La réforme des retraites revient. Pour l’instant, Emmanuel Macron est le seul Président à ne pas en avoir faite. Il en sera pourtant à sa deuxième, puisqu’une réforme a déjà été votée par le Parlement durant son premier mandat. Après bien des contestations, elle n’a jamais été appliquée : la covid l’a tuée.
Depuis, la méthode a changé : plutôt qu’une grande loi, quelques amendements suffiraient, simplement pour reculer l’âge de la retraite. 64, 65 ans, le débat fut intense jusqu’au sein du gouvernement. Le bon système serait que chacun décide pour lui-même avec le maximum de marge de manœuvre, en pleine connaissance de cause, ce qui suppose beaucoup de transparence et simplicité.
Le vieillissement de la population en Occident
En attendant, la population vieillit, en bonne santé le plus souvent, et la population active diminue. En France comme dans tous les pays développés, le poids des retraites s’accroit. Pour le financer, trois solutions : augmenter les charges sur les salaires (impossible, elles sont au sommet), diminuer les pensions (ce que fait l’inflation), augmenter la durée de cotisation (c’est à dire reculer l’âge de départ). S’y ajoute la diversification des sources de financement pour la retraite, comme les fonds de pension, qui évolue en fonction de la santé des entreprises et donc de l’économie du pays. Cette solution a été rejetée en France depuis longtemps, pour des raisons plus idéologiques que pratiques : les fonds de pension existent pour les fonctionnaires avec la Préfon. Les mettre en place aujourd’hui, même si cela pourrait être utile, ne produira des effets qu’à long terme.
Comme les problèmes sont les mêmes dans tous les pays européens, regarder ce qu’ont fait nos voisins permet de prendre un peu de recul. En Europe, une personne sur cinq a plus de 65 ans, l’âge de la retraite varie selon les pays et les sexes, de 62 à 69 ans.
Récemment, les Suisses ont adopté, par une consultation populaire, une réforme des retraites, qui a porté celle des femmes à l’égal de celle des hommes : 65 ans.
En Allemagne, la retraite a été repoussée à 67 ans en 2012. La banque centrale allemande recommande pourtant de repousser encore l’âge légal à 69 ans. L’accord gouvernemental ne prévoit pas de changement. Problème : alors que les épargnants allemands étaient mal rémunérés lorsque les taux étaient bas, ils sont encore plus ponctionnés avec l’inflation. Quant à la population active, elle diminue.
En Italie, en 2011, la retraite a été portée à 67 ans pour les hommes (66 ans et 7 mois pour les femmes). En Espagne, en 2021 les cotisations ont augmenté et l’âge de la retraite aussi : ce sera 67 ans aussi à partir de 2027, progressivement.
En Angleterre, en 2020, l’âge de la retraite a été repoussé à 66 ans. Aux Pays-Bas, c’est 67 ans ; en Belgique 65 aujourd’hui (avec 45 ans de cotisation), mais progressivement 66 en 2025 et 67 en 2030.
En Suède, système le plus original et qui avait été validé par plusieurs gouvernements français (de Chirac à Macron) et plusieurs syndicats (dont la CFDT), la retraite fonctionne selon un système de points : on peut prendre sa retraite dès 61 ans, mais les prestations varient selon le nombre de points accumulés.
64 ans, une solution généreuse ?
La France a donc l’âge de départ à la retraite le plus bas des pays voisins. Même un report à 64 ans reste généreux (quant à l’âge) par rapport aux autres. La démographie de chaque pays va accroitre les dépenses de retraite, moins d’ailleurs en France que dans les autres pays, parce qu’elles sont déjà très élevées et parce que la population active devrait moins baisser en France qu’ailleurs.
Deux variations aussi importantes qu’incertaines s’annoncent hors débat : d’une part, l’impact de l’inflation, et sa durée, d’autre part l’immigration, composée d’une population jeune et active et qui modifie le rapport nombre de cotisants/nombre de retraités.
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