La campagne de vaccination massive lancée au Royaume-Uni a dépassé le cap des 18 millions de vaccinés. Malgré cette stratégie vaccinale, la levée des restrictions imposées depuis le 4 janvier sera très lente. Cependant le retour à l’école est prévu pour le 8 mars.
Le retour à la vie normale n’est pas attendu avant le 21 juin.
Souvenez-vous début janvier 2021; le Premier Ministre avait annoncé un troisième confinement pour endiguer la propagation du virus et de son variant local. C’est pourquoi Boris Johnson a présenté lundi 22 février 2021 son plan de déconfinement pour l’Angleterre.
Concernant, les écoles qui sont fermées depuis le 18 décembre, date des vacances de Noël, elles ne rouvriront que le 8 mars. Cela concerne évidemment les établissements du réseau AEFE.
Quelques membres des directions scolaires du pays ont exprimé leur désaccords indiquant qu’ils avaient pris des mesures dans leurs établissements depuis cette fermeture pour imposer un protocole strict sécurisant les élèves.
Leçons du premier confinement
Cependant le Royaume-Uni compte parmi les pays les plus touchés par l’épidémie de Covid-19, avec un variant très contagieux. C’est sur cette base qu’après une réunion d’urgence du gouvernement, les autorités britanniques ont décidé le 4 janvier 2021 de fermer toutes les écoles, collèges et lycées de Londres.
Les écoliers londoniens pensaient, ainsi, pouvoir prolonger leurs vacances, mais nos proviseurs étaient déjà sur le coup pour préparer la rentrée. Ils avaient su tirer les leçons du premier confinement.
Didier Devilard, le Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle dans le quartier de South Kensington, nous indiquait par téléphone, avoir déjà mis en place avant le 4 janvier :
L’établissement a été « très réactif et efficace en ce qui concerne les questions techniques. Nous sommes allés plutôt vite, plutôt fort pour toutes les classes des Petites Sections de maternelle aux Terminales et A-Levels (l’équivalent du Baccalauréat). On a mis du distanciel en place. Au primaire, on a accueilli les enfants des key workers (travailleurs essentiels) et des enfants de la Petite Section. Sur le Collège-Lycée, c’était du distanciel pur.”
Didier Devilard, Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle à Londres
Comme ce Lycée Français ou le Lycée International Winston Churchill, le Collège Français Bilingue de Londres accueillait entre 50 et 70 élèves par jour, suivant ainsi les directives du DFE (Ministère de l’éducation), avant la fermeture. Une priorité était donnée aux élèves de petite section de la maternelle et aux enfants des “keyworkers” ainsi qu’aux élèves dits « vulnérables”, a indiqué le Proviseur Denis Bittmann. Cependant, ils ont aussi « boosté » leur enseignement à distance.
“La pratique habituelle d’autres outils de communication (Google Classroom et Pronote) a été un atout pour rendre notre enseignement le plus efficace possible.”
Denis Bittmann du Collège Français Bilingue de Londres
Les cours en distanciel se sont imposés
Mireille Rabaté, proviseure du Lycée International Winston Churchill, a également expliqué que
“tous ses élèves à partir de quatre ans sont en distanciel depuis janvier, sauf les tous petits. Les élèves âgés de 3 ans sont à l’école puisqu’ils font partie de la Nursery (Maternelle. Chez nous les élèves ont un iPad donc ils rejoignent tous les jours l’emploi du temps habituel pour des classes ordinaires. Mais ils ne se rencontrent pas dans un espace physique, mais dans un espace virtuel sur Zoom. Les élèves avaient déjà l’habitude d’utiliser beaucoup Google Classroom. Et, dans les années précédentes, pendant les examens se déroulaient des enseignements à distance. C’est pour cela que nos élèves étaient habitués à ces nouvelles technologies et que l’année a continué sans problème. Les méthodes que nous avions choisies et les outils sélectionnés depuis l’ouverture de l’école en 2015, nous ont permis d’être prêts. Les élèves savaient quoi faire, les professeurs maîtrisaient l’enseignement à distance. C’est pourquoi les élèves connaissaient la participation à une classe virtuelle.”
