Il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre, heureusement, mais de bataille juridique. Ou symbolique. Encore qu’aux Etats-Unis, dés qu’il y a une procédure engagée, on ne sait jusqu’où elle peut aller.
Nuisance à la santé publique et activités dangereuses
Le Procureur de l’Etat du Missouri, Eric Schmitt, a porté plainte contre le gouvernement chinois, le Parti communiste et d’autres responsables et institutions chinoises pour avoir dissimulé l’ampleur de l’épidémie du Coronavirus. Les poursuites sont motivées pour des raisons de « nuisance à la santé publique » et d’ « activités anormalement dangereuses ». Le Procureur accuse les autorités chinoises d’avoir caché des informations essentielles, arrêté des lanceurs d’alerte, dissimulé la gravité de l’épidémie, ce qui a entrainé des « une pandémie mondiale inutile et évitable » et provoqué des « dommages économiques et humains irréparables ». Pour le Procureur, les autorités chinoises ont laissé se propager le virus, apparu début décembre à Wuhan, sans prendre les mesures qui auraient pu arrêter sa propagation.
Le Procureur considère que ces fautes ont entrainé des pertes économiques se chiffrant à plusieurs milliards de dollars pour l’Etat du Missouri. Le Procureur demande donc des dommages et intérêts, sans en avoir précisé le montant.
Au Missouri, 177 personnes sont mortes, jusqu’à présent, du fait du coronavirus et 5800 personne sont été testées positives.
Un premier coup dans une guerre d’influence
Cette plainte officielle s’inscrit dans un contexte de dénonciation de plus en plus sévère des autorités chinoises. Celles-ci ont été mises en cause directement par Donald Trump, ainsi que par beaucoup d’élus américains, mais aussi par le Premier ministre britannique par interim Dominic Raab, par Emmanuel Macron, la Chancelière Merkel, et les autorités australiennes.
Tous disent qu’il faudra que Pékin répondent à certaines questions, que la Chine cache des informations, sans qu’aucun gouvernement ne soit allé aussi loin que les accusations éparses que l’on retrouve dans bien des messages plus ou moins complotistes : Le virus serait issu d’un laboratoire de recherche, il aurait été diffué à dessein ou par maladresse, la Chine exporte du matériel défectueux, les Chinois veulent ruiner les Occidentaux, rendre dépendants les pays d’Afrique, la Russie, l’Europe, etc…
Derrière la pandémie, au delà de la crise économique se joue une bataille de communication et d’influence.
La Chine se défend, à la fois des accusations, qu’elle juge infondées, et rétorque que les Occidentaux s’en prennent à elle pour cacher leur incapacité à combattre efficacement l’épidémie. A Paris, l’Ambassade chinoise a comparé la construction d’un hôpital de 10.000 lits à Wuhan en une semaine et le montage d’un hôpital de campagne de 30 lits à Mulhouse en une semaine par l’armée. Une moquerie peu appréciée par le Quai d’Orsay. Les Chinois s’étonnent : Avoir confiné une ville de 10 millions d’habitants et une province entière, ce ne serait pas une alerte, plaident-ils ? Une façon de vanter l’efficacité – et la transparence -chinoise. Dissimulation et propagande, disent les autres.
La plainte du Procureur Schmitt, au delà du caractère symbolique qu’elle peut avoir, risque d’en entrainer d’autres. En Australie, la Cour a rejeté une plainte déposée par un particulier contre le gouvernement chinois. Mais cette fois, il s’agit du Procureur de l’Etat. Cette plainte contre le gouvernement chinois ne fait que suivre les nombreuses autres plaintes de particuliers qui sont ou seront déposées contre les gouvernements et les élus dans le monde entier. Elle précède peut-être d’autres plaintes portées directement contre la Chine, par des particuliers, ou encore des Etats.
Si seulement les conflits et les rivalités pouvaient se régler uniquement par le droit…
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