Lorsque l’on évoque les dangers liés aux téléphones portables, on pense souvent à l’addiction aux écrans. Pourtant, un autre risque tout aussi préoccupant se cache dans nos smartphones : l’espionnage. Devenus le centre névralgique de nos vies, ils concentrent conversations privées, documents professionnels, déplacements et paiements. Cette richesse d’informations en fait une cible privilégiée pour les cybercriminels. L’ANSSI a d’ailleurs publié un état des lieux complet des menaces qui pèsent sur nos appareils, accompagné de recommandations essentielles pour mieux les protéger. Attention aux espions, ils se glissent souvent dans votre poche.
Pourquoi nos smartphones sont si vulnérables ?
Dans le rapport qu’elle publie (téléphones mobiles, état de la menace depuis 2015), l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) alerte sur les failles qui peuvent être exploitées au quotidien, même dans nos applications les plus courantes. En effet, celles-ci peuvent contenir des vulnérabilités. Exploitées par des acteurs malveillants, elles permettent d’accéder à des données sensibles ou d’installer des logiciels intrusifs sans que l’utilisateur ne s’en rende compte, que vous soyez en France ou à l’étranger.
« Le ciblage opportuniste des cybercriminels affecte les particuliers
et les entités sans distinction de secteurs ou de zones géographiques »
Rapport ANSSI, téléphones mobiles, état de la menace depuis 2015
Une autre menace devient de plus en plus importante, celle des antennes-relais factices, ces « IMSI catchers » capables de capter appels, messages et localisation. Une technique discrète mais redoutable pour suivre une personne ou écouter ses communications. Certains logiciels d’espions vont même plus loin. Ils sont invisibles et s’introduisent dans vos messages, vos photos, vos contacts, voire vos mots de passe. Un espion complet, silencieux, logé dans votre appareil. Et il peut toucher tout un chacun, comme l’indique l’ANSSI : « Le ciblage opportuniste des cybercriminels affecte les particuliers et les entités sans distinction de secteurs ou de zones géographiques »
Au-delà de l’individu : un enjeu national et international
La multiplication des attaques n’atteint plus seulement la vie privée. Elle touche également à des questions essentielles comme celles de la sécurité nationale, de la stabilité du cyberespace, et de la souveraineté technologique. Face à ces risques, la France agit sur la scène internationale. Avec le Royaume‑Uni, elle pilote le Processus de Pall Mall, une initiative destinée à établir des normes et bonnes pratiques afin de freiner la prolifération des outils d’intrusion cyber.

Un code de bonnes pratiques a déjà été approuvé par 27 États. Et le travail se poursuit actuellement. D’ailleurs une consultation est ouverte jusqu’au 22 décembre 2025. Elle vise à définir les principes futurs destinés à l’industrie. Ce questionnaire s’adresse en particulier aux entreprises spécialisées dans la fourniture de produits et de services de cybersécurité, ainsi qu’à son écosystème et aussi aux organisations contribuant à une meilleure compréhension de la menace cyber.
Les Français de l’étranger exposés à l’(in)sécurité numérique
C’est grâce à ce type d’initiative internationale que les luttes contre les cybercriminels peuvent s’organiser. Ce genre de programme a aussi des effets positifs sur les Français de l’étranger. Les expatriés sont souvent plus exposés : déplacements fréquents, connexions à des réseaux publics, utilisation de services en ligne transfrontaliers. Renforcer la sécurité des outils numériques, c’est donc mieux protéger leur vie quotidienne, mais aussi celle des données souvent sensibles liées à leurs métiers.
« Désactiver complètement l’interface Wi-Fi sur le téléphone
lorsque ce type de réseau n’est pas utilisé »
Rapport ANSSI, téléphones mobiles, état de la menace depuis 2015
Pour mieux se protéger, l’ANSSI publie des recommandations. Celle-ci propose notamment de désactiver complètement l’interface Wi-Fi sur le téléphone lorsque ce type de réseau n’est pas utilisé afin d’éviter des connexions à des réseaux Wi-Fi frauduleux. Elle invite aussi à éviter l’échange d’informations sensibles par SMS et préférer des messageries utilisant un chiffrement de bout en bout afin de garantir la confidentialité des échanges.
Autre conseil appliquer les mises à jour immédiatement et redémarrer régulièrement son téléphone ou bien encore celui de ne pas utiliser un smartphone personnel pour ses activités professionnelles. Vous voilà donc prévenus, mais la facilité l’emporte souvent sur la prudence, que l’on se trouve en France ou à l’étranger.
Lire le rapport de l’ANSSI « téléphone mobiles, état de la menace depuis 2015 »
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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