« Regards croisés », c’est la promesse que la FAPEE (Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger) nous a donné au début de son webinaire organisé ce jeudi 11 mai sur le futur des EGD (Etablissements en Gestion Directe) dans le réseau des établissements français à l’étranger.
Après plus de deux heures d’échanges, si quelques regards ont effectivement pu se croiser durant le débat, les points de vue des invités sont souvent restés divergents, englués parfois dans des postures politiciennes.
Parmi les intervenants, Samantha Cazebonne, sénatrice des Français établis hors de France, Jean-Hervé Fraslin, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger, Jean-Yves Leconte, sénateur des Français établis hors de France, Jean-Paul Négrel, directeur général adjoint de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) et Frédéric Petit, député des Français établis hors de France.
Les sujets qui fâchent
Organisée en marge de la consultation publique organisée sur l’enseignement français à l’étranger par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), la réunion de la FAPEE a abordé certains « sujets qui fâchent », notamment sur la transparence des comptes, le statut des EGD, sur l’existence d’un marché de l’éducation, sur les capacités d’investissement des établissements, sur les éventuels partenariat public-privé ou bien encore sur le rôle réel confié aux associations de parents d’élèves, …
Une demande commune émerge des discussions : avoir accès plus facilement aux comptes de chaque établissement. Si tous les intervenants soulignent les importants contrôles de gestion auxquels sont soumis l’AEFE, tous regrettent que les chiffres publiés soient présentés de manière globale, empêchant ainsi d’accéder de manière transparente au budget de chaque EGD.
Un souhait de transparence
« Ne pas avoir accès directement au budget de chaque établissement empêche le développement de stratégies efficaces sur le terrain », souligne Frédéric Petit. Pour Samantha Cazebonne, « la présentation d’un budget global ne permet pas d’identifier les points de vigilance pour certains EGD, et donne aussi à Bercy une vue biaisée des capacités financières ». Jean-Yves Leconte souhaite également cette transparence qui « permettrait de mesurer la baisse du financement de l’Etat dans certains établissements ».
Partenariat public – privé : bonne idée ou excuse ?
Aujourd’hui l’AEFE ne dispose pas de la capacité d’emprunter pour soutenir des projets d’investissement, par exemple dans l’immobilier. De nombreux parents regrettent la vétusté de certains bâtiments, la dégradation des salles de classes ou des commodités ou bien encore ou l’absence de salles de conférences adaptés aux besoins des établissements. Samantha Cazebonne partage alors « l’idée de développer des partenariats public-privé (PPP) pour faciliter la réalisation de ces projets ». Cette proposition inquiète Jean-Yves Leconte qui estime que les PPP seraient alors « sans contrôle et créés sous la fausse excuse du respect des deniers publics ». Frédéric Petit rappelle qu’il est « difficile pour un parlementaire de donner à l’AEFE aujourd’hui le droit d’emprunter si l’accès aux détails des investissements, établissement par établissement, reste compliqué ».
Une proposition intermédiaire pourrait alors venir de l’Assemblée des français de l’étranger, Jean-Hervé Fraslin fait part d’une synthèse proposée dans une résolution adoptée qui ouvre la possibilité à l’AEFE d’emprunter à la condition de pouvoir accéder aux comptes de chaque établissement et au dossier de chaque projet pour lequel un emprunt serait envisagé.
La co-construction : une réponse à l’avenir des EGD ?
Les élu(e)s appuient les associations de parents d’élèves à prendre toute leur place, Jean-Paul Négrel conseille aussi aux parents d’utiliser les moyens mis en place dans les établissements pour se faire entendre. C’est aussi le souhait d’Hugo Catherine qui lance un appel vers une évolution collective pour bâtir le futur des EGD en passant de la consultation, qui s’organise parfois quelques minutes avant la présentation des conclusions « à une véritable co-construction ». Et, ces regards croisés permettront alors, peut-être, à chacun de regarder ensemble dans la même direction pour construire l’école de demain adaptée aux besoins (et aux rêves) des élèves.
Quali ou quanti ?
Devant l’offre scolaire existant à l’étranger « Les parents sont pragmatiques, ils comparent » rappelle Samantha Cazebonne, ajoutant qu’« agilité, flexibilité, et offres de services » sont aussi des axes de développement, Jean-Paul Négrel, directeur adjoint de l’AEFE, rappelle aussi « l’importance des moyens consacrés à la formation des équipes dans les établissements », Jean-Yves Leconte s’inquiète de l’avenir des EGD « à force de donner des semelles de plombs en guide de budget aux services publics ».
Présenté en 2019, l’objectif du Président Macron d’un doublement des effectifs dans les lycées français à l’étranger d’ici 2030 est toujours d’actualité. Hugo Catherine, le président de la FAPEE, en conclusion de ce webinaire, demande à l’Elysée un changement de braquet : « l’objectif présidentiel quantitatif met trop sous pression l’organisation de l’AEFE alors que nous souhaitons que ce pilotage opte davantage pour le qualitatif ». C’est aussi toute la place des associations de parents d’élèves qui se joue aujourd’hui avec ces perspectives.
Laisser un commentaire