Télécom : cap sur la 6G

Télécom : cap sur la 6G

La 5G est encore loin d’être la norme auprès de tous les utilisateurs et pourtant, le développement de la 6G avance à grands pas. La Finlande et les États-Unis ont signé vendredi 2 juin à Helsinki une déclaration commune sur la coopération dans le domaine des communications 6G, marquant selon eux une réponse du « monde libre » face à la technologie chinoise.

Qu’est-ce que la 6G ?

Le terme de 6G renvoie à la sixième génération de technologies de communication sans fil. L’évolution des générations dans le domaine de la téléphonie mobile est aussi celle des normes technologiques qui les régissent. La 1 G correspond aux appels téléphoniques uniquement vocaux des premiers portables des années 80. La 2G a introduit le SMS/MMS dans les années 90 avec des débits de l’ordre de quelques kilobits par seconde. La 3G encadre dans les années 2000 le développement de l’Internet mobile à un débit qui atteint les quelques mégabits par seconde. La 4G des années 2010 introduit l’Internet mobile haut débit, la lecture et le transfert de fichiers haute définition et la gestion des objets connectés. Enfin, la 5G qui va dominer les années 2020 sera avant tout une révolution à l’échelle industrielle grâce à la fibre optique sans fil et ses débits moyens à plusieurs centaines de mégabits par seconde. Au-delà de l’effet de décennie, chaque génération nécessite l’exploitation de nouvelles fréquences auparavant inutilisées, mais aussi le développement de terminaux plus performants pour les exploiter.

Quelle technologie pour la 6G ?

Le térahertz (THz) est une technologie candidate pour la 6G. En décembre 2022, l’organisme européen de normalisation ETSI a créé un groupe de travail sur le térahertz afin d’entamer sa normalisation. Le groupe de travail se concentrera dans un premier temps sur deux usages : les applications mobiles avec d’importants débits de données, comme la réalité virtuelle et augmentée, et les applications nécessitant à la fois des fonctionnalités de communication et de détection, telles que la télé-présence holographique et la robotique interactive et coopérative.

Qu’est-ce que la 6G changera ?

La 6G n’en est encore qu’à ses premiers développements théoriques, mais son premier axe de réflexion tourne principalement autour de la stabilité et de la robustesse des réseaux, là où la 4G a favorisé la vitesse de connexion et la 5G la gestion de la latence et de la consommation énergétique. Le développement d’un Internet satellitaire par exemple pourrait permettre une réduction des disparités de couverture réseau. Les débits moyens de la 5G actuelle, situés autour de 20 gigabits par seconde, pourraient également bondir jusqu’à plus de 1 000 gigabits par seconde. Enfin, des pistes de recherche viendraient lier le développement de la 5G aux progrès de la science en matière d’immersion et d’intelligence artificielle. La 6G devrait par exemple particulièrement suivre les évolutions du métavers ainsi que de la réalité augmentée, afin de proposer de nouveaux horizons en termes de convergence entre réalité et virtualité.

6G : la Chine atteint un débit de 100 Gb/s

Les promesses de la 6G sont en effet nombreuses. LG, notamment, est parvenu à tripler la distance de transmission de données grâce à la technologie. Mais, bien entendu, c’est surtout sur la vitesse de transfert que celle-ci est attendue au tournant. Qu’à cela ne tienne, des chercheurs chinois de la China Aerospace Science and Industry Corporation viennent d’annoncer un nouveau cap historique dans l’histoire des télécoms.

Ces derniers sont ainsi parvenus à utiliser la fréquence 1 THz pour effectuer un transfert de données. Cette avancée est loin d’être anodine, puisque cette fréquence permet de profiter d’une bande passante bien plus large et, de fait, augmente la vitesse de téléchargement. Ce que confirment d’ailleurs les ingénieurs chinois, qui affirment avoir obtenu un débit de 100 Gb/s en téléchargement. À titre de comparaison, la 5G permet théoriquement d’obtenir un débit de 1 Gb/s en téléchargement.

L’accord Finlande – USA

L’accord a été signé par le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto (Verts), et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

« En collaboration avec leurs alliés et partenaires », les États-Unis mobiliseront « des centaines de milliards de dollars pour financer des infrastructures de haute qualité dans les pays qui en ont le plus besoin », a déclaré M. Blinken.

Ces infrastructures seront construites « de manière transparente », a-t-il ajouté.

La coopération entre la Finlande et les États-Unis dans le domaine de la recherche scientifique, de la normalisation et du développement technologique vise à « créer une approche mondiale commune vers des technologies durables, compétitives, sûres, fiables et des technologies 6G neutres du point de vue des fournisseurs », peut-on lire dans la déclaration officielle.

S’adressant à Helsingin Sanomat dans un grand entretien, M. Haavisto n’a pas hésité à mentionner la Chine — une mention omise dans la déclaration officielle cependant, qui se concentre plutôt sur la coopération entre les États-Unis et la Finlande.

Les États-Unis et la Finlande souhaitent un système 6G « démocratique, transparent et respectueux des droits de l’homme », a indiqué M. Haavisto.

« La Chine est un partenaire commercial important tant pour les États-Unis que pour la Finlande, mais nous avons été témoins de ses dépendances négatives, en particulier tout au long de la crise du coronavirus », a-t-il ajouté.

De son côté, Risto E.J. Penttilä, PDG de Nordic West Office, un groupe de réflexion et de conseil en affaires internationales, a souligné la portée mondiale de l’accord.

« La 6G fait partie de la stratégie globale de l’OTAN et de sa vision de l’avenir. Selon cette stratégie, le monde libre et les démocraties doivent disposer d’une technologie fiable et d’un réseau 6G fiable », a-t-il déclaré, notant que cette technologie « peut être fournie par les Finlandais et les Suédois, ce qui signifie qu’il ne serait pas nécessaire de s’appuyer sur la technologie chinoise ».

« Cela fait partie du grand jeu mondial entre la Chine et les États-Unis, dans lequel la Finlande et la Suède auront un rôle important à jouer », a conclu M. Penttilä.

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