Les Conseillères et Conseillers des Français de l’Etranger de Hongrie et de Slovaquie, avec le soutien des élus des Français de Pologne, de Roumanie, de Moldavie, de République Tchèque et d’Autriche, se mobilisent pour les Français d’Ukraine. Comme les habitants de leur pays de résidence, les Français de ces pays souhaitent exprimer leur solidarité avec les Français d’Ukraine. Ces derniers ont suivi les consignes des autorités françaises qui n’ont appelé à quitter le pays qu’au dernier moment. La solidarité vient donc, dans l’urgence, des citoyens expatriés et de leurs représentants élus, les Conseillers consulaires.
Une vague de réfugiés ukrainiens
La guerre russo-ukrainienne est un conflit armé que suit avec inquiétude Amnesty International. L’institution voit venir une grande vague de réfugiés en provenance de l’Ukraine. 100 000 habitants ont ainsi déjà fui les combats en quelques jours pour se réfugier, notamment en Pologne, à l’abri des tirs. Désormais, la loi martiale interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le territoire ukrainien. Le cas échéant, ils sont arrêtés aux postes-frontières, séparés de leur famille et invités à aller combattre. Depuis vendredi 25 février, ce sont donc uniquement les femmes, les enfants et les vieillards qui constituent les colonnes traversant les frontières.
Face à ce flux migratoire, Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice étasunienne à l’Organisation des Nations unies (ONU), estime à près de cinq millions le nombre potentiel de déplacés dans les prochaines semaines. Préparés à l’éventualité d’une nouvelle crise de réfugiés, plusieurs pays limitrophes ont d’ores et déjà assuré leur soutien à la population ukrainienne. La Pologne, qui compte déjà 1,5 million de ressortissants ukrainiens, prépare depuis plusieurs semaines des plans d’urgence pour accueillir « une vague allant même jusqu’à un million de personnes ». Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a formé un groupe de travail dont la mission est de définir les besoins en matière de soins médicaux, de transport, d’éducation et de logistique. Les enfants et adolescents réfugiés pourront intégrer les écoles et universités polonaises.
En Slovaquie, quatre camps de réfugiés sont prêts à héberger les demandeurs d’asile. « Si la situation l’exige, nous pouvons aussi utiliser les installations d’hébergement existantes du ministère de l’Intérieur et d’autres ministères », a annoncé Roman Mikulec, ministre de l’Intérieur. Même élan de solidarité en Roumanie, pays parmi les plus précaires de l’Union européenne, où l’État envisage de mettre en place des centres d’accueil le long de la frontière. Enfin, la présidente moldave, Maia Sandu, a déclaré sur Twitter avoir offert l’hospitalité à plus de 4 000 personnes, jeudi 24 février : « Nos frontières sont ouvertes aux citoyens ukrainiens qui ont besoin d’un endroit sécurisé. »
Le Premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, craint que la vague migratoire ne redessine « fondamentalement la situation politique et économique » de son pays. Il est en train de déployer ses troupes à la frontière avec l’Ukraine, à des fins de sécurité et d’aide humanitaire. En dépit de sa politique migratoire très restrictive, son voisin autrichien, qui n’a pas de frontière avec l’Ukraine, a également affiché son soutien à la population envahie. « Nous sommes une famille européenne et les familles se soutiennent les unes les autres », a déclaré le chancelier Karl Nehammer.
La France prête à la solidarité
« La France prendra sa part ». Vendredi 25 février, à l’issue du Conseil européen dédié à l’invasion de l’Ukraine, Emmanuel Macron a assuré que la France participera à l’accueil des réfugiés, sans donner davantage de précisions.
La veille, lors d’une manifestation de solidarité tenue sur la place de la Comédie, à Lyon, le maire écologiste Grégory Doucet appelait l’Europe à une réaction plus forte : « Le niveau des sanctions jusqu’ici symboliques doit s’élever. Si on n’actionne pas tous les leviers, on aura des résultats partiels », a déclaré l’édile, marqué par son expérience dans l’humanitaire avec Handicap international. « En tant que ville, on prendra toute notre part dans la solidarité concrète que l’on pourra exercer auprès du peuple ukrainien. On se tiendra prêt pour accueillir des réfugiés. »
Les expatriés prêt à faciliter la transition vers la France
La démarche des élus consulaires, Mathilde Ollivier et Vincent Liegey, Conseillère et Conseiller des Français de l’Etranger de Hongrie et de Slovaquie, à l’origine de ce mouvement de solidarité, s’inscrit donc dans la continuité de l’action gouvernementale française.
Ils proposent ainsi aux Français habitant dans les pays européens limitrophes de l’Ukraine d’être solidaires avec nos compatriotes qui ont dû fuir les combats. Pour cela, ils organisent un réseau d’expatriés pouvant accueillir les réfugiés avant leur retour en France. Le premier objectif est de faciliter l’acheminement sur le territoire national et soulager les autorités locales, désormais débordées face au flux de migrants ukrainiens. Le second est ciblé vers les Français n’ayant plus leurs papiers ou les familles avec des nourrissons non encore déclarés : il faudra plusieurs jours pour régulariser leur situation, ils ont besoin de la solidarité nationale.
Pour cela, les élus ont mis en place une plateforme afin de permettre aux Français de ces pays et acceptant de participer à l’opération de s’enregistrer. Les Français d’Ukraine sont bien évidemment invités à se faire connaitre via le même formulaire. L’élu Vassili Lemoigne des Français de Prague centralise les informations pour faciliter la répartition.
Autre soutien, le député des Français d’Europe centrale et de l’Est, Frédéric Petit (Modem), domicilié à Cracovie, salue ces initiatives locales, et appelle les Français à participer. Cette dynamique s’inscrit pour lui dans les démarches réalisées par la cellule de crise du Quai d’Orsay. A titre personnel, sa famille accueille actuellement des réfugiés ukrainiens en Pologne, il nous rappelle ainsi, comme une évidence, que la solidarité doit dépasser la nationalité.