Mireille Rabaté, proviseure du Lycée International Winston Churchill à Londres
Des cours à distance réussis ?
Au Lycée Français Charles de Gaulle, le Proviseur a reçu du “feed-back » très positif. Malgré une problématique : les enfants âgés entre 3-5 ans qui trouvent le temps long sur un écran avec leur Maître ou Maîtresse.
« Pour l’interaction il faut privilégier peu d’élèves. Grâce à ces retours nous avons pu tirer les enseignements et faire fructifier à tous ces données acquises lors du premier confinement.”
Didier Devilard, Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle à Londres
C’est le même constat au Lycée International Winston Churchill.
“Nous avons eu très peu de soucis. Les élèves étaient très occupés avec leurs professeurs comme s’ils étaient à l’école. Ils savaient ce qu’ils devaient faire. Les parents, les familles et les professeurs ont été très satisfaits de la manière dont ça s’est passé.”
Mireille Rabaté, proviseure du Lycée International Winston Churchill à Londres
Date repère: 8 mars
Malgré un taux de satisfaction important sur les cours à distance, le Lycée Français Charles De Gaulle donna la priorité au retour en présentiel. L’équipe était sur le pont, pour un retour dès le 22 février ou le 8 mars, date butoir donnée par Boris Johnson.
« Dès le départ, nous avons été réactifs ce qui nous a permis de traverser le temps. Vers la fin du mois de janvier, nous attendions la feuille de route du gouvernement anglais afin de savoir si la date repère du 8 mars allait être réellement actualisée. Car tout le monde se posait la question si, le lundi 22, nous n’allions pas nous annoncer un retour progressif vers le présentiel. Un fort désir de reprendre l’école en présentiel se fait sentir chez nos élèves, nos familles et nos enseignants. Dès la fin janvier, ils ont commencé à mettre en place le retour des élèves. Nous n’avons plus qu’à affiner quelques points. »
Didier Devilard, Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle à Londres
Préparations pour la réouverture
Lors d’une conférence de presse ce lundi soir, Boris Johnson a annoncé:
« pour offrir encore plus de sécurité, le gouvernement va introduire des tests deux fois par semaine sur les élèves du secondaire et du collège en leur demandant de porter des masques pour le dernier trimestre. »
Boris Johnson, Premier ministre Britannique
Une campagne de tests auprès des écoliers
Dans les établissements français, le retour à l’école n’a jamais été un problème, il a fallu, par contre, définir des règles strictes pour assurer la sécurité de tous. On accueille donc très favorablement la mise en place de cette campagne de dépistage en masse.
Il faut établir des règles « très sérieusement pour que tout le monde puisse conserver le sentiment de sécurité sanitaire. C’est très important ! Un retour réussi passe par l’opération mass testing (tester en masse). »
Didier Devilard, Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle à Londres
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement demandait aux établissements scolaires de s’y préparer. Ce que les établissements français n’ont pas manqué de faire.
« Nous avons travaillé là-dessus et nous avons construit tout un schéma avant les congés qui se sont terminés lundi 22 février. Les autorités nous ont demandé d’utiliser des tests rapides afin que ceux et celles qui le souhaitent chez nos élèves et notre personnel puissent en bénéficier. C’est un aspect technique qui apporte son lot de contraintes, mais nous avons beaucoup travaillé. Et, nous avons organisé des simulations en conséquence de quoi, nous pourrons le réactualiser. Encore une fois le processus de testing passe par la base du volontariat des élèves et du personnel. Donc nous sommes prêts.“
Didier Devilard, Proviseur du Lycée Français Charles de Gaulle à Londres
Du côté du Lycée International Winston Churchill, Mireille Rabaté prépare activement, elle aussi, la campagne de dépistage qui accompagnera le retour des élèves.
