Dans le contexte de l’Alumni Day, événement dédié aux diplômés internationaux de l’enseignement supérieur français, le quai d’Orsay a organisé, vendredi 30 juin, une cérémonie en l’honneur des boursiers Excellence-Major. De quoi mettre en lumière les forces de l’enseignement français à l’étranger.
Ce vendredi 30 juin, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) avait convié, à l’Hôtel du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, l’ensemble des boursiers Excellence-Major, pour une « cérémonie de sortie » venant parachever leur cinquième année d’études dans l’Hexagone. Une célébration empreinte de la solennité des lieux, à côté du célèbre Salon de l’Horloge, où Robert Schuman, alors ministre des Affaires étrangères, proposa la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier, qui allait poser une des premières bases de l’Union européenne.
L’enseignement français, un réseau unique au monde
À la tribune, l’honneur est donné à Madame Anne-Marie Descôtes, secrétaire générale du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE). Celle-ci décrit les bourses Excellence-Major – accordées aux meilleurs lycéens étrangers issus des Lycées français – comme un programme auquel « le Ministère est très attaché ». Créé il y a plus de trente ans, « il connaît un succès croissant, avec un nombre de candidatures qui a doublé ces dix dernières années », souligne-t-elle. Aussi, elle évoque la volonté de renforcer ce programme en 2023, à travers la revalorisation des bourses, ainsi que l’augmentation du nombre de bacheliers accompagnés.
La secrétaire générale en profite pour souligner les caractéristiques des lycées français à l’étranger, dont environ deux tiers des élèves sont étrangers et qui constituent le « premier réseau mondial d’enseignement piloté par un État ». Ainsi, Anne-Marie Descôtes a précisé que « la France fait le pari de la jeunesse et de l’avenir », rappelant l’ambitieux objectif d’accueil de 500 000 étudiants étrangers, d’ici à 2027, et notamment l’octroi de 850 bourses Excellence-Major, de la licence au master.
Félicitant son auditoire d’avoir su « confirmer » les espoirs placés en eux à travers cette bourse, la secrétaire générale a ponctué son intervention avec l’idée que ces étudiants, quel que soit leur projet, gardent en eux « un lien intime » avec la France, sa culture et ses valeurs, et qu’ils « sont la preuve de l’excellence de l’enseignement français dispensé dans les lycées du monde », mais aussi « l’espoir d’un monde ouvert » , dans un monde « où les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme sont remises en question ».
Les bourses Excellence-Major permettent ainsi à l’AEFE et au MEAE de soutenir les meilleurs bacheliers étrangers d’un lycée français du monde, et souhaitant poursuivre un cursus au sein de l’enseignement supérieur français. Après avoir été présélectionnés dans leur lycée, les près de 850 étudiants soutenus doivent également obtenir une mention « très bien » au baccalauréat, pour pouvoir être lauréats de la bourse.
Des parcours variés
C’est la voie qu’a suivi Carlos Santos Garcia, étudiant espagnol qui a poursuivi toute sa scolarité au Lycée Français de Madrid, à partir de la petite section de maternelle. Ses parents, professeurs, « savaient que c’était vraiment un atout d’avoir une langue de plus, et ils ont choisi le réseau français pour la qualité de son enseignement ». Conseillé par un professeur, il a postulé à la bourse Excellence-Major, pour intégrer une classe préparatoire scientifique en France, un « challenge » qui l’attirait. Passé un « choc« , face à la somme de travail impliquée par la « prépa », il a su relever le défi, pour ensuite intégrer une école d’ingénieurs, Centrale Supélec, sur le plateau de Saclay. Spécialisé en mathématiques appliquées et en « machine learning », il a également réalisé un master recherche à l’ENS sur le thème de l’intelligence artificielle, et effectué un stage dans le domaine.
