un G7 sous tension, une population locale en colère, des arrestations préventives, bienvenue à Biarritz...

le G7 aura lieu de 24 au 26 août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Le G7 est une réunion entre les chefs d’États des sept pays considérés comme les plus avancés du monde : l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. En raison de menaces d’actions de groupes extrémistes, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé le déploiement de 13 200 policiers et gendarmes, la frontière espagnol a vu les douaniers reprennent leurs postes et une coopération étroite avec les forces espagnoles est annoncée.

Le président de la République Emmanuel Macron l’avait annoncé lors de sa visite préparatoire à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) en mai, la sécurité sera maximale pour  pour la conférence des chefs d’États

Arrivé dans la ville ce mardi 20 août, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a passé le début d’après-midi à visiter le centre de commandement interministériel. De ce QG, les haut-gradés pourront pilotées les opérations des forces de l’ordre. Des écrans géants y affichent notamment un plan de la ville coupée en deux : une zone rouge, à l’accès restreint, et une bleue, ouverte aux habitants et aux touristes.

En compagnie du préfet des Pyrénées-Atlantiques, Éric Spitz, le ministre a détaillé à l’AFP les trois types de menace auxquels le dispositif entend faire face : « le risque de débordement, la menace terroriste, qui reste élevée dans notre pays, nous n’avons pas d’alerte particulière mais le risque est constant, et la menace cyber, qui n’est plus un élément annexe. »

Depuis lundi 19 aout,  Biarritz est passée à la loupe et placée sous video-surveillance avec l’appui continu des policiers dans la zone rouge, afin de créer une véritable bulle sécuritaire. Les forces de l’ordre seront massivement déployées dans la ville et ses alentours dès demain.

Au total, 13 200 agents vont être mobilisés à Biarritz, Bayonne, Hendaye. Pas moins de 43 compagnies de CRS seront présentes :  toutes les forces habituellement déployées sur le pays sont donc concentrées dans ce département. Ce week-end, aucun policier sera en congé, il faut en cette période estivale assurer la couverture maximale des zones touristiques. A ce dispositif s’ajoute une cinquantaine d’escadrons de la gendarmerie mobile, soit 6 000 militaires. L’armée de l’air et la marine ont été chargées de la sécurisation des voies maritimes et aériennes, de missions de contre-terrorisme et de la direction d’un dispositif anti-drone. Des unités d’élite, comme le RAID et le GIGN se tiennent aussi disponibles.

Encore plus rare, les brigades de répression de l’action violente, seront déployées pendant le sommet. Ce sont des unités mobiles regroupant en tout une cinquantaine d’agents, en particulier issus de la BAC et habitués aux violences comme aux interpellations difficiles. Ils ont été présent au plus fort de la crise des gilets jaunes.  400 sapeurs pompiers sont aussi dépêchés sur place pour renforcer les effectifs déjà pris par le risque de feux forêts et par les risques liées aux baignades.

Christophe Castaner a également salué, auprès de l’AFP,  « une coopération étroite, exceptionnelle avec nos homologues espagnols », en soulignant que « l’Espagne joue un rôle clé dans l’organisation de ce sommet ». « Des effectifs de la police autonome basque et de la garde civile seront déployés pour des missions contrôle aux frontières et de coopération en matière de renseignement », a-t-il précisé.

Interventions préventives, tolérance zero

Et en effet, les forces de l’ordre sont réactives et attentives que ce soit dans les rues ou sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que l’ont découvert 5 jeunes. Agées de 24 à 45 ans, ces 5 personnes ont été interpellées ce lundi 19 août à Tours et à Cap-Breton. Elles sont soupçonnées d’avoir préparer des attaques contre les forces de l’ordre afin de préparer le terrain pour leur complice de la mouvance anarcho-autonome. Ils ont été identifiés via les réseaux sociaux où les imprudents avaient évoqué un hôtel dans les Landes. Bien renseignés, ces derniers avaient localisé le lieu qui accueillera les effectifs de la gendarmerie le temps de l’événement politique.

Biarritz, ville assiégée

Alors que plus de 10 000 manifestants anti-G7 sont attendus sur place à l’occasion d’un « contre-sommet », Biarritz a été complètement bouclée à l’occasion de ce rendez-vous politique internationale. Au-delà  des militants écologistes, altermondialistes ou autonomistes, les forces de l’ordre anticipent la présence de nombreux blacks blocs.

Lors de sa conférence de presse, le ministre de l’intérieur a souligné l’intransigeance des forces de l’ordre face à la violence : « Notre vigilance est maximale. Biarritz ne doit connaître aucun trouble, l’ordre public doit être garanti. Il n’est pas question d’empêcher la libre expression non-violente des opinions, le contre-sommet doit pouvoir se tenir librement. Mais si le débat est légitime, les violences ne le sont pas. Nous ne tolérerons aucun débordement. »

L’organisation de cet événement international, symbole de l’entente diplomatique entre les pays les plus riches de la planète, provoque, de son côté, la fierté du maire de Biarritz, Michel Veunac.  « Nous sommes une ville à vocation d’accueil, et nous proposons des équipements de pointe et de grande qualité pour exercer au mieux cette fonction », précise-il à l’AFP. Selon le maire, l’organisation de cet événement représente « une fenêtre médiatique inouïe pour la ville », et « une occasion en or de valoriser le territoire ».

Pour les commerçants de la zone rouge, la « bunkérisation » de la ville est inacceptable. « En haute saison, nous avons 100 000 personnes à Biarritz. Dans la zone rouge, seules 7 500 personnes pourront circuler. Vous comprenez bien le manque à gagner », estime le conseiller municipal. « Pour nous, l’enjeu est considérable », confirme à L’Express Marie-Capucine Maury-Laribière, gérante de trois bars-restaurants situés dans la zone rouge. « Je suis touchée de plein fouet, puisque seule une poignée de personnes aura accès à la zone rouge. Tout mon chiffre d’affaires se fait en juillet et en août. Perdre quatre jours sur cette période, c’est perdre au moins 150 000 euros, pour un seul restaurant », au final comme un cri du coeur elle confie au célèbre magazine  » Pour mettre en avant une ville, on ne peut pas la faire mourir ».

Et ce chamboulement ne touche pas que les restaurateurs. Les personnes les plus fragiles, elles aussi, craignent pour leur quotidien. Béatrice Chevé-Audouin, gérante d’une entreprise biarrote de services à la personne, a été obligée de mettre 36 de ses salariés « en congé payé forcé », sur 40 employés. « Ils ne pourront pas passer les zones de contrôle, alors que j’ai besoin d’eux pour aider les personnes âgées pour les levers, les repas, les couchers… », explique-t-elle. Au-delà d’un chiffre d’affaires « amputé » par « quatre jours d’annulation de services en plein coeur de la saison touristique », Béatrice Chevé-Audouin confie à l’AFP « être dépitée ».

Pour éviter les contraintes liées au sommet, des groupes Facebook ont déjà vu le jour, et proposent d’organiser la solidarité entre les habitants de Biarritz. Sur la page « Entraide G7 Biarritz », près de 3000 personnes proposent ainsi des aides pour faire les courses, le ménage ou des promenades…

 

 

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  • L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, à la différence de son prédécesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composé majoritairement d'éditeurs de presse.

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