Les contradictions économiques de Donald Trump

La politique économique américaine est dictée en grande partie par les intérêts électoraux de Donald Trump. Elle encourage à la fois les consommateurs et les producteurs. Cette politique qui n’est pas orthodoxe sur le plan de la théorie économique devrait amener l’économie dans une impasse avec notamment une aggravation de l’endettement et des déséquilibres extérieurs. Le Président des États-Unis se joue des contradictions apparentes de cette politique en mettant en avant les résultats.

Les États-Unis ont-ils besoin d’un dollar faible ou fort ?

Depuis des mois, le Président américain réclame une baisse des taux d’intérêt de la FED et une dépréciation du dollar pour améliorer la compétitivité de l’économie. Il estime que la Chine comme le Japon et la zone euro manipulent leur monnaie afin de soutenir leur économie et cela au détriment des États-Unis. Au regard des résultats extérieurs des différentes zones économiques, ce jugement n’est pas totalement infondé. En dépréciant le dollar, Donald Trump favoriserait les exportations américaines mais pénaliserait les consommateurs dont l’achat des produits importés coûterait plus cher. En outre, les produits américains incorporent de plus en plus de biens intermédiaires importés. La majoration du coût de ces derniers renchérirait les exportations. La capacité des entreprises américaines à se substituer à des importateurs asiatiques n’est pas évidente. Par ailleurs, les États-Unis tirent profit du dollar fort et de leurs taux d’intérêt plus élevés qui permettent d’attirer des capitaux extérieurs. Or, du fait du taux d’épargne faible des Américains, le pays a besoin que les investisseurs étrangers y placent leurs liquidités.

Les oligopoles, favorables à court terme aux actionnaires et défavorables aux consommateurs

Le Président américain n’entend pas s’opposer à la constitution d’oligopoles. Un nombre croissant d’entreprises ayant des positions dominantes devrait provoquer une augmentation, à court terme, des marges bénéficiaires. En revanche, la diminution de la concurrence est en règle générale défavorable aux consommateurs. Elle conduit à une augmentation des prix et à une dégradation du service. À moyen et long terme, cette politique génère une baisse des gains de productivité et une mauvaise allocation des actifs. Les positions de monopole réduisent la croissance et freinent le progrès technique.

Une politique salariale défavorable aux consommateurs

La politique salariale des entreprises américaines ne soutient guère la demande interne, les augmentations restent inférieures aux gains de productivité. Certes, cette situation n’est pas imputable à Donald Trump mais elle s’inscrit dans la tendance de fond de sa politique. Le Président n’a rien fait pour arrêter la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. Depuis la crise, les salaires progressent moins vite que le PIB. Ce dernier s’est accru de 20 points en dix ans quand les salaires en valeur réelle n’ont augmenté que de 10 points. Depuis 2016, la productivité par tête s’est accrue de 5 points aux États-Unis quand le salaire réel n’a progressé de 2 points.

Pour un pétrole pas cher mais qui rémunère les producteurs

Pour le pétrole, Donald Trump est pris dans ses contradictions. Il entend d’un côté que le pétrole ne soit pas cher pour les consommateurs et de l’autre que le prix rémunère correctement les producteurs. Dans le premier cas, il fait pression sur l’OPEP et notamment l’Arabie Saoudite afin que le cours reste le plus bas possible ; dans le second cas, il entend favoriser le développement de la production pétrolière. La limitation de la production consentie par l’Arabie Saoudite favorise les producteurs américains en maintenant un prix plus élevé. Les États-Unis sont redevenus le premier producteur mondial. Ils produisent 12 millions de barils jour contre 11 pour la Russie et 10 pour l’Arabie Saoudite. Sur le papier, la politique économique du Président américain favorise tout à la fois l’offre et la demande.

Logiquement, une politique qui a plusieurs objectifs n’en atteint aucun.

Pour le moment, l’économie américaine déjoue la théorie et les probabilités. Une remise en cause du dollar, un climat de défiance des investisseurs étrangers pourraient changer la donne. Pour le moment, les États-Unis bénéficient d’avantages comparatifs importants. Le pays dispose d’une capacité de projection militaire sans concurrence à l’échelle internationale. Sa recherche demeure incontournable tout comme ses positions dans certains secteurs d’activité (techniques de l’information et de la communication). La profondeur de son système financier est un atout indéniable. En outre, à la différence de la Chine, les États-Unis sont une démocratie stable, ce qui rassure les investisseurs internationaux.

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