Sur TV5MONDEplus, Claude Chabrol à l'honneur tout au long du mois d'avril

Sur TV5MONDEplus, Claude Chabrol à l'honneur tout au long du mois d'avril

Pour fêter l’arrivée du printemps et en attendant Cannes 2023, TV5MONDEplus vous offre un bouquet de Claude Chabrol. Cultissime, légendaire, les qualificatifs pour ce journaliste, réalisateur, acteur, qui a marqué toute la seconde moitié du XX ème siècle.

Claude Chabrol et le cinéma, une histoire née pendant la seconde guerre mondiale

Fils de pharmacien, Claude Chabrol tient un ciné-club dans la Creuse pendant la guerre. De retour à Paris, il suit des études de droit et de lettres, mais fréquente surtout assidûment les cinémas de la ville. Il y côtoie de jeunes passionnés avec qui il participe à l’aventure des Cahiers du cinéma de 1952 à 1957, et rencontre le romancier Paul Gégauff, dont l’influence le détourne de son éducation bourgeoise. Attaché de presse à la Fox, il profite d’un héritage de son épouse pour produire Le Coup du berger (1957) de Rivette et réaliser Le Beau Serge (1958), son premier long métrage. En grande partie autobiographique, ce film-clef de la Nouvelle vague, prix Jean Vigo, est un beau succès public et critique.Le destin du cinéaste est alors lié à ceux de Gégauff, fidèle coscénariste, et de Stéphane Audran qu’il épouse en secondes noces et dirigera à 23 reprises…

Le plus populaire des cinéastes

Chabrol aura été sans doute le plus populaire des cinéastes français. Tout le monde le connaissait, tout le monde l’aimait. Jamais bêcheur, toujours simple, familier, marrant, enfin sympa, quoi… À la télévision, quand il passait – pas assez souvent – on était toujours content de le voir, avec ses gros yeux scrogneugneu de père fouettard. On était encore plus heureux de l’entendre, il adorait quand on lui posait des questions. Et quand il répondait, il ne mâchait pas ses mots, jamais de grands mots. Par exemple, il disait « le pognon », pas l’argent. À propos de ses films, ceux qu’il n’aimait pas, il disait tout naturellement : « celui-là, c’est une merde ». Au fond, il parlait juste, il parlait vrai. Il inventait aussi la langue riche d’un Rabelais d’aujourd’hui. On se disait que s’il avait été prof, on aurait aimé retourner à l’école, seulement voilà, il avait choisi de faire du cinéma.

Claude Chabrol sur le tournage de L’Ivresse du pouvoir – Crédit DR – TCD

Et ce cinéma ne lui ressemble pas. On n’y retrouve pas la jubilation qui émane de lui. Sur l’écran se succèdent des paumés, des abîmés de la vie (Le beau Serge, Les bonnes femmes, Violette Nozière), des cinglés, des tordus innocents ou dangereux (Les fantômes du chapelier, Le boucher), des notables qui se révèlent être des monstres (Landru, La femme infidèle, Masques, La fleur du mal, L’ivresse du pouvoir), des victimes qui se métamorphosent en prédateurs (Que la bête meure, La cérémonie), et j’en passe… Plus de soixante films et téléfilms, longs et courts métrages, du meilleur et du pire, avec de vrais navets et une bonne douzaine d’incontestables chefs-d’œuvre. Tonalité générale donc plutôt sombre, « série noire ». On pourrait résumer le tout à la manière de Thomas Chabrol (le plus jeune fils du cinéaste, qui se nomme justement Félix, l’homme heureux dans L’ivresse du pouvoir) : « Rien n’est sérieux, tout est tragique ».

Un univers gourmand du monde

Quand on observe aujourd’hui l’univers de Chabrol, on est frappé par la diversité des territoires où il se situe.

« Affaire de gastronomie », disait-on, « le choix des meilleurs restaurants imposait les lieux de tournage ». Un regard moins gourmand et plus attentif révélerait peut-être en Chabrol un amour véritable de la France profonde, un goût plus éclairé que touristique. Regard passionné sur la diversité du pays et de ses habitants.

Chaque film est enraciné dans une province, un espace, rural ou urbain, un terroir qui donne au récit et aux images une couleur locale, et plus profondément une vision du monde particulière. Le Périgord du Boucher, la Bretagne de Au cœur du mensonge, Nîmes et Sète pour Bellamy. Cet enracinement est aussi culturel.

La France de Chabrol a un style et une histoire. De Molière à Maupassant, sans oublier La Fontaine, le Français (l’homme et sa langue) a les pieds sur terre, solidement plantés en terre, et la tête jamais dans les nuages. En exergue aux Bonnes femmes (1960), Chabrol citait la fable Les poissons et le cormoran.

Qu’importe qui vous mange ? Homme ou loup

Toute panse me paraît une à cet égard,

Un jour plus tôt, un jour plus tard,

Ce n’est pas grande différence.

Claude Chabrol

Si on avait vraiment lu ces lignes, on aurait sans doute mieux senti la progression de ce film si mal aimé vers la tragédie finale, et mieux apprécié l’humour noir, « l’œil de poisson » de la caméra chabrolienne. Dans l’avant dernier film, adaptation en 26 minutes pour la télévision d’un conte de Maupassant, Le petit fût (2008), on retrouve la même cruauté implacable, le même regard distant sur le drame qui se joue dans ce village normand d’une autre époque, mais tellement métaphorique de la nôtre. De l’âge des cavernes à celui de la télévision et du portable, l’éventail des personnages déploie tous les stades de l’évolution. De la bête (Le boucher 1969) aux grands patrons de La Défense (L’ivresse du pouvoir 2007), même férocité sous le vernis – ô combien fragile – d’une trop récente « urbanisation ».

À la qualité désirée pour un homme dans le questionnaire de Proust, la réponse de Chabrol était l’urbanité.

6 films pour découvrir l’artiste

TV5MONDEplus, la seule plateforme francophone gratuite et accessible depuis la quasi totalité des pays du monde, vous propose donc un cycle extraordinaire consacré au cinéaste Claude Chabrol.

Que la bête meure

(1969, 113′)
Avec : Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne…

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La rupture

(1970, 124′)

Avec : Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Michel Bouquet, Jean-Claude Drouot…

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Les noces rouges

(1973, 90′)
Avec : Michel Piccoli, Stéphane Audran, Claude Piéplu…

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Les innocents aux mains sales

(1974, 121)
Avec : Romy Schneider, Rod Steiger, Paolo Giusti…

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Une partie de plaisir

(1975, 100*)
Avec : Paul Gégauff, Danièle Gégauff, Clémence Gégauff…

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Folies bourgeoises

(1976, 107′)
Avec : Stéphane Audran, Bruce Dern, Ann-Margret…

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