2020, plus difficile que 2019 ?

L’impact des grèves des transports sur l’économie française est encore difficile à évaluer. Si ces dernières se poursuivaient jusqu’à la fin de l’année, une perte de 0,1 point de PIB ne serait pas surprenante. Les commerces de détail d’Île-de-France sont les plus touchés. Pour le moment, les sites en ligne n’ont pas constaté un accroissement substantiel de leurs ventes, les ménages préférant attendre le dernier moment pour passer commandes.

Au-delà des vicissitudes du moment, le climat des affaires reste comme cela a été mentionné ci-dessus bien orienter. En 2019, l’économie française a bénéficié du plan de soutien post « gilets jaunes » portant sur 17 milliards d’euros, plan qui a freiné la chute de la croissance. La France, moins exposée au commerce international que l’Allemagne, a moins souffert de son ralentissement.

En 2020, les effets des mesures gouvernementales s’atténueront, ce qui devrait peser sur la consommation. Pour l’INSEE, la croissance française s’établirait à +0,3 % au quatrième trimestre 2019, soit le même taux que lors des trois trimestres précédents. Pour le premier trimestre 2020, le taux de progression du PIB serait de +0,2 % avant de remonter à +0,3 % au trimestre suivant, pour un acquis de croissance de +0,9 % à la mi-2020 (calculé en prenant l’effet base de 2019), après +1,3 % sur l’ensemble de l’année 2019.

Dans sa dernière enquête de conjoncture, la Banque de France se montre moins optimiste que précédemment sur l’évolution de la croissance en France. Si celle-ci devrait atteindre 1,3 % en 2019, elle ne serait plus que de 1,1 % en 2020. Par rapport à la prévision de septembre, la révision à la baisse est de 0,2 point. La Banque de France estime que la demande adressée à la France par les autres pays et notamment ceux non-membres de l’Union européenne devrait ralentir dans les prochains mois.

En 2019, une grande partie des gains de pouvoir d’achat a été épargnée. La consommation ne tire pas également profit des créations d’emploi qui restent importantes depuis deux ans et cela malgré l’érosion de la croissance. Pour les économistes de la Banque de France, la consommation augmenterait de 1,5 % en 2020 et le taux d’épargne s’élèverait à 15 % du revenu disponible brut, soit un point au-dessus de la moyenne de ces dernières années. Les ménages, très attentistes, mettraient plus de temps que dans le passé à ajuster leurs dépenses de consommation quand leur pouvoir d’achat augmente. La rémanence des crises passées et les tensions sociales les pousseraient à la prudence.

En revanche, la banque centrale s’attend au maintien d’un haut niveau d’investissement de la part des entreprises qui profiteraient ainsi des taux d’intérêt historiquement bas.

L’INSEE a néanmoins une autre analyse. L’organisme statistique estime que l’investissement des entreprises pourrait décélérer en France comme dans l’ensemble de la zone euro. Cette baisse concernerait essentiellement les services. La construction pourrait pâtir, de son coté, du ralentissement des travaux publics à l’approche des élections municipales. Après une hausse de 1,4 % au troisième trimestre, l’investissement des entreprises n’augmenterait que de 0,1 point au quatrième. La hausse serait de 0,7 % au premier trimestre 2020 et de 0,6% au deuxième.

Pour l’INSEE, depuis le début d’année 2019, les exportations françaises stagnent. Les livraisons automobiles sont orientées à la baisse et les exportations de services sont décevantes. Certes, au quatrième trimestre 2019 en raison d’importantes livraisons aéronautiques et navales, le commerce extérieur devrait avoir un impact positif sur la croissance. Un ralentissement est, en revanche, attendu au début de l’année 2020. Ainsi, la contribution du commerce extérieur à la croissance serait négative en 2019 (- 0,2 point de PIB) et son acquis pour 2020 serait encore négatif (-0,3 point).

Après avoir été particulièrement dynamique au premier semestre 2019 (+170 000), l’emploi total ralentirait au second semestre (+94 000) puis au premier semestre 2020 (+88 000). Les services hors intérim resteraient les principaux moteurs de l’emploi (+61 000 puis +68 000 au premier semestre 2020), tandis que l’intérim continuerait de se replier légèrement jusqu’à la mi-2020. L’emploi industriel augmenterait un peu. Dans le secteur non marchand, l’emploi aidé repartirait à la baisse après s’être quasiment stabilisé au premier semestre 2019. L’emploi ralentit mais la hausse de la population active s’atténue permettant la poursuite de la baisse du taux de chômage. Il s’établirait à 8,2 % au printemps 2020 contre 8,5 % un an plus tôt.

Pour l’INSEE, l’inflation devrait avoisiner 1,1 % en juin 2020, soit un niveau proche de celui de novembre dernier (+1,0 %). En raison de l’évolution de certains prix réglementés et de certaines taxes, l’inflation pourrait atteindre 1,4 % en février 2020 (augmentation de la fiscalité indirecte sur le tabac, durcissement du bonus-malus automobile, écotaxe sur les vols au départ de France, réduction de la durée des soldes à quatre semaines). L’inflation sous-jacente resterait, en revanche, proche de 1 % durant la période de prévision.

En 2020, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat est reconduite mais est conditionnée à la mise en place d’un accord d’intéressement, réduisant ainsi son champ Hors effet des primes, le salaire de base continuerait de croître durant la période de prévision de l’ordre de 0,4 % par trimestre, comme au troisième trimestre dernier. En 2019, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages devrait augmenter de +2,1 % après +1,2 % en 2018, soit, par unité de consommation, +1,6 % après +0,7 %.

Au quatrième trimestre 2019, la consommation des ménages serait ponctuellement affectée par de moindres dépenses en énergie mais aussi en services de transport du fait des mouvements sociaux en octobre et décembre; à l’inverse, elle serait soutenue par un regain de consommation alimentaire. En début d’année 2020, elle conserverait un rythme de croissance de +0,3 % par trimestre.

Parallèlement, le taux d’épargne des ménages atteindrait 15,2 % en fin d’année 2019. Comme lors des deux dernières années, l’INSEE considère que le taux d’épargne devrait baisser dans les prochains mois en refluant jusqu’à 14,7 % au deuxième trimestre 2020. L’année 2020 est annoncée médiocre malgré les experts qui ont toujours en tête la fin du cycle économique.

La conclusion de l’accord sino-américain sur les échanges commerciaux et la mise en œuvre d’un Brexit négocié devraient lever quelques incertitudes. Le Président américain dans la perspective des élections du mois de novembre 2020 souhaitera mettre en avant les résultats obtenus au niveau de la croissance. Par voie de conséquence, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour la maintenir dans les prochains mois à un haut niveau.

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