Suite à l’interview du nouveau ministre des Français de l’étranger, Olivier Becht, les groupes politiques ont réagi sur l’antenne de StereoChic, dans un débat organisé avec la rédaction Lesfrancais.press.
Au micro de StereoChic et de Lesfrancais.press sont invités Mélanie Vogel, sénatrice des Français de l’étranger depuis 2021 sous les couleurs d’Europe écologie – Les Verts ; Frédéric Petit, député des Français de la VIIe circonscription à l’étranger pour la majorité présidentielle depuis 2017 ; Ronan Le Gleut, sénateur Les Républicains depuis 2017 qui avait ses bases en Allemagne, et Max Begon, responsable des Français de l’étranger pour le Rassemblement national. Tous réagissent aux réponses apportées par Olivier Becht, le nouveau ministre des Français de l’étranger, lors de son interview pour Lesfrancais.press.
La relation entre les Français de l’étranger et les consulats
La relation entre les Français de l’étranger et les consulats est particulière, surtout depuis la pandémie. Effectivement, affaiblis par un manque de moyens et de personnels, ils ont du mal à répondre aux attentes des citoyens. Un point accru par la lente digitalisation du système administratif, qui soulève la question de la faisabilité de cet objectif.
Aux yeux de Mélanie Vogel, la priorité pour les Français de l’étranger est avant tout d’avoir un service compétent pour répondre à leurs demandes, comme avoir un rendez-vous rapide afin de renouveler leurs papiers d’identité, et non de digitaliser à tout prix le système. Cependant, elle se dit favorable à cette numérisation, avant de rappeler qu’elle nécessite une main d’oeuvre importante.
Pour l’année à venir, le ministère a d’ailleurs prévu de procéder à un recrutement important de personnel afin de renforcer les consulats. Frédéric Petit, appuie à ce propos qu’il s’agit de la deuxième année consécutive que le gouvernement renfloue les rangs des administrations à l’étranger. Par ailleurs, il ajoute que le problème réside au niveau organisationnel. A ses yeux, il ne manque pas forcément d’employés mais « il n’y a pas de réflexion sur à quoi ces métiers doivent servir, comment faisons-nous venir dans ces métiers les gens qui savent le faire ».
Une position contredite par Max Begon du RN, installé au Royaume-Uni, une région du monde où les problèmes avec les consulats se font largement ressentir. De son point de vue, « les choses reculent » et il donne pour exemple la disparition de certains postes à travers le monde depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Selon lui, « la France se désengage à l’étranger ».
Un nouveau mode de calcul pour les bourses scolaires, sparadrap ou vraie réponse ?
En février dernier est paru le nouveau texte de loi sur la gouvernance de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) et la promotion des Instituts régionaux de formation. Dans ce texte, est notamment évoqué l’accès pour tous à la scolarité via les bourses scolaires. De plus, dans son message aux Français de l’étranger, Oliver Becht évoque un nouveau système de calcul afin de moderniser lesdites bourses scolaires.
Pour Ronan Le Gleut, il réside plusieurs problèmes vis-à-vis des bourses scolaires. Le premier concerne le budget leur étant octroyé et qui ne change pas, alors que l’objectif CAP 2030 visant à doubler les effectifs d’élèves dans le réseau est toujours de mise. Un point sur lequel il est rejoint par Mélanie Vogel et Max Begon.
Mais « plus fondamentale encore », le sénateur LR évoque la grille des critères afin de percevoir les bourses. D’après lui, sont exclues de l’aide financière des familles aux revenus moyens à cause de leur résidence principale.
« Je pense que nous avons un problème de mixité sociale dans le réseau » appuie de son côté la sénatrice NUPES. Selon elle, la mission de service public illustrée par les établissements scolaires à l’étranger ne pourra se réaliser pleinement seulement si tous les élèves ne peuvent y avoir accès.
Frédéric Petit défend la politique du gouvernement en disant que « l’objectif du réseau est qu’il travaille sur les classes moyennes des pays », qu’il s’agit « d’un objectif diplomatique ». Il remémore aussi le fait que les bourses scolaires sont proportionnelles au nombre d’enfants français dans le réseau. Or, si le réseau AEFE ne cesse de s’étendre, la part du nombre d’élèves français ne croît pas particulièrement. Effectivement, aujourd’hui ⅓ des élèves français à l’étranger sont scolarisés dans une école française.
Conseil consulaire, que faire de cette instance ?
Le Conseil consulaire a du mal trouver sa place dans le paysage politique français à l’étranger. Les conseillers consulaires n’ayant pas de pouvoir décisionnaire, ils sont souvent exclus des discussions avec les consulats ou tout simplement inconnus des Français.
Cependant, d’après Ronan Le Gleut, « le Conseil consulaire joue un rôle absolument fondamental [car] c’est l’échelon de proximité ». Il estime donc qu’il faut le renforcer et accorder davantage de pouvoir à ses membres et propose un système de co-gestion entre l’administration et les élus.
Pour Mélanie Vogel, la difficulté réside dans le fait que les conseillers consulaires sont souvent perçus comme des suppléants des administrations consulaires alors qu’ils n’ont pas beaucoup de marge de manoeuvre ni de moyens. Et ce, bien qu’ils aient été élus démocratiquement par les Français de leur région. Elle rejoint donc le sénateur LR sur la nécessité de leur donner davantage de moyens et de prérogatives.
Le député de la majorité présidentielle alerte sur la dangerosité de répondre à la demande de co-gestion. Selon lui, dans un système démocratique, l’exécutif et l’élu ne peuvent être confondus et avoir les mêmes missions. Si les personnels de l’exécutif sont des professionnels formés à remplir certaines demandes comme l’octroi de visas, l’élu, lui, est un représentant du peuple.
Les différents sujets non évoqués
Au cours de l’interview politique avec Olivier Becht, de nombreux sujets n’ont pu être évoqués, à l’instar du Pass culture ou de la réforme sur la résidence de repli fiscal. Ce débat politique est donc l’occasion de pouvoir les aborder.