Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont décidé de poursuivre les discussions autour d’un accord post-Brexit, a déclaré la présidente de la Commission, dimanche midi, après un appel téléphonique « constructif et nécessaire » avec le Premier britannique.
Dernières discussions, comme d’habitude. Boris Johnson estime un échec «très, très probable». Ursula von der Leyen juge «faibles» les espoirs d’un accord. Pour le Brexit, le compte à rebours est enclenché. Même si l’Europe est la spécialiste des accords de dernière minute, la possibilité pour l’Union européenne et le Royaume-Uni de signer avant le 31 décembre se réduit d’heure en heure. Pourtant personne n’a à gagner d’un « hard Brexit ».
Sans accord de libre-échange avec Bruxelles au 31 décembre, les échanges du Royaume-Uni avec son principal partenaire se feront selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane et de quotas.
En 2019, le montant des échanges entre l’Union européenne était de 830 milliards d’euros. Le Royaume-Uni est jusqu’à maintenant le pays d’Europe ayant le déficit commercial le plus élevé. A ce titre, la France dégage un de ses rares excédents commerciaux européens avec ce pays.
L’UE est le premier partenaire du Royaume-Uni
Plusieurs points de blocages empêchent la conclusion d’un accord. Ainsi, le Royaume-Uni n’entend pas se soumettre aux normes techniques, fiscales et environnementales de l’Union. La Commission de Bruxelles considère que le gouvernement britannique entend faire de son pays une porte d’entrée aux marchandises des pays émergents qui ne souhaiteraient pas se soumettre à la réglementation européenne. Le Royaume-Uni se transformerait en Cheval de Troie du commerce européen au profit des pays tiers.
Le gouvernement britannique s’oppose également au système d’arbitrage des différends commerciaux. Logiquement, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est compétente pour juger les cas de litige dans les prochaines années. Le Royaume-Uni ne se considère désormais plus lié aux lois européennes depuis son départ de l’Union en 2020, et récuse tout pouvoir à la CJUE. Bruxelles serait disposé à trouver sur ce point un compromis.
Tous les problèmes ont leur solution
Le dossier de la pêche et des zones réservées est également dans l’impasse. Les eaux britanniques sont parmi les plus riches du monde en poisson et de nombreux pays de l’Union y pêchent 760 000 tonnes de poissons chaque année, soit 636 millions d’euros de marchandises. La France est le pays le plus concerné en y réalisant 30 % de ses prises. Or au 1er janvier 2021, le Royaume-Uni reprend le contrôle de cette zone économique exclusive et souhaite y imposer un système de droit de pêche et de quotas. Ces derniers seraient mis en place dans trois ans. Un délai estimé trop court par Bruxelles, qui propose plutôt de s’acquitter d’une taxe en reversant une partie des prises effectuées dans les eaux britanniques. Le gouvernement britannique estime les concessions européennes très insuffisantes.
Johnson veut un vrai Brexit, donc un hard Brexit
Désormais, aussi bien Boris Johnson que les dirigeants européens se préparent à un no deal. Boris Johnson vante les mérites d’un accord à l’Australienne ou à la Canadienne, pour citer deux pays avec lesquels le Royaume-Uni vient de conclure des accords de libre échange. Pourtant, ils n’ont rien à voir avec l’accès au marché européen. D’autant que ces accords ne sont pas meilleurs que ceux signés avec l’UE…
Signe positif, le gouvernement britannique a récemment confirmé le retrait d’une loi, qui renonçait à l’établissement d’une frontière entre l’Irlande du Nord et l’Eire, invalidant l’accord dit de sortie. Or, sans accord d’accès au marché unique, on comprend mal comment le gouvernement gérera l’absence de frontière entre les deux Irlandes.
Quant à la pêche, difficile de penser qu’une question à 630 M€, sur un volume d’échanges de 830 milliards, ne trouve pas de solution. Enfin la question de l’arbitrage semble pouvoir être résolue par un autre système d’arbitrage que la CJUE.
Le plus important semble être la question des normes européennes. Ils emble évident qu’en cas de no deal, les produits britanniques devront de toute façon les appliquer. Une certification semblerait permettre un compromis.
En fait, aucun problème ne semble insurmontable.
La raison fondamentale à l’absence d’accord c’est le refus d’avoir un accord. Comme s’il fallait une rupture en bonne et due forme, afin que personne ne croie que le Brexit puisse être un faux Brexit.
Les Britanniques continueront à négocier plus tard, un peu trop tard.
Une fois que le Royaume-Uni sera sorti, les Britanniques commenceront à négocier sérieusement. Mais l’échec laissera des traces, et ce temps de latence aura des effets dévastateurs sur l’économie britannique, et en Europe. En France en particulier, puisque le Royaume-Uni est un de ses principaux partenaires.
Laisser la porte ouverte
Il faudra absolument mettre les rancœurs de coté de tenter de trouver avec le Royaume-Uni les meilleures relations possibles. Un partenaire fort et heureux est préférable un voisin divisé et isolé, ou entièrement dans l’orbite américaine.
Certes, il n’y aura pas de Brexin, mais la porte doit rester ouverte. Il faut absolument conserver les meilleures relations possibles, dans tous les domaines, avec le Royaume-Uni. C’est l’intérêt des Européens, et c’est l’intérêt des Britanniques. D’autant qu’il risque d’y avoir bientôt la question de l’Ecosse. Un Scotix qui se transformerait en Scotin n’est pas impossible : la meilleure façon de résoudre la question écossaise, et la question irlandaise sera, pour les Britanniques, un accord avec l’UE.
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