Ce qui vous attend en 2024 dans le monde 

Ce qui vous attend en 2024 dans le monde 

Les Français de l’étranger sont plus, c’est une évidence, sensibles aux évènements internationaux. On fait donc le point pour les expatriés sur ce qui change en 2024 dans le monde. 

Année électorale historique

2024 sera une année électorale ou ne sera pas. Au cours des 12 prochains mois, sur tous les continents, deux milliards de personnes dans 50 pays seront invitées à se rendre aux urnes. Soit plus qu’au cours de toute autre année de l’histoire. Des élections dans un contexte international pour le moins troublé.

Le monde en 2024
Volodymyr Zelensky, lors de sa prise de fonction en 2019 ©Mykhaylo Markiv / The Presidential Administration of Ukraine / Wikimedia Commons

Présidentielles et législatives dans toute l’Europe

La Finlande donnera le coup d’envoi du cycle électoral de l’UE avec une élection présidentielle le 28 janvier, dont le second tour est prévu pour le 11 février. La Slovaquie, en mars, et la Roumanie d’ici décembre, éliront également toutes deux un nouveau président. En Ukraine, la présidentielle devait en principe avoir lieu au printemps 2024, mais les textes interdisent les scrutins sous la loi martiale. Le président Volodymyr Zelensky a déjà déclaré que la tenue d’élections en temps de guerre serait « totalement irresponsable ».

Suivront des législatives au Portugal, le 10 mars, où le président portugais a convoqué des élections anticipées en novembre, après la démission du Premier ministre socialiste António Costa, toujours en poste à titre intérimaire, dans le cadre d’une vaste enquête de corruption. Ce sera ensuite le tour de la Lituanie qui choisira son président et organisera un référendum constitutionnel le 12 mai, puis élira un nouveau parlement d’ici le 6 octobre.

La Belgique quant à elle organisera le 9 juin, un double scrutin (élections européennes et fédérales). Selon les dernières projections, les indépendantistes flamands d’extrême droite du Vlaams Belang sont en tête en Flandre, le Parti socialiste en Wallonie, tandis que les libéraux pourraient l’emporter à Bruxelles. La coalition actuelle dirigée par le libéral Alexander De Croo, est en passe d’obtenir suffisamment de soutien pour gouverner à nouveau. Mais, le parti libéral flamand du Premier ministre est à un niveau historiquement bas dans les sondages en Flandre, du fait de sa position sur le conflit dans la bande de Gaza et la crise gouvernementale qui a suivi la récente attaque terroriste à Bruxelles.

L’élection autrichienne à l’automne pourrait s’avérer l’une des plus cruciales, alors que l’Europe s’efforce de contenir la poussée de l’extrême droite. Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), parti d’extrême droite, est crédité de 30 % des intentions de vote aux législatives de septembre 2024.

La Croatie clôturera cette année électorale par l’élection d’un nouveau parlement (d’ici le 22 septembre) et d’un président (en décembre), tout comme la Lituanie, qui choisira son président et organisera un référendum constitutionnel le 12 mai, puis élira un nouveau parlement d’ici le 6 octobre. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a enfin confirmé le mois dernier qu’il convoquerait des élections générales cette année. Le Parti travailliste d’opposition s’y attend en mai – et devrait remporter une grande victoire et mettre fin au règne de 14 ans des conservateurs.

Élections européennes : 6-9 juin

Quelque 400 millions de citoyens de l’UE choisiront en juin leurs représentants au Parlement européen. Important en termes de nombre d’électeurs, ce scrutin a jusqu’alors souffert d’un faible taux de participation et du désintérêt des citoyens qui estiment que l’Union européenne (UE) est trop éloignée de leur vie quotidienne. Une donne qui pourrait toutefois changer. Une étude dévoilée par le Parlement européen le 6 décembre dernier montre en effet une augmentation substantielle (6 %) de l’intérêt pour ce scrutin, par rapport aux précédentes élections. Plus de la moitié (57%) des citoyens de l’UE déclarent s’y intéresser aux prochaines élections européennes. Selon l’enquête, si le scrutin avait lieu maintenant, 68 % des électeurs voteraient, soit 9 % de plus qu’en 2019.

Le monde en 2024
Montage ©AFP

Aux États-Unis, le « match retour »

Le 5 novembre prochain, le monde aura les yeux vissés sur le résultat des élections américaines. Des dizaines de millions d’Américains se rendront aux urnes pour désigner leurs grands électeurs, eux-mêmes chargés de choisir le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Une élection qui devrait avoir un air de déjà-vu, avec le très probable match retour de 2022 entre le président démocrate sortant Joe Biden, 81 ans, et son prédécesseur républicain, Donald Trump, 77 ans. Selon un dernier sondage New York Times/Sienna du 19 décembre, 44% des électeurs interrogés, se disent prêts à voter pour le président démocrate sortant, contre 46% pour son rival républicain.

