Autodestruction d’Israël

Autodestruction d’Israël

Israël, qui croit que l’on gagne des guerres en éradiquant les ennemis, a déjà perdu la guerre du Hamas. Parce qu’Israël ne comprend pas que son destin ne se joue pas à Gaza mais dans le monde. Le gouvernement israélien doit proposer un plan de paix et de reconstruction de Gaza, à tous les pays de la région, maintenant. C’est vital. Pour les Palestiniens, pour Israël plus encore.

La légitimité d’Israël vient du droit international, d’une résolution des Nations unies. Aujourd’hui, l’ONU demande un cessez-le-feu. Les États-Unis, soutien politique, économique et militaire, parachutent des vivres, alors que ceux-ci pourraient venir par la route, à partir d’Israël. Les alertes sur les menaces de famine, le bombardement de civils, les provocations en Cisjordanie, tout est contraire au droit international, à ses principes élémentaires, qui demandent la protection des civils.

Tout est contraire au droit international

Israël a été fondé dans une espérance de justice, de droit, dans un Moyen Orient qui en manque tant. Des jeunes en Occident reprennent le slogan du Hamas : « La Palestine libre du Jourdain à la mer », slogan antisioniste et antisémite. La distinction entre antisionisme et antisémitisme est de mauvaise foi, puisque si elle était concevable avant la création d’Israël, elle ne l’est plus depuis son existence. Vouloir détruire Israël, « du Jourdain à la Mer », c’est chasser ou tuer les juifs. Ce qui fut d’ailleurs fait dans la quasi-totalité des pays arabes.

Voilà le résultat de la tragédie déclenchée le 7 octobre. Le responsable du Hamas, Ghazi Hamad, jubile : « Nous répéterons l’attaque du 7 octobre encore et encore jusqu’à l’anéantissement d’Israël. Nous sommes les victimes – tout ce que nous faisons est justifié« . À commencer par les horreurs et le sacrifice de la population palestinienne. Sur le fond, le Hamas a banalisé l’horreur, et renversé l’opinion publique, déjà gangrenée par un antisémitisme rampant : la moitié de résolutions de la Commission des droits de l’homme des Nations unis concerne Israël.

Un commando armé du Hamas arrive devant l’entrée du kibboutz Yakhini, le 7 octobre 2023. – Credit:capture écran Youtube/DR

Peu importe que l’ONU soit en majorité une assemblée de dictateurs ; peu importe que l’Arabie saoudite vienne d’être élue à l’unanimité à la Présidence du Comité des droits des femmes ; peu importe que ceux qui condamnent Israël fassent pire chez eux, vis-à-vis de leur propre peuple, les Poutine, Xi Jinping, Maduro, Ortega, Assad, Khamenei, Loukachenko, Nasrallah et autres bienfaiteurs du genre humain ; peu importe que le Hamas soit une organisation terroriste, comme Daech et autres cartels de mort, tortures et barbaries. Israël croit que l’on gagne des guerres en éradiquant les ennemis, il a déjà perdu la guerre du Hamas.

Vouloir détruire Israël, « du Jourdain à la Mer », c’est chasser ou tuer les juifs

Jamais le Hamas n’a été aussi populaire. Au lieu d’organiser, après le 7 octobre, une coalition contre le terrorisme, notamment avec l’Europe, les États-Unis et les pays arabes qui en souffrent autant que lui ( Egypte, Liban, Arabie) ; au lieu de mener une guerre à long terme, difficile, intelligente, Netanyahou s’est lancé dans la destruction de Gaza, à la grande joie des responsables du Hamas, de leurs chefs, en Iran, désormais protégés par l’indignation. C’était à la tête, en Iran, les chefs qu’il fallait frapper, leur arsenal nucléaire, et non les civils, femmes et enfants.

Daech, jaloux du succès de son concurrent, frappe à son tour en Russie. D’autres vont s’y mettre, pour capter un peu de la popularité de ce mouvement terroriste, qui prend et viole des otages, qui viole et tue des civils dans un pogrom. Et les étudiants de l’élite blanche occidentale, à Paris Londres ou Harvard, se croient dans le camp du bien, du beau et du juste, en brandissant le poing contre Israël ! Le Hamas a gagné. Pour le vaincre, l’écarter dans une construction de la paix, dans une alliance pour la paix.