Jessica Cupessala, quant à elle, vient du Lycée français de Luanda, la capitale angolaise. A la tribune, elle raconte sa passion pour la science physique, mais aussi le rôle joué par une prof, qui l’a « poussée à continuer dans cette filière » et à « franchir un cap » dans son orientation. Elle a ainsi intégré une licence de physique à l’Université de la Sorbonne puis l’EPF, école d’ingénieurs où elle se spécialise en ingénierie mécanique, avec le souhait de travailler dans le secteur ferroviaire. Une école dont elle salue la part de femmes étudiantes, de près de 50%, ce qui selon elle, favorise le sentiment « de se sentir à sa place » dans les études scientifiques.
Engagée en faveur de la place des femmes dans les sciences, elle donne de son temps dans une association d’aide aux devoirs, dans des quartiers défavorisés. Une expérience « très importante » pour elle, qui lui a permis de « voir tout ce qu’était la France ». Dans les cinq prochaines années, elle souhaite travailler en France, histoire de « transmettre un peu de son éducation dans le pays qui lui a tant donné ».
Autre témoin à la tribune, Norman De Castro est originaire de Saint-Domingue. Fils d’un père dominicain costaricien et d’une mère dominicaine et américaine, il a passé ses premières années en France, avant de vivre à Saint-Domingue. C’est naturellement qu’il évoque l’importance du multiculturalisme et du multilinguisme dans sa vie, avec sa famille « un peu répartie dans le monde ».
Marqué par l’expérience du tremblement de terre de 2010 en Haïti, il évoque comment le contexte d’un « lycée transformé en hôpital » lui a fait éprouver « l’importance de la solidarité et de la fraternité » et nouer d’importantes amitiés. Attaché à la culture française, il souhaite poursuivre son chemin en France dans les prochaines années. Ayant obtenu une bourse Excellence-Major pour venir étudier à Sciences Po Paris, il a apprécié le fait de vivre ses premières années en France sur le site de Poitiers, une ville « à dimension humaine », enrichissant au passage son parcours d’une année de césure aux États-Unis, à l’Université de l’Illinois. Spécialisé en sécurité internationale mais aussi intéressé par la finance, il aimerait rejoindre un cabinet de conseil en France.
Un réseau vivant et multi-générationnel
La promotion sortante est composée d’environ 130 étudiants, représentant près de 50 nationalités différentes. Imprégnés d’une culture commune acquise dans les lycées français, les étudiants boursiers Excellence-Major sont de véritables « ambassadeurs de l’enseignement français », souligne quant à lui Olivier Brochet, directeur général de l’AEFE, lors de son intervention.
Un réseau pouvant compter sur l’appui d’outils comme la plate-forme Agora : « une sorte de forum sur lequel les élèves posent des questions sur les parcours d’études, en France ou à l’étranger. Et les anciens élèves peuvent leur répondre », explique Laurent Metais, chef de bureau parcours et orientation des élèves au sein de l’AEFE. Outre divers groupes sur les réseaux sociaux, les boursiers peuvent aussi compter avec un système de parrainage, entre les différentes promotions de boursiers.
À la fin de leurs études, ils peuvent bénéficier de l’appui de l’ALFM (Association des anciens élèves des lycées français dans le monde), représentée par son président Ahmed Mernissi, qui évoque l’organisation d’un forum professionnel dédié aux boursiers Excellence-Major.
Et en s’ajoutant aux efforts de communication de l’AEFE, ces divers soutiens aux boursiers participent sans doute du succès du programme des bourses Excellence-Major, qui voit arriver un nombre de candidatures croissant. Et au-delà, c’est l’attractivité de la France au sein du réseau d’enseignement français qui a augmenté, explique Laurent Metais : « sur un peu moins de 20 000 bacheliers des lycées français l’an dernier, 53% sont venus en France. Alors qu’il y a cinq ans, ils étaient un peu plus de 40%. De plus en plus d’élèves du réseau viennent étudier, et plus d’étrangers que de Français. »
De quoi donner des perspectives à ce programme, au rôle stratégique pour le rayonnement de la France, dans un contexte de concurrence internationale entre systèmes d’enseignement supérieur.
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