Virus, effets non secondaires.

Virus, effets non secondaires.

Le virus ? Ou il tue ou il rend fou. En Chine, quelques millions de non vaccinés « ne seront pas admis dans les lieux publics tels que hôpitaux, maisons de retraite, écoles, bibliothèques, musées, prisons ou transports publics ». Les autorités chinoises ont délivré plus de 1,4 milliard de doses de vaccins et  prévoient d’immuniser les deux tiers de la population d’ici la fin de l’année. Remarquable, même si cela laissera un tiers de coté, plus ou moins cloitrés.

En France, Emmanuel Macron a franchi le tabou de la vaccination obligatoire et celui du contrôle sanitaire. Trois millions de rendez-vous vaccinaux ont été pris dans la foulée. L’amour de la liberté pousse à la vaccination. A moins que ce ne soit la bonne vieille histoire de la servitude volontaire ? La nouvelle loi sur « l’urgence sanitaire » se votera dans l’indifférence, tant les lois d’exception sont devenues la règle, l’urgence le long cours.

Contraindre plutôt que convaincre  

A Moscou, la vaccination est devenue obligatoire dans certains secteurs.  Seulement 7% des Russes seraient vaccinés. Ils doutent des effets positifs du Sputnik (qui ne marcherait qu’à 50%) mais craignent ses effets négatifs (tous seraient malades). Les Russes s’étaient vantés d’avoir sorti leur vaccin les premiers : trop tôt peut-être. Les autorités recensent 141.000 décès. Rosstat, l’institut de statistiques  compte, lui,  290.000 morts. Reuters, enfin, annonce 428.000 décès excédentaires par rapport aux années antérieures. 

Faire un procès à Poutine sur ces maquillages serait injuste, il avait annoncé qu’il ne donnerait pas les bons chiffres. D’ailleurs, qui les donne ? Les Chinois ? Ils tissent une relation très personnelle avec la vérité : « Les journalistes doivent aimer le Parti, protéger le Parti et suivre fidèlement le leadership du Parti en pensée, politiquement et par leurs actes[1] C’est donc avec force que la Chine a rejeté les critiques de l’OMS[2], pourtant traditionnellement bienveillante avec Pékin, qui avait osé regretter le « manque de coopération des autorités chinoises dans l’enquête sur l’origine de la pandémie ». Comme s’il venait de Chine, ce virus américain! Selon l’OMC, il y aurait même eu « une tentative prématurée» d’écarter la théorie de l’accident de laboratoire. Dire que des fous y avaient pensé.

A force de prendre les gens pour des imbéciles, ils le deviennent

Difficile d’y voir clair. A la perte de confiance des sources officielles s’ajoute le succès des fake news. Le manque de transparence des informations y est pour beaucoup. A force de prendre les gens pour des imbéciles, ils le deviennent, sont prêts à croire n’importe quoi et n’importe qui. 

Surtout dans une situation de panique entretenue par un discours de peur. Selon une étude du MIT[3] a mené une fausse information atteint un groupe de 1500 personnes six fois plus vite qu’une vraie. Les esprits malins regimbent : qui dit qu’une information est vraie ou fausse ? 

Dans des pays où la presse est libre, il n’est pas si difficile de vérifier les informations, regarder les sources. D’autres pays simplifient le travail: le gouvernement décide ce qui est vrai. 

La vérité malade du virus.

Beaucoup, y compris dans les démocraties libérales, voudraient créer des agences voire des permis d’informer. Le droit suffit : La propagation de fausses nouvelles est punie par la loi dans la plupart des pays démocratiques. En France, par l’article 27 de la loi du 29 juillet 1881 : Pour que l’infraction soit constatée, il faut que la nouvelle soit fausse, mensongère, et de nature à troubler la paix publique. La Cour de Cassation (1999) sait distinguer une information fausse d’une opinion fausse, et la Cour d’Appel de Paris (1998) exige l’atteinte à la paix publique. Appliquer la loi serait suffisant plutôt que d’imaginer d’autres contraintes, qui empièteraient forcément sur la liberté d’expression. En Italie, le gouvernement, pourtant issu d’un parti fondé par un histrion de génie, s’en est ainsi pris à des medias « subversifs ». 

Avant de dénoncer les autres, les pouvoirs publics devraient plutôt prendre garde à ne pas tordre les faits, ou à couvrir de ridicule la parole publique : « Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde, disait la porte-parole du gouvernement, « l’utilisation d’un masque, ce sont des gestes techniques précis, sinon ça peut même être contre-productif. »Les propagateurs de fausse nouvelle, dans cette crise de covid, ne sont-ils pas, souvent, les gouvernements? Traiter l’information avec transparence n’a pas été la règle, pas plus que traiter les citoyens en adultes responsables. Tout se tient. 

Les données les plus fiables sont ceux de l’Université John Hopkins. Elles indiquent que la pandémie de Covid-19 a touché 190 millions de personnes dans le monde et provoqué plus de 4,1 millions de morts. Mais à y regarder de près, ces données sont incertaines. D’une part, elles viennent des gouvernements. Ainsi, elle se contente des 144.000 victimes officielles pour la Russie, sans correction. Elle ne compare pas les taux de mortalité année par année pour évaluer les effets de la pandémie. L’OMS non plus.

Victimes collatérales du virus dans les pays pauvres.

On s’approcherait alors d’une meilleure évaluation. Mais quelle sera, dans les pays pauvres la part du virus et celle des effets de la pandémie ? Des effets du blocage des frontières et de l’économie mondiale ?  

En Afrique, le virus commence à frapper sévèrement certains pays. Seulement 8 millions de personnes sont vaccinés. Les Etats-Unis annoncent 25 millions de doses pour l’Afrique. La France envoie des vaccins en Tunisie. Le COVAX[4] prévoit de distribuer deux milliards de doses d’ici le début de l’année 2022 pour 92 pays parmi les plus pauvres. Le Maroc construit avec la Chine une usine pour produire des vaccins. 

Mais déjà, les effets de la panne économique sont  dévastateurs : 9,9% environ de la population serait en situation de sous-alimentation en 2020, contre 8,4% en 2019.  Selon l’OMS et l’UNICEF, 23 millions d’enfants n’ont pas reçu de vaccins de base en 2020, 3,7 millions de plus qu’en 2019 : Les vaccinations des enfants contre la rougeole, la polio ou la méningite  sont en recul. 

Les effets collatéraux des mesures prises contre le virus, que ce soit sur la liberté,  l’information, le contrôle des populations, la santé psychique, les inégalités, les conflits internes ou directement la misère peuvent être pires que la maladie elle même. 

Laurent Dominati

A.Ambassadeur de France

A.Député de Paris


[1] Xi Jinping, discours, février 2016.

[2] OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé.

[3] MIT, Massachusetts Institute of Technology.

[4] Covax, sous l’égide de l’OMS vise à fournir des vaccins contre le Covid-19 à tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu.

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