La future présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, a été contrainte lundi de remanier son équipe, les eurodéputés la forçant à réclamer à la Roumanie et à la Hongrie deux nouveaux candidats aux postes de Commissaires.
Avant même leur oral de confirmation, la sociale-démocrate roumaine Rovana Plumb (Transports) et le Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE, droite, Voisinage et Elargissement) ont été jugés « inaptes » par les eurodéputés en raison de conflits d’intérêts présumés.
Après ce revers, la conservatrice allemande von der Leyen a prié les deux capitales de lui présenter des solutions alternatives. Elle a déjà dû affronter une vive polémique à propos de l’intitulé d’un portefeuille de commissaire associant migrations et « mode de vie européen », qu’elle a pour l’instant refusé de modifier.
Après le rejet de son candidat initial, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a proposé un nouveau nom, celui de l’ambassadeur hongrois à Bruxelles, Oliver Varhelyi. M. Orban a expliqué avoir volontairement choisi cette fois-ci « un technocrate », et non « un politique ». « Son CV fait bonne impression », a commenté le porte-parole de Mme von der Leyen.
Avec les Roumains, « nous sommes encore en discussion », a-t-il ajouté. Le président roumain Klaus Iohannis (centre droit) a convoqué sa Première ministre sociale démocrate Viorica Dancila pour discuter mercredi du nom d’un nouveau prétendant à la Commission.
Le rejet de futurs commissaires est une première pour la commission des Affaires juridiques (JURI), chargée de valider leurs déclarations d’intérêt.
La Roumaine est dans le viseur du Parlement pour deux prêts litigieux. Et M. Trocsanyi a été interrogé sur ses liens avec le cabinet d’avocats qu’il a fondé en 1991, avant de devenir ministre de la Justice de Viktor Orban.
Faible marge de manœuvre
Il s’agissait d’une étape préliminaire avant une série d’auditions des candidats par les eurodéputés, qui ont débuté lundi et s’achèveront le 8 octobre.
Le feu vert du Parlement européen est obligatoire pour l’entrée en fonction des 26 commissaires.
Dans le passé, il n’a pas hésité à recaler, en 2014, une candidate slovène. Quant au socialiste français Pierre Moscovici et au conservateur espagnol Miguel Arias Canete, ils n’avaient été approuvés qu’à la faveur d’un arrangement entre les deux principales forces politiques du parlement.
Petite éclaircie dans le ciel nuageux au-dessus de l’équipe von der Leyen, l’office antifraude européen, l’Olaf, a clôturé vendredi soir l’enquête concernant le Polonais Janusz Wojciechowski. Il a recommandé le remboursement de frais de voyage datant de son mandat de député européen, à hauteur de 11 250 euros, mais a écarté des poursuites administratives ou judiciaires. Ce recouvrement a déjà été effectué.
L’Olaf mène une deuxième enquête sur un commissaire candidat, la Française Sylvie Goulard, elle aussi ancienne eurodéputée. Le dossier est toujours ouvert, mais elle a d’ores et déjà remboursé 45 000 euros correspondant à plusieurs mois de salaires de son ancien assistant parlementaire, dans l’affaire des emplois fictifs des eurodéputés du MoDem.
Mme Goulard (Marché intérieur) a reçu le feu vert de la Commission des Affaires juridiques, mais ne devrait pas échapper à la curiosité des eurodéputés en charge de son audition, tout comme une poignée d’autres collègues dont les cas seront scrutés attentivement.
« Tous les candidats auront une chance équitable, mais les candidats doivent nous convaincre qu’ils sont qualifiés pour le poste et que leur intégrité est sans reproche », résument les députés issus du groupe PPE à l’approche des auditions.
Face aux critiques du Parlement, la marge de manœuvre de Mme von der Leyen est très étroite puisqu’elle a été confirmée par les députés avec une majorité de seulement 9 voix. Elle doit entrer en fonction avec ses commissaires le 1er novembre.
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