Un quart de siècle d’euro, quel bilan pour les Européens ?

Un quart de siècle d’euro, quel bilan pour les Européens ?

L’euro célèbre son quart de siècle. Il est, en effet, devenu, sous sa forme scripturale, la monnaie européenne le 1er janvier 1999. Le 1er janvier 2022, il a été institué comme monnaie d’échange pour tous les agents économiques. 

Au moment de son émission, la monnaie commune fut accusée, à tort, d’avoir généré une inflation. Du fait du changement de l’unité de compte, les habitants de l’Europe ont prêté une plus grande attention, au début de l’euro, aux étiquettes en faisant la conversion. Si avant l’euro, les prix augmentaient, le ressenti était, en revanche, moindre. Depuis, l’euro a conquis ses galons et les nostalgiques des anciennes monnaies se font plus rares. 

Un temps, en France, les tenants du franc mettaient en avant le fait que la monnaie européenne avait privé les gouvernements de l’arme des dévaluations qui constituaient aux yeux des thuriféraires du franc un moyen d’améliorer la compétitivité de l’économie. Ces derniers oubliaient simplement qu’une dévaluation était la matérialisation d’un appauvrissement et qu’elle s’accompagnait en règle générale d’un plan de rigueur.

Les nostalgiques des anciennes monnaies se font plus rares

Au-delà de cet aspect technique, l’euro a-t-il profité ou pas aux Européens ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question car la monnaie ne fait pas tout. Certes, contrairement à ce que pouvait affirmer Jean-Baptiste Say, la monnaie n’est pas qu’un voile, mais il ne faut pas lui imputer la responsabilité de tous les évènements économiques et sociaux de ce dernier quart de siècle. 

Quels sont les facteurs à analyser pour déterminer si depuis l’instauration de l’euro, le bien-être des Européens s’est amélioré ? Plusieurs facteurs déterminants peuvent être retenus comme la croissance du PIB par habitant et du salaire réel, l’évolution du taux d’emploi, du taux de chômage d’ensemble et du taux de chômage des jeunes, les inégalités de revenu et de patrimoine, le taux de pauvreté, le poids de la protection sociale, la progression de l’espérance de vie et les prix relatifs de l’immobilier résidentiel. 

bilan de l'euro
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Croissance du PIB par habitant et salaire réel

Depuis 1999, le PIB en volume par habitant a augmenté de 26 % au sein de la zone euro. Cette croissance est inférieure à celle des États-Unis. Le salaire réel par tête n’a progressé que de 2 % en vingt-cinq ans. Cette faible progression est imputable à la vague inflationniste qui a dégradé le salaire réel de quatre points. 

Taux d’emploi, taux de chômage, taux de chômage des jeunes

Le taux d’emploi a fortement progressé au sein de la zone euro passant de 60 à 70 % de 1999 à 2023. Le taux de chômage de l’ensemble de la population active s’élevait en 2023 à 6 % contre 10 % en 1999. Celui des jeunes de moins de 25 ans est passé de 20 à 15 % sur la même période. 

Inégalités de revenu et de patrimoine

Depuis 1999, les inégalités de revenus se sont légèrement accrues, l’indice Gini passant de 0,294 à 0,299. La proportion du patrimoine national détenu par les 10 % les mieux dotés est passée de 58 à 60 % de 1999 à 2023, la proportion détenue par les 1 % les mieux dotés passant de 22 à 25 %. Cette progression s’explique par la forte valorisation des actifs depuis une quinzaine d’années. 

Taux de pauvreté et protection sociale

Le taux de pauvreté au sein de la zone euro (proportion de la population en dessous du seuil des 60 % du revenu médian) était en 2022 de 17,8 % contre 15,4 % en 1999. Ce taux reste inférieur à celui des États-Unis. Les dépenses de protection sociale ont fortement augmenté en zone euro passant de 17,2 à 21,8 % du PIB de 1999 à 2023. 

Espérance de vie

L’espérance de vie à la naissance dans la zone euro a atteint 81,8 ans en 2022, contre 78 ans en 1999. Le seul recul de l’espérance de vie datant de 2020 avec la Covid. Aux États-Unis, l’espérance de vie est passée sur cette même période de 76,6 à 76,3 ans. Dans ce pays, l’espérance de vie est en recul depuis 2018. Elle a diminué de deux années et demie. 

Prix relatif des logements

Les prix de l’immobilier résidentiel ont augmenté plus vite que les prix à la consommation. Depuis 1999, l’écart est de 40 %. Il avait atteint plus de 50 % en 2021 avant de se rétracter légèrement avec la baisse des prix des logements et l’augmentation de l’inflation. 

Les populations des États membres de la zone euro n’ont pas connu une dégradation de leur bien-être depuis l’introduction de la monnaie commune. Au niveau des pays, des écarts existent. Les Italiens ont été moins gagnants que les Espagnols, les Irlandais, les Croates ou les Luxembourgeois. Les problèmes de l’Italie ne sont pas d’ordre monétaire. Ils sont liés à la dénatalité et à la difficulté rencontrée par les gouvernements successifs à réformer les structures économiques et sociales du pays.

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