Le leader de la ligue Matteo Salvini, s’envole dans les sondages.
Avec son franc parler et son impolitesse -on l’a vu tourner le dos à ses collègues du gouvernement lors de la signature du « revenu citoyen »- et surtout son refus d’accueillir les bateaux de migrants recueillis en mer par les ONG, les Italiens -pour une partie d’entre eux- le portent aux nues. 70% des Italiens soutiendraient sa politique anti-migrants. En tout cas, il porte son parti vers les sommets : plus de 30% des voix selon les sondages (18% aux dernières élections), alors que ses alliés de Cinque Stelle baissent de 32 à 25% et que Forza Italia disparait. Tout cela est fragile, on se souvient de la popularité de Matteo Rienzi qui atteignait 40% avant de redescendre à 18% et de disparaitre de la vie politique. Ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini surfe sur la rhétorique anti immigration, tandis que ses collègues pâtissent de la récession italienne (-0.2% au dernier trimestre) Car l’Italie est officiellement en récession. Le budget de « Relance » avec retraites anticipées et revenu universel, quoique rogné par Bruxelles, a surtout eu pour effet d’augmenter les taux d’intérêts et de freiner les investissements. L’Italie étant considérée comme « incertaine », les taux d’intérêts montent, le crédit se resserre, déjà asséché par les emprunts d’Etat. C’est la première fois que l’Italie est en récession depuis 2013. Elle le seul pays d’Europe à n’avoir pas retrouvé son niveau d’avant 2008.
L’arrivée de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles promettaient pourtant « une embellie économique », selon les propos de Luigi di Maio.
la promesse d' »une embellie économique » selon Luigi De Maio
Patatras : les rodomontades du nouveau gouvernement ont convaincu les observateurs qu’il était urgent de ne rien faire en Italie. Mais Salvini a l’habileté de ne pas se mêler d’économie. Seulement des migrants. Et comme au Royaume-Uni, en Autriche, en Hongrie, en Allemagne ou en Suède, c’est un sujet qui mobilise. Que serait un programme économique salviniste ? Il y a peu, il voulait sortir de l’euro. Depuis, il a mis de l’eau dans son vin. Il a défendu la relance budgétaire, contesté le revenu universel, déclaré qu’il ne changerait pas une virgule de son budget, puis changé le budget, accepté le revenu universel, limité la relance. Personne ne lui en veut, on le considère comme pragmatique et cynique.
Comme il est peu probable que l’économie italienne se réforme (Le gouvernement en semble incapable) et que l’immigration cesse, Salvini pense avoir de beaux jours devant lui. Il se voit même en leader de l’extrême droite européenne, prêt à devenir Président de la Commission européenne après les prochaines élections. Peu de chances, mais on disait aussi que le jeune inconnu devenu le patron de la Ligue du nord n’avait aucune chance de devenir l’homme fort du gouvernement italien.
Alors si le malheur de l’Italie fait le bonheur d’un Salvini, que serait le résultat d’une crise financière italienne pour l’Europe ?
Selon Salvini, les banques italiennes sont solides et l’économie italienne redémarre. C’est ce qu’il disait avant l’annonce des -0.2%. C’est dire si ces déclarations inspirent confiance. A priori, l’Italie, avec seulement -2% de déficit annoncé devrait tenir. Mais avec une vraie récession, qui sait ? Et une vraie crise italienne serait autre chose qu’une crise grecque. Alors rêve ou cauchemar ?
La rédaction
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