Malgré 91 inculpations dans quatre affaires pénales – dont certaines portant sur ses tentatives d’invalider sa défaite face à Biden en 2020 –, l’emprise de l’ex-président américain sur l’électorat républicain ne montre aucun signe de fléchissement. Mais la candidature de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait être terminée avant même d’avoir commencé. Après la Cour suprême du Colorado, l’État du Maine a en effet invoqué dans une décision rendue publique le 28 décembre le 14e amendement de la Constitution américaine, pour décider que l’ancien président ne pouvait pas se présenter dans l’État en raison des actions qu’il a menées en lien avec l’attaque en janvier 2021 du Capitole.

Un scrutin majeur, dont l’issue est quoi qu’il en soit, décisive. Une prise de pouvoir par les Républicains – quel que le soit le candidat – pourrait en effet perturber la politique étroitement alignée de l’Occident sur l’Ukraine. Certains représentants au sein du Grand Old Party appelant à restreindre l’aide militaire et financière à Kiev. Elle aurait aussi un impact certain sur la gestion par les autorités américaines du conflit au Proche-Orient. Enfin elle pourrait également signifier un retour aux conflits commerciaux.

En Russie : zéro suspense

Le 17 mars 2024, les Russes éliront leur prochain président. Et le suspense est inexistant. Vladimir Poutine a annoncé son intention de se présenter pour un cinquième mandat, en tant que candidat “indépendant“, comme en 2004 et en 2018. Sa réélection pour six ans ne devrait être qu’une formalité, La voie est libre pour que le maître du Kremlin obtienne un nouveau mandat, après 23 ans passés déjà à la tête du pays, comme président et comme premier ministre. Ses principaux opposants politiques sont soit exilés, soit emprisonnés, comme Alexeï Navalny, soit morts. Vladimir Poutine peut donc se présenter sans crainte en 2024 et a la possibilité, grâce à une réforme constitutionnelle adoptée en 2020, de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Ce qui lui ferait battre le record de longévité au Kremlin, établi par Joseph Staline le siècle dernier.

En Inde, près d’un milliard d’électeurs

Les élections législatives générales qui se dérouleront en Inde au mois de mai devraient mobiliser quelques 945 millions d’Indiens, appelés aux urnes pour désigner les députés à la chambre basse du Parlement, la Lok Sabha. L’enjeu de ce scrutin : une légitimité renforcée pour le Premier ministre Narendra Modi, dont le parti, le Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir depuis 2014, est donné largement vainqueur, et devrait permettre au leader nationaliste hindou de briguer un troisième mandat. Il lui faudra toutefois faire face lors de ce scrutin à la nouvelle alliance scellée en juillet par l’opposition, qui présente un front uni. Baptisée India, la coalition rassemble autour du parti du Congrès plus d’une vingtaine de partis d’opposition. Leur objectif : empêcher Modi de poursuivre sa stratégie d’hindouisation de la société, alors que les libertés civiles disparaissent une à une dans ce pays devenu en 2023 le plus peuplé du monde.

Au Mexique, un duel au féminin

Deux femmes se disputeront pour la première fois la présidence en 2024 au Mexique lors du scrutin qui se tiendra le 2 juin. Une première dans l’histoire d’un pays qui enregistre des milliers de féminicides par an. L’ex-maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, 61 ans, du parti au pouvoir Morena (gauche), aura pour principale adversaire la sénatrice Xochitl Galvez, 60 ans, pour un Front regroupant trois partis d’opposition. A ce jour, la première est donnée largement en tête dans les sondages.

Au Venezuela, Nicolas Maduro pour un troisième mandat

Le socialiste Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chavez, espère décrocher un troisième mandat lors des élections qui se dérouleront au second semestre – la date précise n’étant pas encore fixée. L’homme joue à nouveau sa crédibilité lors de cette élection. Sa réélection en 2018, largement considérée comme frauduleuse, n’a pas été reconnue par de nombreux pays, notamment les Etats-Unis. Et pour 2024, rien n’est acquis, malgré la levée des sanctions américaines qui devraient donner un peu d’air à l’économie du pays.

Taïwan à l’heure des choix, sous menace chinoise

C’est une élection présidentielle sous haute tension qui se tiendra le 13 janvier à Taïwan. Un scrutin capital pour cet archipel qui vit sous la menace d’une invasion chinoise. Le ministère de la Défense Taïwanais a d’ailleurs décidé de mettre en alerte l’ensemble de ses troupes du 12 au 14 janvier 2024 pour être prêt à faire face à toute manœuvre que pourrait décider d’amorcer Pékin, pour perturber le scrutin. Les derniers sondages accordaient toujours une avance au Parti démocrate progressiste, au pouvoir, et à son candidat présidentiel, l’ex-premier ministre Lai Ching-te. Bête noire du régime de Xi Jinping en raison de sa défense de l’autonomie de l’île et de ses accointances avec les Occidentaux, particulièrement les États-Unis.

