Autriche : les expatriés solidaires et choqués

Autriche : les expatriés solidaires et choqués

Au moins quatre personnes (deux hommes et deux femmes) ont été tuées et plusieurs ont été blessées, lundi 2 novembre au soir, lors de fusillades dans six rues du centre historique de Vienne, la capitale autrichienne.

Une attaque répugnante

Un des auteurs de l’attaque a été abattu, a fait savoir la police locale. Ce serait « un sympathisant de l’Etat islamique », a précisé le ministre de l’intérieur, Karl Nehammer, mardi matin. Un autre suspect est toujours recherché.

Un policier a par ailleurs été grièvement blessé. En tout, une quinzaine de personnes ont été transportées à l’hôpital.

Les coups de feu ont eu lieu dans une rue où se situe la principale synagogue de la capitale autrichienne, rue Seitenstetten, vers 20 heures.

 « une attaque terroriste répugnante 

Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz

Un couvre-feu nocturne, avec la fermeture des cafés, bars et restaurants, entrait en vigueur à minuit ce mardi. De nombreuses personnes étaient présentes en terrasse pour profiter de cette dernière nuit à l’extérieur.

Une solidarité des européens

La République tchèque a déclaré avoir lancé des contrôles à la frontière avec l’Autriche afin de débusquer d’éventuels complices. Vienne se trouve à moins de 100 km de la frontière tchèque.

« Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien»

Le président français Emmanuel Macron

« La Représentation nationale se tient aux côtés du peuple autrichien », a tweeté le président LREM de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. « L’Europe doit faire front commun face aux terroristes qui veulent nous diviser et instaurer la haine », a-t-il ajouté.

l’Union européenne a condamné « avec force » cette « horrible attaque », selon les mots sur Twitter du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant « un acte lâche ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter : « L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur ».

Le monde musulman embarrassé

L’Arabie saoudite a « vivement condamné l’attaque terroriste » de Vienne. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a assuré que le royaume se tenait « aux côtés de l’Autriche dans toutes les mesures qu’elle prend pour maintenir la sécurité et protéger les innocents face à l’extrémisme et aux actes terroristes ». Le Qatar a lui aussi déploré l’attentat, assurant, selon son ministère des Affaires étrangères, qu’il « rejette fermement la violence et le terrorisme, quelles qu’en soient les justifications et les raisons ».

50 000 personnes réunies contre la France à Dacca au Bangladesh

Ces démonstration de solidarité tranchent avec les appels contre la France qui étaient encore repris hier à Dacca au Bangladesh. Certains n’hésitent pas à faire le lien entre la reprise des attentats sur le continent et les événements français. Tous pointent du doigt le message qu’Al-Qaïda fait circuler sur les réseaux sociaux : « Tuer toute personne qui insulterait le prophète en mots ou par ses actions » , repris à la lettre par Daesch (dont se revendiquait l’assaillant à Vienne).

Des expatriés « sonnés »

Comme les Autrichiens, les résidents français du pays étaient persuadés de vivre dans un pays sûr. Le dernier attentat ayant eu lieu au milieu des années 80.

Forte de 10 000 membres, la communauté française en Autriche aspire à une vie calme et intégrée à leur nation d’accueil. En effet, la majorité de ses membres sont des couples, des familles franco-autrichiennes. Leurs enfants ont grandi dans ce pays avec les deux cultures, les deux langues.

A travers les différentes pages et groupes qu’animent nos compatriotes dans ce pays, les messages porteurs d’un sentiment de désarroi et d’incompréhension se multiplient à coté de ceux de solidarité.

« Nous sommes choqués par les événements de la nuit dernière au centre-ville de Vienne. Nous tenons à remercier tous les urgentistes pour leur excellent travail et tenons à exprimer notre plus sincère sympathie aux proches des victimes« 

UFE Autriche sur la page Facebook de l’association locale

Comme nous l’indique, Mme Elisabeth Kervarrec, Conseillère honoraire pour l’Autriche, l’Europe centrale et orientale à l’Assemblée des Français de l’Étranger et journaliste à la rédaction française de l’ORF de 1985 à 2019, les Français, comme leurs compatriotes lors de l’attaque à Paris contre le Bataclan, ont hébergé spontanément les viennois, bloqués, dans les rues.

« La communauté française , francophone, Franco autrichienne reste solidaire, soudée , en attente de réponses aussi . Pourquoi Vienne, pourquoi maintenant , pourquoi tout court . Dans aucune naïveté mais pour comprendre . On commence à être mieux informé au fil des heures ce qui s ‘ est passé. Reste un sentiment de profonde tristesse , d ‘effroi, d ‘ incompréhension , mais aussi de soutien, de solidarité et d ‘ espoir en attendant des jours meilleurs« 

Elisabeth Kervarrec, Conseillère honoraire pour l’Autriche

Du coté des officiels, la priorité est à la sécurité.

Hier l‘ambassade, comme tous les acteurs associatifs, a appelé à ne pas partager les vidéos. La page Expatriés en Autriche a cependant divulgué, ce matin, une des vidéos de l’horreur dans un souci de transparence.

L’Institut Français comme le Consulat étaient fermés ce mardi 03 novembre. Les activités seront fortement réduites pendant les trois jours de deuil national que le gouvernement vient de décréter. Le lycée français de Vienne est encore pour une semaine en vacances ce qui laissent un peu de temps aux autorités françaises en collaboration avec les autorités autrichiennes pour s’organiser.

La France, l’Autriche, les terroristes profitent de la crise sanitaire pour redéployer leurs plans contre les nations occidentales. Sur le tout continent, les voix s’élèvent pour réclamer une réaction au niveau de l’Unio Européenne. La réforme des accords de Dublin, gérant l’immigration au niveau continental, est attendue par tous avec fébrilité.

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred

    Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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