Publique menée par Raphaël Glucksmann, elle recueille également entre 6 et 7%, là aussi son plus mauvais score à des européennes, mais qui lui permet néanmoins de garder des eurodéputés.
Les autres listes ont obtenu moins des 5% nécessaires pour envoyer des représentants au Parlement européen. Un nombre record de 34 listes, dont deux listes issues des « gilets jaunes », concouraient à cette élection qui renouait avec une circonscription nationale unique.
Revers pour Macron?
Après six mois de crise des « gilets jaunes », la deuxième place de la liste Renaissance (LREM-Modem-Agir…) constitue un nouveau revers pour l’exécutif d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre Edouard Philippe, qui s’étaient tous deux activement impliqués dans la campagne. Même si la majorité semble limiter les dégâts au vu des premières estimations.
Le chef de l’Etat avait affirmé le 9 mai qu’il allait « mettre toute (son) énergie pour que le RN ne soit pas en tête ». Le Premier ministre a pour sa part écumé une dizaine de meetings depuis début mai.
Depuis les premières élections européennes de 1979, la liste soutenue par le chef de l’Etat ne l’a emporté qu’à deux reprises (1979 sous Giscard D’Estaing et 2009 sous Nicolas Sarkozy). Sinon, elle a systématiquement été battue.
La liste Renaissance évite toutefois les récentes déroutes de partis au pouvoir, comme le PS de 2014 (14%).
Chez les Français de l’étranger le désenchantement ne s’est pas (encore?) produit, de manière générale, nos compatriotes exilés ont reconduit leur confiance à la majorité présidentielle, comme en Belgique où la liste Renaissance est arrivée en tête selon les premières corrections.
Jordan Bardella, ovationné à la tribune, attaque directement Emmanuel Macron en saluant « une sanction claire et une leçon d’humilité au président de la République » : « ce soir c’est lui et sa politique qui sont rejetés. » pic.twitter.com/07K1Rd1Isx
— Lucie Soullier (@LucieSoullier) May 26, 2019
Marine Le Pen avait fait de ce scrutin un référendum anti-Macron. « Du vote de dimanche dépend tout le reste du quinquennat », a-t-elle lancé vendredi lors du dernier meeting, en lançant un appel large aux électeurs de droite, LR et DLF, et de la France insoumise pour les inciter à voter « utile » contre le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron est rentré en fin d’après-midi à l’Elysée après avoir voté à la mairie du Touquet à la mi-journée. Marine Le Pen a voté dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
Effondrement des LR
Le mouvement de Droite qui fut longtemps majoritaire en France et à l’étranger se retrouve plombé par 2017 et son virage catho-traditionnel après l’arrivée du courant Sens Commun. Et c’est, donc, l’amertume qui préside donc à la soirée. Un élu historique des Français de l’Etranger, George Françis Seingry (LR – Vice Président de l’AFE – élu consulaire Belgique) a réagi ce soir : « je veux dire toute ma tristesse et ma déception des résultats de la liste LR. FX Bellamy a fait une remarquable campagne, défendant sans tabou les valeurs de la droite républicaine, avec un discours sans compromis ni renoncements. Ce résultat témoigne que la droite républicaine ne s’est pas remise de 2017 et qu’un long chemin plein d’humilité nous attend pour la refondation de notre formation politique, refondation à laquelle il faut s’atteler dès ce soir. »
Abstention en recul
La participation, au-delà des 50%, s’annonce comme la plus forte pour un scrutin européen depuis un quart de siècle (52,7% en 1994), voire depuis 35 ans (56,7%) en 1984, rompant avec l’érosion du vote lors des récents scrutins européens.
A 17H00, la participation s’élevait à 43,29%, en hausse de huit points par rapport à 2014 (35,07%), selon le ministère de l’Intérieur.
Ce taux est déjà supérieur à la participation finale d’il y a cinq ans, qui s’élevait à 42,4% pour la France entière.
Près de 47 millions d’électeurs étaient appelés à désigner les 79 eurodéputés français, soit cinq de plus qu’en 2014, après la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne. Les cinq derniers élus devront toutefois attendre que le Brexit soit effectif pour siéger.
Droite et gauche se partagent le pouvoir de manière quasi ininterrompue depuis 1979 au Parlement de Strasbourg.
Partout dans l’Union européenne, les résultats officiels ne seront publiés qu’à 23H00, heure de clôture du scrutin en Italie.
Le Résultat en sièges – (projection)
Jordan Bardella Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen 24% entre 22 et 26 sièges
Nathalie Loiseau Renaissance soutenue par la République en marche, le Modem et ses partenaires 22.5% entre 20 et 24 sièges
Yannick Jadot Europe Écologie 12.5% entre 11 et 14 sièges
François-Xavier Bellamy Union de la droite et du centre 8.5% entre 7 et 10 sièges
Manon Aubry La France insoumise 6.5% entre 5 et 8 sièges
Raphaël Glucksmann Envie d’Europe écologique et sociale 6.5% entre 5 et 8 sièges
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