Zone euro, un recul du PIB 

Zone euro, un recul du PIB 

Le taux de croissance de la zone euro s’est contracté de 0,1 % au troisième trimestre après avoir augmenté de 0,2 % au deuxième. La France fait mieux que nombre de ses partenaires. Le PIB a, en effet, reculé en Allemagne comme en Italie. L’Espagne continue, en revanche, à maintenir un rythme de croissance correct. 

Le PIB de l’Italie a stagné au troisième trimestre, échappant ainsi de justesse à la récession. Au deuxième trimestre, il avait reculé de 0,4 %. Si l’agriculture, la sylviculture et la pêche ont vu leur production baisser, l’industrie a connu une hausse de son activité et les services ont stagné. L’acquis de croissance au troisième trimestre a été de 0,7 %, tout comme au deuxième, précise l’institut statistique italien, Istia. La prévision de croissance retenue par le gouvernement est désormais de 0,8 %, contre 1 % auparavant. Pour 2024, l’exécutif prévoit une hausse du PIB de 1,2 % contre 1,5 % initialement escompté. Plus pessimiste, le Fonds monétaire international (FMI) parie sur une croissance limitée à 0,7 % en 2023 et 2024. 

Le PIB allemand a diminué de 0,1 % au troisième trimestre par rapport au précédent selon une première estimation de Destatis publiée ce lundi 30 octobre. Cette contraction est plus faible que prévu (-0,2 %). Au deuxième trimestre, le PIB allemand avait progressé de +0,1 %, après une croissance nulle au premier trimestre. L’Allemagne n’est ainsi pas entrée en récession technique, qui se définit par deux trimestres de baisse consécutive du PIB. Pour l’ensemble de l’année, le PIB allemand pourrait reculer. 

Le gouvernement s’attend à une baisse de 0,4 %. Selon le FMI, l’Allemagne serait le seul pays du G7 à connaître une baisse de son PIB (-0,5 %). Une amélioration est attendue pour 2024. Le FMI prévoit un rebond de la croissance allemande à +0,9 %. Le gouvernement mise, pour sa part, sur une croissance de +1,3 %. La reprise à venir sera favorisée par un recul progressif de l’inflation – attendue à 2,6 % en 2024 puis 2 % en 2025 après 6,1 % cette année – et un marché du travail dynamique. 

Pour l’ensemble de la zone euro, une baisse de 0.1%. L’Espagne en tête de la croissance

Les difficultés de l’Allemagne entraînent des répercussions en Autriche où le PIB a diminué de -0,6 % sur la période de juillet à septembre, par rapport au trimestre précédent, selon l’institut de référence Wifo. L’Autriche est ainsi entrée en récession, son PIB ayant reculé de 0,8 % au deuxième trimestre dernier. Sur un an, l’indicateur a chuté de -1,2 %. La tendance est morose depuis mi-2022. L’Autriche est particulièrement exposée aux difficultés de l’Allemagne voisine qui est son premier partenaire commercial. 

En Espagne, la croissance économique a légèrement ralenti au troisième trimestre à 0,3 %, selon une estimation provisoire publiée ce vendredi par l’Institut national des statistiques (INE). Ce chiffre est inférieur de 0,3 point à celui du premier trimestre (0,6 %), et de 0,1 point à celui du deuxième trimestre. En revanche, le résultat du troisième trimestre est conforme aux dernières prévisions de la Banque d’Espagne. Cette décélération s’explique par la baisse de l’investissement des entreprises (-0,4 %), mais aussi, et surtout, par la chute des exportations. Ces dernières ont reculé de 4 %, après une baisse de 3,3 % au deuxième trimestre. 

La consommation des ménages continue de progresser, +1,4 % au troisième trimestre. Le secteur des services et, en particulier, le tourisme expliquent ce bon résultat. En revanche, l’industrie est en baisse de 0,6 %. Dans le secteur agricole, l’activité s’est contractée de 3,4 %, dans un contexte de sécheresse qui a fortement affecté les récoltes. La croissance espagnole devrait être de 2,4 % cette année. Cet objectif est proche des hypothèses retenues par le FMI (2,5 %) et par l’OCDE (2,3 %). L’Espagne est actuellement l’un des principaux moteurs de la croissance en Europe. Le taux de chômage est néanmoins légèrement en hausse au troisième trimestre, à 11,84 % de la population active, contre 11,60 % fin juin. Le taux de chômage espagnol, l’un des plus élevés de la zone euro.

Pour l’ensemble de la zone euro, selon Eurostat, le taux de croissance a été en baisse de 0,1 % au troisième trimestre. Pour l’ensemble de l’Union européenne, le PIB a augmenté de 0,1 % par rapport au troisième trimestre 2022. En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 0,1 % dans la zone euro et dans l’Union au troisième trimestre 2023, après +0,5 % dans la zone euro et +0,4 % dans l’Union au trimestre précédent. 

recul du PIB
Pour l’ensemble de la zone euro, le taux de croissance a été en baisse de 0,1 % au troisième trimestre

Le chômage stable

En septembre, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,5 %, en hausse par rapport au taux de 6,4 % enregistré en août. Il demeure en baisse par rapport au taux de 6,7 % enregistré en septembre 2022. Le taux de chômage de l’Union Européenne (UE) était de 6,0 % en septembre 2023, un taux stable par rapport à celui enregistré en août et en baisse par rapport au taux de 6,1 % enregistré en septembre 2022. Eurostat estime qu’en septembre 2023, 13,026 millions de personnes étaient au chômage dans l’Union dont 11,017 millions dans la zone euro. 

La France se situe au-dessus de la moyenne de la zone euro avec un taux de chômage de 7,3 %. L’Espagne et la Grèce sont les deux pays ayant encore un taux supérieur à 10 % au sein de l’Union.

Baisse de l’inflation

Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé, selon Eurostat à 2,9 % en octobre, contre 4,3 % en septembre. S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’alimentation, l’alcool et le tabac devraient connaître le taux annuel le plus élevé en octobre (7,5 %, comparé à 8,8 % en septembre), suivi des services (4,6 %, comparé à 4,7 % en septembre), des biens industriels hors énergie (3,5 %, comparé à 4,1 % en septembre) et de l’énergie (-11,1 %, comparé à -4,6 % en septembre). En retenant l’indice des prix à la consommation harmonisé permettant les comparaisons européennes, le taux d’inflation de la France en octobre est supérieur à la moyenne de la zone euro, 4,5, contre 2,9 %. Le taux d’inflation a été, pour le mois d’octobre, évalué à 3 % en Allemagne, à 3,5 % en Espagne et à 1,9 % en Italie.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel

    Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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