Le massacre le 09 août 2020, au Niger, des six travailleurs humanitaires d’Acted et d’Impact avait suscité l’indignation internationale : deux ans après leur assassinat, l’enquête se poursuit mais aucun participant à l’attaque revendiquée par Daesh n’a été arrêté.
Une attaque pendant un safari
Dans la matinée du 9 août 2020, six travailleurs humanitaires d’Acted et Impact – deux hommes et quatre femmes âgés de 25 à 31 ans – ont été exécutés, avec leur guide et chauffeur nigériens âgés tous deux de 50 ans, alors qu’ils visitaient la réserve de girafes de Kouré. Leur 4X4 blanc, portant le sigle de l’ONG sur les portières, a, pourtant, été pris pour cible par des hommes armés à motos.
Une telle attaque contre des Occidentaux – revendiquée un mois plus tard par Daesh – fut inédite dans la réserve de Kouré, fréquentée par des touristes, des éleveurs et des cultivateurs. Aucun problème de sécurité n’avait été signalé dans ce sanctuaire d’environ 116 000 hectares non clôturés, où vivent les dernières girafes peralta. Néanmoins, des témoins ont évoqué la présence, plusieurs mois avant l’attaque, d’hommes armés à motos dans les environs d’une commune au nord-est de Kouré.
Trois juges d’instruction antiterroristes français
L’enquête, menée conjointement par la France et le Niger, a révélé que l’ONG n’était pas visée et qu’il s’agissait d’une « attaque d’opportunité », selon une source proche du dossier. « Les assassins étaient sur place depuis quelques jours et ont repéré le véhicule d’Acted. On en déduit qu’ils attendaient la première voiture de Blancs pour attaquer ». Trois juges d’instruction antiterroristes sont en charge depuis le 25 août 2020 d’une information judiciaire pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste ».
Ils doivent répondre aux nombreuses questions des familles en France. Les mesures de sécurité étaient-elles suffisantes ? Cet attentat a-t-il été minutieusement préparé dans cette région, investie par les groupes terroristes ? Les humanitaires ont-ils été ciblés ou leur sort s’est-il décidé au moment de leur rencontre avec leurs assaillants ? Quel est l’éventuel commanditaire ?
Deux des trois magistrats antiterroristes français ont reçu pendant plus de trois heures les proches des victimes le 11 octobre 2021. A l’issue, « les familles ont salué la qualité du travail mené, le sérieux de l’enquête », a rapporté l’un des avocats des parties civiles, Me Joseph Breham. « Il reste des zones d’ombre, mais nous avons eu des réponses à quasiment toutes les questions ».
11 arrestations au Niger
Du coté du Niger, en octobre 2021, l’enquête fit un bond. Logisticiens, guetteur, donneur d’ordre intermédiaire, en tout c’est 11 personnes soupçonnées d’avoir participé à l’assassinat des six humanitaires français, de leur guide et de leur chauffeur nigériens, en août 2020, qui ont été arrêtées au Niger ces derniers mois et placées en détention.
Parmi ces 11 suspects figurent au moins un des guetteurs et un donneur d’ordre intermédiaire. Les autres appartiennent à deux cellules logistiques démantelées à Niamey, la capitale nigérienne, et dans un village proche de la réserve de Kouré, où le véhicule de l’ONG avait été pris en chasse par trois hommes armés à motos.
L’arrestation de ces 11 personnes a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier. Les trois assaillants ont été identifiés mais n’ont pas été retrouvés. Les 11 suspects ont été arrêtés entre août 2020 et février 2021 au Niger, puis placés en détention par un juge nigérien. Aucune date de procès n’est connu alors que certains ont été libérés. Pour la France, les vrais coupables n’étaient pas identifiés.
Une action militaire
En conséquence, la France a agit sur le plan militaire. En effet, le 21 décembre 2021, le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni annonçait l’exécution d’un des membres du commando, Soumana Boura.
« Hier (lundi), dans la région de Tillabéri (ouest), nous avons neutralisé par frappe aérienne un chef de groupe de l’EIGS, Soumana Boura, un des auteurs de l’assassinat de six ressortissants dans le parc de Kouré le 9 août 2020« , qui « avait filmé l’exécution et en avait assuré la médiatisation« , a déclaré à l’AFP
Le colonel Pascal Ianni à l’AFP le 21 décembre 2021
Soumana Boura dirigeait un groupe de plusieurs dizaines de combattants dans l’ouest du Niger, selon l’armée française. Il a été éliminé par un tir de drone alors qu’il était seul sur une moto. Une unité française avait été envoyée au sol pour fouiller la zone et identifier formellement le djihadiste, a détaillé l’état-major dans un communiqué, en précisant que cette opération avait été menée « en étroite coordination avec les autorités nigériennes« .
La situation actuelle
Le ministère des Affaires étrangères rappelle le risque d’attentat étant élevé, les Français résidents ou de passage à l’étranger sont appelés à faire preuve de vigilance maximale.
Il convient en particulier de se tenir à l’écart de tout rassemblement et d’être prudent à l’occasion des déplacements. Il est également recommandé de se tenir informé de la situation et des risques, en consultant les recommandations des Conseils aux voyageurs. La menace d’enlèvement visant des Occidentaux demeure élevée au Niger y compris dans la capitale Niamey.
Tout déplacement dans les zones formellement déconseillées (rouges) est à exclure. Dans les zones déconseillées sauf raison impérative (oranges), il convient, si le déplacement ou le séjour s’avère indispensable, de faire preuve d’une extrême vigilance et de prendre des mesures de sécurité renforcées, en particulier pour ce qui concerne les trajets et les hébergements.
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