En Iran, une élection sous la coupe des Mollahs

Combien seront-ils à la date du scrutin, pour renouveler les 290 sièges du Parlement et les 88 de l’Assemblée des experts, organe clé chargé de nommer, surveiller et éventuellement démettre le guide suprême ? Nul ne peut le prévoir, car les listes ne seront définitives qu’un mois avant. Pour l’heure, plus de 49.000 personnes se sont portées candidates aux élections législatives iraniennes qui se tiendront le 1er mars prochain. C’est près de trois fois le nombre de candidats de 2020 (16.000). Chaque candidat devra ensuite être approuvé par le Conseil des gardiens, un organe religieux de 12 membres dont la moitié est directement nommée par le guide suprême.

L’enjeu est important, car le précédent scrutin en 2020, avait été marqué par la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés, ce qui avait pratiquement réduit l’élection à une compétition entre conservateurs et ultraconservateurs. Pour l’heure, le président Ebrahim Raïssi, actuel vice-président de l’Assemblée des experts ainsi que l’ancien président modéré Hassan Rohani, sont candidats pour un nouveau mandat.

Le monde en 2024
Selon les chiffres des Nations unies, la population de l'Inde a dépassé celle de la Chine en 2023. © AP/Altaf Qadri

L’Inde dépasse la Chine pour devenir le pays le plus peuplé du monde

En 2024, l’ONU devrait confirmer que l’Inde a dépassé la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde depuis le milieu de l’année 2023. La population indienne compte désormais 1,4286 milliard d’habitants contre 1,4257 milliard pour la Chine, selon le rapport du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) sur l’état de la population mondiale.

La population chinoise a diminué l’année dernière pour la deuxième fois en plus de six décennies. C’est en 2022 que le nombre de Chinois a diminué et ce phénomène va s’amplifier.

Le monde en 2024
«Les Malouines sont argentines», proclame la banderole tenue par l'équipe de foot d'Argentine le 7 juin 2014 à l'occasion du match préparatoire contre la Slovénie, à La Plata. ©AFP PHOTO / Alejandro PAGNI

Une nouvelle guerre aux Malouines ?

On croyait la question des Malouines réglée, après une guerre éclair qui a coûté la vie à 649 Argentins et à 255 soldats britanniques, il y a 41 ans, et surtout un référendum tenu en 2013 qui a confirmé que 99,8 % des habitants de ces îles de l’Atlantique Sud situées au large de l’Argentine souhaitaient rester sous la couronne britannique. Mais le populisme est passé par là. 

L’entrée en fonction du nouveau président argentin, l’anarcho-capitaliste autoproclamé Javier Milei, en décembre, fait désormais planer une nouvelle incertitude au-dessus des îles Falkland, comme on les appelle aussi, territoire que le politicien d’extrême droite a promis en campagne électorale de ramener dans le giron de Buenos Aires. 

« Nous devons voir comment nous allons les récupérer », a-t-il dit dans une entrevue accordée il y a plusieurs semaines au quotidien argentin La Nación, tout en affirmant que ces îles « font partie de l’Argentine ». « Ce que nous proposons, c’est d’avancer vers une solution comme celle que l’Angleterre a eue avec la Chine sur la question de Hong Kong », soit une rétrocession, option sur laquelle Londres ne semble toutefois aucunement disposé à se pencher.

Dans la foulée de l’élection de Milei, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a mis en garde le nouveau président sur le fait que la souveraineté des îles Malouines n’était pas un sujet ouvert à la négociation. Cette question a été « réglée de manière décisive il y a quelque temps », par le conflit de 1982, et le Royaume-Uni n’a « pas l’intention d’y revenir », a souligné son porte-parole officiel, tout en ajoutant que le pays « défendrait de manière proactive » le droit des insulaires à l’autodétermination.

Le monde en 2024
Giurgiu, Romania - July 1, 2021: Drivers show the border police officer documents at the land border and customs between Bulgaria and Romania. ©UE

La Bulgarie et la Roumanie dans Schengen

Sofia et Bucarest vont enfin rejoindre – mais partiellement – l’espace de libre circulation Schengen, a annoncé dans la nuit du 30 au 31 décembre le Conseil de l’Union européenne (UE), l’institution qui représente les 27 États membres. 

Cette décision, prise à l’unanimité après des années d’attente (la Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l’UE en 2007), prendra effet le 31 mars prochain mais elle ne concerne que la suppression des contrôles aux frontières aériennes et maritimes internes à l’UE. 

Les frontières terrestres seront donc toujours soumises aux contrôles des douaniers et gardes-frontières. 

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Le champagne a considérablement augmenté depuis décembre 2022, plus de 3 euros par rapport aux prix pour une bouteille l’année dernière. ©DelmartyJ/ANDBZ/ABACAPRESS.COM

L’inflation toujours forte

Les pressions inflationnistes resteront fortes, cette année, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

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