Les délégations de quelque 200 Etats sont tombées d’accord samedi en fin de journée sur un texte censé garder intact l’accord de Paris et limiter les émissions de gaz à effet de serre. Mais peu de pays partagent l’enthousiasme du gouvernement britannique hôte de cette 26ème réunion pour sauver la planète !
Beaucoup de bla-bla ?
Un sommet avec plus de 120 chefs d’Etat, des annonces en tout genre sur les forêts ou le méthane et deux semaines de négociations menées jour et nuit, Londres espérait conclure samedi la COP26 en «gardant en vie» l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. C’est chose faite : alors que le monde se trouve toujours, selon l’ONU, sur la trajectoire «catastrophique» d’un réchauffement de +2,7 °C, le nouveau projet de déclaration finale sur le climat, affiné lors d’une nouvelle séance plénière ce samedi après-midi, a été approuvé par les délégations de quelque 200 pays, réunis lors de la conférence sur le climat à Glasgow.
Ce texte, qui devrait passer à la postérité comme le «Pacte climatique de Glasgow» est «imparfait» mais il y a un «consensus», a salué Alok Sharma, le président de la COP26 après les prises de parole de nombreuses délégations sur la troisième, et donc dernière, version de la déclaration finale. Il a ajourné les négociations avant la session finale qui devrait sceller officiellement cet accord multilatéral, cinq ans après celui de Paris.
Le moins pire résultat possible ?
En fin de journée, certains délégués à la tribune ont commenté le moment «historique» selon le mot d’Alok Sharma que la planète était en train de vivre. Le Guatemala a parlé d’un «verre à moitié plein» quand la Nouvelle-Zélande évoquait «le moins pire résultat» possible après quinze jours d’intenses tractations en Ecosse. «Cet accord n’apporte aucun espoir dans nos cœurs», a regretté le représentant des Maldives, dont la survie est menacée par la montée des eaux.
La présidence britannique de la COP26 a défendu son projet tout au long de cette journée de prolongation, qui selon elle est «un ensemble équilibré [qui] fait réellement avancer les choses pour tout le monde», avec «des pas concrets pour la suite et des étapes très claires pour nous mettre sur les rails conduisant aux objectifs de l’Accord de Paris». Ce dernier vise à limiter le réchauffement de la planète «bien en deçà» de 2 °C et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Pas de soutien pour les plus pauvres
Reste que l’ultime mouture n’a pas débouché sur les avancées espérées. De version en version, la portée du texte a même été vidée de sa substance. Il n’apporte pas de progrès sur le dossier au cœur des tensions de ces derniers jours de négociations : l’enveloppe financière pour aider les pays les plus pauvres, les moins responsables du changement climatique mais en première ligne face à ses impacts. Les pays en développement avaient notamment demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des «pertes et préjudices», c’est-à-dire les dommages déjà causés par les impacts ravageurs des tempêtes, sécheresses et canicules qui se multiplient. Selon plusieurs observateurs et sources proches des négociations, les pays riches, et notamment les Etats-Unis et l’UE, ont fait barrage à cette proposition.
Les différents groupes de pays en développement avaient indiqué un peu plus tôt qu’ils ne bloqueraient pas l’adoption d’une déclaration finale en raison des désaccords sur la question. «Dans un esprit de compromis nous pourrons vivre avec les paragraphes» évoquant cette question, a indiqué le représentant guinéen Amadou Sebory Touré, chef du groupe de négociation G77 + Chine (plus de 100 pays en développement et émergents). «Nous comprenons [que cette formulation] ne reflète ni ne préjuge la solution que nous souhaitons sur le financement des pertes et préjudices pour les plus vulnérables.» D’autres groupes de pays vulnérables ont parlé dans ce même sens.
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