Les étudiants de l’élite blanche occidentale se croient dans le camp du bien, du beau et du juste, en brandissant le poing contre Israël ! 

La guerre est une guerre dans la tête. Israël a été créé après avoir été imaginé, dessiné, porté par une espérance, puis une tragédie : c’était le sionisme. Les pays existent d’abord dans les têtes. Et pas seulement dans les têtes de ceux qui les veulent. Un pays n’existe que parce qu’il est reconnu par les autres. Plus encore : que parce qu’il est nécessaire aux autres. Israël avait la chance de commencer à être utile. Sans être nécessaire à ses voisins, un pays risque l’anéantissement. La propagande antisioniste n’a jamais été aussi forte : elle est mondiale. Elle est, logiquement, antisémite. En France, comme ailleurs, les actes antisémites explosent.

Même si Netanyahou tuait les terroristes du Hamas à Gaza jusqu’au dernier, que ferait-il des autres, à l’étranger ? Comment s’est constitué le Hamas ? Par un mouvement populaire spontané ? Pas plus que l’OLP ou le Hezbollah. Ils ont supplanté d’autres mouvements par des soutiens financiers, politiques et militaires. Même si le Hamas était rayé de Gaza, il y en aurait un autre, avec plus de soutien et d’argent encore. Et plus de terreur. Que peut faire, demain, Israël, seul, de Gaza ? Rien, sinon un gouffre où se perdront ses racines fondatrices : celles-ci ne sont pas religieuses, mais juridiques, elles correspondent à une philosophie du droit, de la justice et de la dignité humaine.  Peu d’Etats ont des racines aussi claires. Au lieu de les renforcer, le gouvernement israélien les ignore autant que ses amis.

Ramallah le 23 octobre 2023 _ Copyright AFP

Les guerres sont liées entre elles par une sorte de génie du mal. Quand les dirigeants pensent que la force supplante le droit alors ils usent de la force. Si un exemple réussit, alors ils l’imitent. Tous ceux qui méprisent le droit,  rêvent de puissance, ont intérêt aux guerres.  Se réjouissent ceux qui ne peuvent subsister que dans le désordre par le crime, l’agression, le chantage : en Russie, au Venezuela, au Soudan, au Yémen, en Syrie, en Birmanie, en Afghanistan, en Iran, au Mali, au Niger, en Centrafrique. Demain en Serbie, en Transnistrie, en Arménie. Les conflits se renforcent les uns les autres. L’international de la guerre est solidaire.

Construire la paix, constituer une alliance contre le terrorisme. C’est la seule façon d’éliminer les terroristes.  

Flavius Josèphe, juif et romain décrit le siège de Jérusalem : « Les terrasses étaient encombrées de femmes et de petits enfants exténués, les ruelles de vieillards morts ; des garçons et des jeunes gens erraient comme des fantômes, le corps tuméfié. Sur les places, ils tombaient là où le fléau les accablait.» Personne ne se souvient de la destruction du Temple ?

Il n’y aura pas de siège. Il y a déjà une lente déliquescence, un abandon progressif de soi-même. Si Israël n’est pas un modèle de justice, alors Israël ne pourra survivre, parce qu’elle n’a pas la profondeur de la Chine, de la Russie ou même de l’Arabie. Son Hinterland, c’est le monde. Elle est en train de le perdre.

Israël ne comprend pas que son destin ne se joue pas à Gaza mais dans le monde. Le gouvernement israélien doit proposer un plan de paix et de reconstruction de Gaza, à tous les pays de la région, maintenant. Construire la paix, constituer une alliance contre le terrorisme. C’est la seule façon d’éliminer les terroristes. C’est urgent. Vital.

Laurent Dominati
Laurent Dominati

Laurent Dominati

a.Ambassadeur de France

a.Député de Paris

Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press

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1 Comments

  1. Ils ont bien raison de vouloir les éradiquer ces terroristes et cette population gangrenée par la haine. Ce sont eux qui dansaient dans la rue après l’attaque du Bataclan, après Charlie Hebdo, après le 11 septembre. Je n’ai pas oublié et je ne pardonnerai jamais. Mon grand-père a vécu toute sa vie dans un pays musulman, c’était déjà un français de l’étranger et c’était un zouave de l’armée française, c’était il y a longtemps, et il disait déjà à l’époque : »Ces gens-là traînent le désert avec eux. » Il avait raison et ils n’ont pas changé.

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