Le Quai d’Orsay a dénoncé ce jeudi 16 octobre la condamnation à de lourdes peines de prison de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis plus de trois ans. Ils ont été inculpés pour espionnage et la France les considère comme des « otages d’État ».
20 ans et 17 ans de réclusion
Lors d’une conférence de presse, les proches ont confirmé l’annonce de la condamnation à 17 ans de prison pour Jacques Paris et à 20 ans pour Cécile Kohler (fonctionnaire de l’AEFE), prononcée ce mardi.
Les Français, détenus depuis mai 2022 en Iran où ils ont été inculpés notamment pour espionnage au profit des services de renseignement français et israélien, « ont été arbitrairement condamnés » par la justice iranienne, a dénoncé ce jeudi 16 octobre le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Les motifs d’inculpation, quels qu’ils soient, sont totalement infondés », a-t-il ajouté, en demandant « leur libération immédiate« .
La survie de nos compatriotes en jeu ?
Les familles de Cécile Kohler et Jacques Paris ont alerté, plus tôt ce jeudi lors d’une conférence de presse sur la situation de leurs proches, dont « la survie » est désormais en jeu selon elles, et exhorté l’État français à les faire libérer immédiatement.
« Chaque jour de détention qui passe engage la responsabilité de l’Etat français sur la survie de Cécile et Jacques »
Noémie Kohler, soeur de Cécile
La jeune femme a confié avoir échangé brièvement mardi avec eux, « pendant huit minutes en visio » sous haute surveillance. « C’était un appel de détresse« , a-t-elle confié. « Ils m’ont dit qu’ils étaient épuisés« .
Ils sont « à bout de forces« , a-t-elle poursuivi, ajoutant que sa soeur lui a clairement dit qu’elle ne pourrait endurer encore « trois mois ou même quelques semaines de détention ». De son côté, Anne-Laure Paris, fille de Jacques Paris, a souhaité se faire « la porte-parole de son épuisement, de son désespoir, de sa détresse et de sa colère« . « Mon père m’a dit: Je regarde la mort en face », a-t-elle dit.
Enjeux internationaux
L’avocate de la famille Kohler, Me Chirinne Ardakani, a souligné que leur détention était l’une des plus longues infligées à des Français dans le monde, après celle d’Ingrid Betancourt en Colombie entre 2002 et 2008. Les proches des deux détenus ont par ailleurs estimé qu’il y avait « une rupture de confiance avec les autorités françaises qui ont retiré leur plainte auprès de la Cour internationale de justice« .
En effet, la CIJ a annoncé le 25 septembre avoir abandonné, à la demande de la France, une requête contre l’Iran au sujet de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris qui sont, selon Paris, « retenus comme otages d’État« . « Nous ne savons toujours pas où ils sont détenus depuis leur transfert forcé en juin » pendant la guerre des 12 jours avec Israël, s’est également indignée Noémie Kohler.
Mais si la France a retiré sa plainte c’est qu’en arrière-plan, les diplomates s’activent. Le 12 septembre, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait déclaré qu’un accord visant à échanger des prisonniers français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa « phase finale« .
L’échange proposé concerne Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait l’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Téhéran estime qu’elle est injustement détenue. Mahdieh Esfandiari, traductrice et diplômée de l’Université de Lyon, vivait en France depuis 2018. Si cette démarche aboutit, cela ouvrira la voie à un transfèrement de nos compatriotes vers la France.
Auteur/Autrice
-
L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, à la différence de son prédécesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composé majoritairement d'éditeurs de presse.
Voir toutes les publications