Une année formidable

Les Français de l’étranger ont vécu une année formidable. La mère patrie aurait pu les taxer, le texte était voté, finalement, le gouvernement a décidé un moratoire : On verra après les élections. Les subventions aux associations auraient pu être supprimées, elles n’ont été réduites que d’un tiers. Des Ambassades auraient pu être fermées, seuls des services consulaires l’ont été. Les moyens diminuent aussi pour le réseau de l’enseignement français, mais cela n’empêche pas le nombre d’élèves d’augmenter. Une bonne année donc : ça aurait pu être pire.

Si les moyens diminuent, la faute à qui ? Aux entreprises qui n’exportent pas assez, puisque le commerce extérieur reste désespérément négatif. Normal, elles sont plus taxées que leurs concurrentes. C’est le même cas en Italie, dont l’économie s’atrophie. Le nouveau groupe PSA-Fiat ne sera donc ni en France ni en Italie, mais aux Pays-Bas. Pas besoin d’être économiste pour savoir ce qu’il faut faire pour garder ses entreprises et ses cerveaux. Cette année encore, la France a été championne du monde de la fiscalité.

Ça aurait pu être pire.

Mais cela va changer. Le gouvernement annonce des baisses d’impôts. L’intention est bonne. Le nombre de créations d’entreprises en France explos. Le nombre de chômeurs diminue -ce n’est qu’un début faut-il espérer : Le taux de chômage en France est encore à 8.5%. En Grande-Bretagne, malgré le Brexit : 3.8%. Allemagne : 3.1%. Etats-Unis : 3.5%. Suisse : 2.3%. L’exception française n’est pas toujours positive.

Privilégiés, comme certains osent le dire à l’Assemblée, les Français qui vivent à l’étranger n’ont eu leur Noël gâché ni par les Gilets jaunes, (c’était l’année dernière), ni par la grève des transports. Cette année, Paris a connu son record de jours de grève et son record de chaleur. Aucun rapport ? Aucun, sinon que les problèmes du passé pèsent plus lourdement encore que les angoisses de l’avenir. 6 milliards de subventions pour la SNCF par an, qui a obtenu du magazine « 20 millions de Consommateurs » le cactus d’or de l’année, qui désigne l’entreprise qui a « pourri le plus la vie des Français ». Autant d’argent qui ne va ni dans les transports du futur, ni dans l’Intelligence Artificielle, la recherche, la médecine ou l’université… ni dans le pouvoir d’achat. Soit, les Français de l’étranger ont évité ces problèmes franco-français mais en ont subi des conséquences budgétaires. Comme il y a bientôt des élections consulaires, ce sera l’occasion d’en reparler. Et de faire des choix. S’ils se font un peu mieux entendre, s’ils votent un peu plus, peut-être seront-ils mieux entendus.

En 2020 les élections consulaires

Epargnés cette année par les aléas de la politique intérieure, les Français de l’étranger ont vécu plus que d’autres les tourbillons de la politique internationale. Et là encore, bonne année. Plus par ce qui ne s’est pas produit que par les bonnes nouvelles : Trump a abandonné ses alliés mais n’a pas déclaré de nouvelle guerre. Alors qu’on attendait une crise, jamais l’économie américaine ne s’est mieux portée qu’en 2019. La Russie n’a envahi personne. La guerre commerciale sino-américaine retient son souffle. Les Etats du Sahel ne se sont pas effondrés. Daesh a été sinon vaincu, du moins dispersé. L’Europe a résisté aux coups des eurosceptiques, des Britanniques, des Américains et des Russes. La Grèce, l’Irlande, le Portugal retrouvent des couleurs. Le Brexit aura bien lieu, mais avec un accord. En Russie, en Iran, à Hong Kong, en Algérie, en Irak, au Liban, des manifestations, semaine après semaine, réclament plus de démocratie, souvent au prix du sang.  Ceux-là méritent tous les honneurs.