“ Il va falloir tester les élèves du secondaire deux fois par semaine. Tester 650 élèves deux fois par semaine nous demande une certaine logistique. Que nous sommes en train d’établir en ce moment et jusqu’au 8 mars. Nous avons mis en place des procédures sanitaires comme le port du masque et les règles de distanciations afin de protéger nos élèves et nos enseignants. Nous avons la chance d’avoir de très grandes salles de classe donc nous avons pu appliquer ces mesures à l’intérieur. Même si ce n’est pas le genre d’habitudes que nous aimons pratiquer. Nous avons pu le faire très facilement en écoutant chaque membre du personnel, afin que ces procédures soient satisfaisantes.”
Mireille Rabaté, proviseure du Lycée International Winston Churchill à Londres
Au CFBL, les élèves seront aussi testés.
“Conformément aux directives gouvernementales, nous allons organiser 4 séries de tests pour nos élèves du secondaire, pour lesquels nous aurons obtenu l’accord des parents. Un premier test est organisé au CFBL avant le retour en classe, lors des journées du 8 et 9 mars. Deux autres tests seront effectués sur site dans les deux premières semaines. Un 4ème test sera effectué par les familles à la maison lors de la 3ème semaine. »
Denis Bittmann du Collège Français Bilingue de Londres
L’objectif de ces tests est de repérer rapidement les cas asymptomatiques, mais aussi d’entraîner les élèves à se tester eux-mêmes, à compter de la 4ème semaine de classe. La prévention active est donc au coeur des dispositifs qui seront appliqués tout au long de ce dernier trimestre.
Le personnel, aussi, testé au CFBL, comme dans les autres établissements AEFE
“Tout le personnel présent au CFBL est testé deux fois par semaine depuis début janvier et se testera à la maison à compter du 8 mars. »
Denis Bittmann du Collège Français Bilingue de Londres
L’ensemble des kits de tests pour l’école (Mass testing) ou pour la maison (Home testing) est fourni par le gouvernement britannique. Il n’y a par contre, pour l’instant, aucune décision de prise par les autorités britanniques concernant la vaccination des personnels travaillant dans les écoles”, a ajouté Denis Bittmann.
C’est un regret que partage beaucoup d’acteurs de la communauté éducative, au Royaume-Uni, mais aussi dans le reste du monde. l‘UNSA, deuxième syndicat des professeurs et du personnel des établissements scolaires, appelle à une vaccination du personnel par la France, à l’occasion des vacances scolaires. Ils demandent donc aussi un « laissez-passer » pour tous les salariés au contact avec les enfants.
Une enquête auprès des familles
Au Collège Français Bilingue de Londres, un sondage a été effectué auprès des familles à la veille des congés de février : plus de 50% des familles y ont répondu. Denis Bittman nous livre le résultat :
» plus de 90% d’entre elles ont déclaré être satisfaites de notre enseignement à distance. Au CFBL, nous aimons échanger et travailler main dans la main avec les familles. Nous avons aussi récolté les avis plus précis des parents sur les points à améliorer ou sur les moments particulièrement appréciés. Nous savons que nous sommes largement soutenus par nos familles, la relation à l’intérieur de la communauté scolaire est excellente malgré les difficultés liées à la situation actuelle”
Denis Bittmann du Collège Français Bilingue de Londres
le masque maintenu
Les trois proviseurs ont tous insisté sur leur volonté de pouvoir permettre le retour à l’école au plus vite. Mais la réouverture ne sera sans doute pas normale en ces temps de pandémie où les élèves doivent continuer à porter le masque.
Dans une conférence de presse à Downing Street ce mercredi, le Ministre Britannique de l’éducation, Gavin Williamson, a annoncé que dès le 8 mars le dépistage devra commencer et sans ralentissement. C’est la priorité britannique, les Français s’y préparent.
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