Le gouvernement néerlandais a acquis une part de 14% dans Air France-KLM afin de renforcer son influence dans le groupe aérien, a déclaré mardi le ministre néerlandais des Finances.
« L’objectif est d’obtenir à terme une position équivalente à celle de l’Etat français », qui détient actuellement une participation de 14,3% dans le groupe, a dit Wopke Hoekstra lors d’une conférence de presse à La Haye le 27 au matin, le 27 au soir cela était accompli.
L’irruption des Pays-Bas au tour de table d’AF-KLM intervient après plusieurs semaines de tension entre le conseil d’administration, à dominante française, et le gouvernement néerlandais au sujet du poids des Pays-Bas sur la stratégie et la direction de l’entreprise.
« une étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais »,
Cette démarche constitue « une étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais », a précisé Wopke Hoekstra à des journalistes. « L’acquisition de cette participation nous assure un siège à table. »
« A plusieurs reprises ces dernières années, les intérêts néerlandais n’ont pas été suffisamment pris en compte dans les décisions concernant l’entreprise dans son ensemble », a en outre jugé Wopke Hoekstra dans une lettre adressée au Parlement mardi.
« De notre point de vue, les conséquences possibles pour les intérêts néerlandais ne bénéficient pas d’une considération suffisante dans l’organisation actuelle », a ajouté le ministre.
Le 19 février dernier, le Conseil d’administration du groupe a décidé de reconduire Pieter Elbers à la tête de la compagnie KLM pour un nouveau mandat de 4 ans. Dans les semaines précédentes, le poste de M. Elbers avait semblé être menacé face aux projets du PDG du groupe, Benjamin Smith, qui entend mettre en place une intégration plus poussée au sein du groupe.
Pieter Elbers (soutenu par le personnel de KLM et le gouvernement néerlandais), est donc parvenu à conserver son poste de président du directoire. En outre, il a été nommé au poste de directeur général adjoint du groupe Air France-KLM, tout comme son homologue d’Air France, Anne Rigail.
Les résultats annuels d’Air France KLM, publiés le 20 février, ont marqué une nouvelle fois le gros écart de performance entre les branches française et néerlandaise de l’entreprise.
Certes impactée par les grèves du premier semestre, Air France a vu sa rentabilité fondre de 3,8 points en 2018 avec une marge opérationnelle limitée à 1,7%. KLM est, à l’inverse, parvenu à maintenir un solide niveau de profitabilité avec un résultat opérationnel quasi stable de 1,073 milliard d’euros, matérialisant une marge de 9,8% (-0,6 point).
Mardi soir, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a pris acte de l’entrée de l’Etat néerlandais au capital d’Air France-KLM tout en soulignant que le groupe de transport aérien, dont la France possède 14,3%, devait être géré « sans interférence étatique nationale ».
« Je prends acte de cette prise de participation du gouvernement néerlandais, qui s’est faite sans information du conseil d’administration ni du gouvernement français », a dit Bruno Le Maire, selon une déclaration transmise à la presse par son entourage.
« Je réaffirme mon soutien à la stratégie de l’entreprise et de son management. Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu’Air France-KLM soit géré dans l’esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale », a-t-il ajouté.
Coup dur pour Air France KLM ! Le transporteur, qui restait sur une série haussière de six séances, plonge de 12% à 11,24 euros en fin de séance ce 27 février 2019, enregistrant sa plus forte chute depuis novembre dernier. L’annonce surprise de l’entrée de l’Etat néerlandais au capital du groupe ravive les craintes de tensions entre les branches française et néerlandaise de la compagnie. Et ce alors que l’accalmie semblait enfin se dessiner après le renouvellement de Pieter Elbers à la tête de KLM.
« L’objectif est d’obtenir à terme une position équivalente à celle de l’Etat français »
Le ministre néerlandais des Finances a précisé que cette démarche constitue « une étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais ». KLM, qui a fusionné avec Air France en 2004, et l’aéroport de Schiphol à Amsterdam sont d’une grande importance pour l’économie et l’emploi, a également déclaré le ministre. Selon lui, le gouvernement était préoccupé par le fait que les décisions sur la stratégie de KLM soient prises fréquemment au niveau de la société holding d’Air France-KLM basée à Paris.
« La participation hollandaise ne nous rend pas plus positifs », affirme Bernstein. « Nous nous inquiétons sur le fait que ces intérêts divergents nationaux vont ralentir le groupe dans sa nécessaire restructuration ».
Au final, les compagnies américaine et chinoise détiennent 9% chacune du capital, l’Etat Néerlandais 14 % et l’Etat Français conserve 14,3% du groupe mais avec des droits de vote doublés grâce à des statuts avantageux.
Fabien Ferasson de Quental avec l’AFP
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