Bien sûr, ce qui a été évité en 2019 peut se produire en 2020. Et bien d’autres choses aussi.

51% sont « très fiers » d’être français

Les Français, s’ils restent les plus pessimistes des Européens, sont plus fiers que jamais d’être Français : 51% sont « très fiers », contre seulement 35% en 1990, détaille une enquête del’European Values Study, réalisée tous les neuf ans, publiée dans « La France des Valeurs », par le CNRS en avril 2019.

Sans cocorico, tant ils savent que la France risque de décrocher de la révolution mondiale en cours, qui met en cause aussi bien l’Etat, les institutions, les statuts, les entreprises, la monnaie, les frontières, les liens familiaux. Chaque société est traversée de ces déchirements imposés. C’est vrai en Algérie comme à Hong Kong aux Etats-Unis et en France. Cela peut donner le meilleur comme le pire, des régimes peuvent s’effondrer, des certitudes s’envoler.

Sur quoi peut-on s’appuyer ? Sur soi-même, disent les Français, individualistes et solidaires. En 2019, les Français, sont plus altruistes que jamais. Ils ne se sont jamais autant intéressés aux affaires du monde, aux pauvres, aux personnes âgées, à leurs concitoyens (plus du double en dix ans, selon l’étude). Peut-être parce qu’ils sentent que tout est plus fragile. Ils veulent aussi prendre leur vie en main : «  Les Français veulent choisir leur manière de vivre », dit le responsable cette enquête[1] « Et cela se retrouve dans tous les domaines de la vie : acceptation du divorce, de l’avortement, de l’homosexualité, du suicide, de l’euthanasie… Autonomisation, refus des contraintes, épanouissement personnel : chacun veut avoir son mot à dire.»  Tant mieux. Avoir son mot à dire, être plus autonome, plus libre et plus solidaire, ce sont des exigences difficiles, qui supposent que l’on attend moins des institutions, des organisations, et plus des autres, dans le comportement personnel, osons dire l’éthique. Et pourquoi pas ? C’est ainsi que fonctionnent les sociétés, les sociétés de confiance, plus que par les règlements. C’est un excellent début pour chacun d’entre nous de commencer par ces signes de solidarité dans les communautés de Français à l’étranger.

2020, l’optimisme est un devoir

Il y a beaucoup de critiques à élever vis-à-vis de la France, de la politique, des dirigeants. Il y a beaucoup de craintes à avoir lorsque l’on regarde les événements le chaos du monde. Il y a aussi beaucoup de chances, d’opportunités, de facilités, de liens nouveaux.

Personne ne peut dire ce que sera 2020. On peut seulement décider pour soi-même dans quel état d’esprit l’aborder. Quand le ciel est incertain, ou l’on reste chez soi, ou on ose. Par définition, les Français de l’étranger sont allés voir ailleurs. Aussi, plus que jamais, forts d’une France qui garde encore ses atouts, pour ceux qui vivent à l’étranger, l’optimisme est un devoir.

Pour nous aussi, 2019 a été une excellente année. Déjà, nous avons évité bien des écueils. Et nous avons progressé : Près de 300.000 abonnés, plus d’un million deux cent mille visiteurs sur l’année.  Qui veut s’adresser aux Français de l’étranger nous appelle : plus d’un sur deux, -en âge de lire- a consulté lesfrancais.press. Alors, pour nous aussi, ce sera, au milieu des incertitudes, plus de nouveautés, d’ouverture, de curiosité. Et pour vous, plus d’informations, d’analyses, de points de vue.

2020 sera une année formidable, vraiment. Quoiqu’il arrive : Même les tempêtes ont leur charme. Tout dépend comment on les vit.

Bonne année.

Laurent Dominati

Editeur de lesfrancais.press

Ambassadeur, a. député.

 

[1] Pierre Bréchon, Professeur à Science-Po Grenoble, coordinateur de l’étude.

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