À Paris, des FLAM du monde entier réunies pour renforcer leurs projets

À Paris, des FLAM du monde entier réunies pour renforcer leurs projets

Pour la première fois, la fédération FLAM Monde a décidé d’organiser une rencontre mondiale. Pendant trois jours, plus de 80 associations étaient réunies, issues de 26 pays différents, pour un réseau qui compte 140 associations, présentes dans 35 pays. Un événement labellisé dans le cadre de “Refaire le monde”, le festival de la francophonie.

Pendant trois jours, du 11 au 13 octobre, des tables rondes et conférences vont se succéder, avec aussi la projection d’un documentaire intitulé “Des mots en héritage”, pour mieux mettre en lumière le dispositif FLAM. Outre un projet associatif déjà ancien, FLAM (“Français langue maternelle”), il s’agit aussi d’un dispositif financier qui a été créé par le Ministère des affaires étrangères en 2001, et géré par l’Aefe depuis 2009

 L’événement, organisé par la fédération FLAM Monde, en “étroite collaboration” avec deux fédérations régionales, explique la présidente de FLAM Monde, Anne Henry-Werner : la fédération anglaise “Parapluie FLAM UK” et la fédération “FLAM Usa”.

L’acronyme FLAM, c’est le français “langue maternelle”, qu’enseignent ces associations. Apparues dès le milieu des années 80, notamment en Allemagne, via des groupes hebdomadaires où les enfants de francophones se réunissent pour pratiquer la langue française, en dehors du cadre familial. L’initiative a fait des émules, à travers le monde.

Dans son ouverture, Anne Henry-Werner appelle à “tordre le cou au mythe de l’enfant éponge qu’il suffit d’exposer à une ou deux langues, pour qu’il les maîtrise parfaitement et rapidement”. “Ça, c’est la théorie”, complète-t-elle, pour évoquer les difficultés de maintenir une pratique bilingue, surtout à partir du moment où les  enfants sont scolarisés. La fédération FLAM, c’est une “démarche parentale”, car cette pratique du français n’est pas souhaitée spontanément pour les enfants, qu’il s’agit de “garder et d’intéresser”. 

À l’horizon 2030, de nombreux questionnements

Florence Nigron-Dautovic, vice-présidente de la fédération et vivant en Croatie, évoque l’usure du bénévolat, ce qui trouve un écho auprès de différents directeurs de FLAM, présents dans la salle. Thomas, président d’une école à Londres, explique comment ils ont trouvé un équilibre entre enseignants permanents et bénévoles. Sublime, directrice d’une FLAM au Japon, évoque le fait de ne pas avoir envie de finir “bénévole en burn-out”. Pour Chantal Clairicia, directrice de la petite école d’Ealing, il est important pour les associations de se structurer, aussi pour garder les gens, qu’ils soient permanents ou bénévoles. Elle souligne l’importance de trouver des fonds pour favoriser une situation stable, notamment en diversifiant les sources de revenus. 

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@lesfrancais.press

Des loyers qui impactent lourdement le budget

À Valence, le STAFE fait danser les expatriés avec la Base Culture. Un poste pesant lourdement sur le budget des associations, explique plusieurs directeurs de FLAM, c’est le loyer. Ainsi, Anne-Sophie témoigne de la situation dans son association à Valence (Espagne), qui voit près de la moitié de son budget passer dans le loyer. Un aspect qui ne manque pas de peser, dans une association où le bénévolat joue un rôle si important. Et qui peut freiner l’investissement dans d’autres postes fondamentaux, à commencer par la rémunération des enseignants.

À ce titre, Yann, de FLAM Rome fait part de l’expérience de son association, qui occupe des locaux du lycée français, pour un loyer réduit. Il estime que cela pourrait être généralisé pour toutes les FLAM présentes dans des villes où existent des lycées français. Aurélie Delahalle-Jackson, présidente de la fédération FLAM USA évoque quant à elle le travail de mutualisation des compétences qui est mené entre les différentes associations locales, et permet notamment de soutenir celles de taille réduite.

Esprit d’équipe

Mais les FLAM, ce sont aussi bien sûr des professeurs au parcours singulier. Laura Encaoua a commencé sa carrière comme enseignante de FLE (français langue étrangère) à Berlin, auprès de jeunes enfants. Peu de temps après, elle est devenue professeure de français “langue étrangère”, et s’est mise à transmettre son savoir auprès des enfants inscrits dans différentes structures FLAM, avec un statut de travailleuse indépendante. Dans un premier temps, elle s’étonne quelque peu d’être recrutée pour enseigner à Boston, mais aussi en Californie, pour les écoles de Sacramento comme de San Diego. Nul don d’ubiquité chez elle, mais sans doute une bonne connexion, puisqu’elle officie depuis Marseille, où elle réside. Un peu nomade numérique sur les bords, elle témoigne d’une organisation collective assez dense, qui lui permet de ne pas se sentir isolée. Pendant ces trois jours de réunion, elle se réjouit des échanges avec d’autres enseignants, qui permettent de partager autour de diverses pratiques pédagogiques.

Des ateliers pour mieux se structurer

Ainsi, au moment de se projeter sur cet horizon 2030, ce qui semble préoccuper en grande partie les acteurs des FLAM, c’est la possibilité de préserver la motivation des parents qui s’y impliquent. En effet, les témoignages convergent pour constater que toute la bonne volonté du monde a aussi ses limites. Et qu’à trop tirer sur la corde, on risque parfois de se retrouver dans le rôle un peu improbable du bénévole en burn-out. 

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Pour Gabrielle Durana, présidente de l’association “Éducation Française Bay Area”, qui œuvre à San Francisco, le besoin de se structurer ne fait pas de doute. Elle a créé l’association il y a maintenant seize ans, en 2008. Et c’est après quatre ans qu’elle est devenue la cinquante-cinquième salariée de la structure. Avec un salaire somme tout modeste, de 18 500 dollars annuels. Selon elle, les fondateurs des associations FLAM ont pour point commun de partir d’un “militantisme”. Celui de parents qui souhaitent que leurs enfants puissent bénéficier de cours de français dans un cadre collectif. À défaut d’avoir accès à l’enseignement dans les lycées français, dont les frais d’inscription peuvent s’avérer être de véritables repoussoirs. Les termes sont clairs : l’essor initial, c’est un militantisme, en faveur de la “justice linguistique”, et de “l’inclusion dans une offre de service public de l’école française”.

La professionnalisation des structures se ferait donc ressentir dans un second temps, un peu comme un mal nécessaire. Gabrielle souligne un message qu’on lui a rapidement transmis, et qui lui semble incontournable : une association FLAM ne dure que grâce aux permanents, la véritable “colonne vertébrale” de l’association.

Et pour ne pas céder au découragement, et favoriser les dynamiques collectives, quoi de mieux que des ateliers ? Durant une bonne partie de la journée, les nombreux participants venus du monde entier ont échangé leurs bonnes pratiques et bonnes idées, sur quatre thématiques : les stratégies de l’autonomie financière, les formes d’organisation, le développement de l’offre pédagogique, et enfin, la formation et le recrutement des enseignants. Vaste programme.

Auteur/Autrice

  • Etienne Antelme

    Etienne Antelme est journaliste indépendant. Après un parcours de formation en sociologie, ses centres d'intérêt et son envie d'écrire l'ont amené vers le journalisme. Avec comme points d'ancrage principaux la culture, les multiples "mondes" du travail, ou encore l'économie sociale et solidaire, il écrit pour différents médias web et print.

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