Retour de la politique en bourse

Retour de la politique en bourse

Depuis les années 1980, la politique avait perdu en influence au niveau des marchés. Les résultats des élections européennes du 9 juin dernier et la décision du Président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale ont remis la politique au cœur des marchés. Les investisseurs en bourse ou ailleurs craignent par-dessus tout l’instabilité politique et les changements de cap brutaux. Les programmes de certaines formations pouvant aboutir à une forte augmentation des dépenses publiques suscitent leurs profondes réserves.

-6% en cinq jours.

Le CAC 40 a signé sa plus mauvaise semaine depuis 2 ans. Il a perdu plus de 6 points en 5 jours et a terminé la semaine 7503 points loin de son record de ces derniers mois. Les valeurs bancaires ont été les principales victimes de ce recul, les investisseurs craignant l’éclatement de la zone euro.

La crise politique française a également entraîné une augmentation non négligeable de l’écart entre le taux d’intérêt des OAT à 10 ans, dépassant 3,1 % et son équivalent allemand, à 2,35 %.

Les taux d’intérêt français au niveau des taux du Portugal

En quelques jours, cet écart est passé de 0,5 pp à près de 0,8 pp. Une telle hausse est sans précédent depuis 2011. Elle traduit un degré de défiance de plus en plus manifeste à l’égard de la dette française.

Les taux auxquels la France emprunte sont même passés, quelques heures, au-dessus des taux du Portugal. Le croisement des courbes françaises et portugaises sanctionne deux gestions des finances publiques bien différentes. En 2023, Lisbonne affichait un excédent public de l’ordre de 1,2 % du PIB. Bien loin du déficit de 5,5 % de la France. Après huit années de mandat, dédié au redressement des comptes, le chef du gouvernement socialiste, Antonio Costa, a fait passer la dette de son pays sous la barre des 100 % du PIB, versus 133 %, dix ans plus tôt. Pendant la même période, la dette hexagonale n’a cessé de grimper, de 95 % à 110 %.

Les taux espagnols se rapprochent également des taux français. Pour Paris, qui regardait avec une certaine distance il y a un peu plus de dix ans ces États (les fameux « Piigs » pour Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne, en anglais Spain) se débattre au cœur de la crise de la dette, ce retour de bâton est le signal d’un certain déclassement.

L’augmentation des taux d’intérêt engendre également celle du service de la dette pour l’État. Elle contribue ainsi à dégrader un peu plus la situation des finances publiques françaises.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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