Catya Martin, notre partenaire du magazine trait d’union et de lafrenchradio Hong Kong et Macao a eu l’occasion de s’entretenir avec la Député Anne Genetet, députée de la 11ème circonscription des Français établis hors de France à l’occasion de son déplacement à Hong-Kong.
Anne Genetet :
L’objectif premier de mon déplacement comme à chaque fois est d’aller à la rencontre des communautés françaises, et en l’occurrence, s’agissant de Hong-Kong, dans un contexte tout à fait particulier, je suis la situation politique de Hong-Kong de très près, et j’ai reçu de nombreux messages de Français qui exprimaient une certaine inquiétude, donc je viens pour prendre la température, rencontrer la communauté, comprendre et peut-être rapporter des informations de l’intérieur. Comme je le dis depuis le début du mandat, je considère que partout dans le monde, les Français qui sont sur place ont regard particulier sur la ville, sur la région, sur le pays dans lequel ils vivent. Ce regard doit être complémentaire de nos canaux traditionnels, comme peut l’être la diplomatie française, et il est important de prendre aussi les retours d’expérience, les signaux, les informations que nos communautés nous envoient.
Catya Martin : Justement par rapport à la situation particulière de Hong-Kong, Emmanuel Macron, lors de sa visite en Chine, a transmis un message indiquant qu’il regardait et qu’il était présent auprès de la communauté française de Hong-Kong, vous avez des contacts réguliers avec eux, suivez-vous la situation des Français en cas de crise ?
Anne Genetet :
Absolument, je sais que Jean-Yves Le Drian suit cela de très près, moi-même avant de partir j’ai encore contacté le Quai d’Orsay pour leur expliquer ma démarche, l’objectif de mon voyage et leur dire que je reviendrai vers eux dès mon retour. Nous fonctionnons de façon très rapprochée même si il y a vraiment une séparation des pouvoirs institutionnels, s’agissant de la sécurité de nos communautés il n’y a plus de séparation.
Pourrions-nous parler un peu de mobilité internationale, il y a donc eu le rapport remis au Premier Ministre, quelles suites, qu’est-ce qui a été réfléchi, pouvez-vous nous en parler un petit peu ?
Beaucoup de choses vont être mises en place, la première chose qui me vient à l’esprit est la plateforme téléphonique qui permettra de joindre un Consulat ou une Ambassade à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit peut importe l’endroit où nous nous trouvons dans le monde. Cela va être une avancée majeure car aujourd’hui nous sommes limités par les horaires d’ouverture de nos Consulats et de nos Ambassades pour parler à des personnes humaines, les répondeurs téléphoniques ne répondent pas aux attentes de nos communautés et c’est un projet d’envergure. L’année dernière nous étions dans une phase de tests budgétairement, cette année le projet a pris de l’ampleur il y a une volonté de le mettre en place, il y aura des tests dans certains pays pour ensuite voir comment le développer à l’échelle du monde entier. Je suis très optimiste et très contente que cette recommandation majeure ait été prise en compte. Le travail que je fais en parallèle et depuis le début du mandat est celui de faire comprendre que les Français de l’étranger ne sont pas n’importe quels Français, ils ne sont pas à part, ils sont à part entière, le Ministre l’avait dit, il y a encore beaucoup de travail, je l’avais signalé dans le rapport mais encore ici à Hong-Kong, il m’a été signalé un formulaire internet et qui ne prend pas en compte le fait que dans les pays où nous habitons il n’y a pas forcément de code postal à cinq chiffres. Nous ne sommes pas adaptés dans nos formulaires et cela montre, je le dit avec humour, mais que pour l’administration française rien n’existe en dehors des frontières françaises, peut-être même pensent-ils que la Terre est plate.
Il y a-t-il aussi une réflexion sur l’accueil de ces Français de l’étranger quand ils reviennent en France, soit parce qu’il y a une situation de crise, des ruptures professionnelles, conjugales, après parfois 10 ans à l’étranger, est-ce que quelque chose va être mis en place pour les accueillir dans cet accueil ?
Les ruptures de vie, cela est de toute façon de plus en plus fréquent, heureuses ou moins heureuses. Sur le retour en France je suis un groupe de retour d’expatriés sur Facebook qui est très intéressant, je me nourris des retours d’expérience de ces personnes. Il y a une énorme différence entre ceux qui ont fait le choix de rentrer, même si c’est difficile, et qui se préparent, et ceux qui repartent en France de façon imprévue et pour qui cela est très difficile. Une grande avancée avait été faite avec le rapport à l’époque de la Sénatrice Hélène Conway-Mouret avec une plateforme de retours en France. J’ai cependant découvert que la plateforme est gérée de manière externe, l’Etat se défausse. Ce n’est pas suffisant, pas satisfaisant. J’aimerais avancer, je dois reconnaitre que je suis un peu seule sur ce sujet, j’ai le soutien des élus locaux, mais le soutien d’autres parlementaires est moins marqué.
Cela ne les concerne pas ?
Les Parlementaires de France ne se sentent absolument pas concernés alors que je ne cesse de leur dire que c’est dans leurs territoires que les Français rentreront et seront en déshérence, mais par ailleurs les parlementaires à l’étranger ont une sensibilité inégale à ce sujet. Il faut de la constance face à l’administration française, face à l’Etat profond comme le dit le Président, et beaucoup de détermination.
Concernant la fiscalité, pouvez-vous nous expliquer les avancées ?
Pour faire très simple, quand quelqu’un quitte la frontière française, le territoire français, pour des revenus identiques de source française, et j’insiste sur ce point, il y a mécaniquement une baisse nette de la fiscalité. Il y a des nuances pour les revenus les plus élevés. Pour les revenus moyens et bas, la baisse nécessite une manipulation au moment de la déclaration qui n’était pas accessible et visible, comme si l’administration la cachait. Il y a une volonté de la rendre plus visible, c’est un petit pas. Pour autant, la question qui a été posée est : pourquoi cette baisse de la fiscalité pour des revenus qui sont les mêmes ? Historiquement je ne suis pas allée creuser, le projet était de réaligner cette fiscalité mais j’ai mis beaucoup de conditions dans mon rapport : ne prendre que les revenus de source française, pas les revenus à l’étranger car d’abord il est très facile d’en cacher une partie et nous défavoriserions ceux qui sont trop honnêtes, je dis toujours à l’administration d’arrêter de vouloir toujours connaitre les revenus à l’étranger, elle n’y arrivera pas même avec la transparence et les échanges, et par ailleurs ce projet n’a de sens que si nous ne prenons que la totalité de la fiscalité en France métropolitaine et donc aussi accès aux déductions de charges. Sans cela ce n’est pas une réforme. Et ce n’est pas juste. Il faut mettre cela en place, cela a été extrêmement mal ficelé par le gouvernement, ce sont des sujets techniques, les amendements présentés par le gouvernement ont dissimulés des choses, je n’en suis pas du tout contente.
A partir de janvier je vais reprendre des discussions avec des avocats fiscalistes pour faire des simulations très claires et aussi des rendez-vous avec les Français concernés et notamment les transfrontaliers qui m’ont alertés, je vais travailler directement avec eux, et puis au bout de ce processus j’irai voir le ministre avec des solutions claires. Et si il n’accepte pas ce que je lui propose, alors je ne soutiendrai rien.
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