La célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts, instituant l’état-civil et le français comme langue de l’administration, a été signée en 1539 dans l’un des châteaux favoris du roi François Ier.
Depuis l’installation de la Cité internationale de la langue française, une exposition permanente et un parcours pour découvrir l’aventure de la langue française et sa richesse y sont proposés. Avec TV5MONDE, on part à la découverte de ce premier lieu culturel dédié à la Francophonie au château de Villers-Cotterêts dans l’Aisne, à 80 km de Paris.
Un petit Chambord
Ce « petit Chambord » du Valois, à une heure en train de la gare du Nord (Paris), dans le département de l’Aisne, a beaucoup souffert de la Révolution, jusqu’à être livré aux toiles d’araignée et aux rats. Il a été sauvé in extremis en 2018, quand le président de la République Emmanuel Macron a décidé d’y établir une Cité internationale de la langue française. Celle-ci a été inaugurée le 30 octobre 2023.
Nul ne se plaindra de la restauration de cet édifice, l’un des rares témoins de la Renaissance française au nord de la Loire avec le château d’Écouen.
L’architecte Jacques Androuet du Cerceau nous en a laissé de belles esquisses. Et rappelons que naquit à quelques rues de là l’un des plus merveilleux virtuoses de notre langue, Alexandre Dumas. Dans le même temps ou à peu près, dans la campagne environnante du Valois, un garçonnet s’énamourait d’une jolie Sylvie blonde. Il allait transcrire ses souvenirs d’enfance dans des poèmes signés Gérard de Nerval. Rappelons aussi que Villers-Cotterêts est à 10km de la Ferté-Milon, où naquit Racine…
Le coup de coeur de François 1er
La renommée de la forêt de Retz, dans l’Aisne, ne date pas d’hier. En 632, Dagobert Ier y pratique déjà la chasse ! Les rois qui lui succèdent apprécient eux aussi sa richesse en gibier et y font construire une résidence sans prétention.
La grande histoire du château ne commence réellement qu’avec le futur François Ier, qui reçoit de son cousin le roi Louis XII le duché de Valois et le château alors qu’il n’a que 3 ans !
En 1528, quelques années après sa lourde défaite à Pavie en Italie, le souverain lance une série de chantiers, du Louvre qu’il agrandit au château à Fontainebleau qu’il construit.
Pour s’adonner à son activité favorite, la chasse, symbole des élites, il érige un palais royal au milieu de la forêt de Retz, la plus vaste de France à l’époque.
Villers-Cotterêts, qui n’est alors qu’un village modeste, a aussi l’avantage d’être le cœur géographique du duché de Valois, dynastie dont François Ier est issu.
Des fastes royaux aux mendiants
Les turbulences de la Révolution sonnent le glas de la gloire du château, saisi comme bien national en 1790. L’histoire s’accélère alors, et les démolitions avec.
Une caserne de l’armée républicaine s’y installe brièvement en 1789, puis un dépôt de mendicité en 1808 pour les indigents du département de la Seine, qui recouvre à l’époque une petite partie de l’Île-de-France actuelle (Paris et les communes avoisinantes dans un rayon d’une dizaine de kilomètres).
Afin d’accueillir jusqu’à 1800 reclus, des travaux sont ordonnés et dégraderont une partie de l’architecture fastueuse d’antan.
Réfectoire, infirmerie et dortoirs sont aménagés, comme le dortoir des hommes dans l’ancien théâtre de Louis-Philippe, ou celui des femmes infirmes dans l’ancienne chapelle royale. Les murs sont abattus pour obtenir des salles vastes afin de faciliter la surveillance. De même, des barreaux et des grillages sont fixés aux fenêtres pour décourager les fuyards et éviter les accidents.
Le château deviendra ensuite une maison de retraite de 1889 à 2014.
Un château miraculé de la Grande Guerre
Villers-Cotterêts est aux premières loges à la déclaration de la Première Guerre mondiale. Proche du front, la ville est investie par le service de santé des armées qui installe un hôpital militaire dans l’ancien château royal et dans son parc. Le 18 juillet 1918, l’artillerie tonne. Nous sommes au cœur de la seconde bataille de la Marne.
Tapis dans la forêt de Retz, les Alliés décident d’attaquer la contre-offensive allemande après leur défaite au Chemin des Dames, depuis Villers-Cotterêts avec la 10ème armée du général Mangin.
Dans cet affrontement féroce, le château sort quasiment indemne si ce n’est son aile occidentale en partie détruite et sa toiture endommagée par les impacts d’obus. Le document des dommages de guerre ne mentionne que quelques vitres cassées, une poignée d’ampoules manquantes, l’arrachement d’une lucarne au deuxième étage et la destruction du plafond du couloir devant la chapelle.
Un nouvel avenir pour le château
Selon les souhaits du Président de la République Emmanuel Macron, le monument devient, au terme d’une campagne de restauration de grande ampleur, la Cité internationale de la langue française.
Affectée au Centre des monuments nationaux qui gère une centaine de monuments partout en France, la Cité dispose d’un parcours de visite permanent qui invite à un voyage à travers la langue française et la francophonie.
Ouvert à tous, le lieu est animé par une programmation pluridisciplinaire d’expositions et de spectacles.
Des artistes, chercheurs et entrepreneurs sont accueillis en résidence, à côté d’activités de formation et de sensibilisation au français, d’ateliers pédagogiques et d’un « laboratoire » de recherche et d’innovation sur les enjeux linguistiques.
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