L’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) cherche encore sa place dans le débat politique. Pour de nombreux élus, cette instance démocratique n’est pas du tout entendue, ni respectée. Ses travaux restant effectivement, pour la plupart, confinés dans des textes sans lendemain. Plutôt que de trouver le responsable, Lesfrançais.press a souhaité donner la parole aux élus, toutes tendances confondues, qui portent l’idée d’une réforme de cette assemblée.
Une réforme indispensable
Comme nous l’indique Annie Rea, présidente du groupe Solidaires et Indépendants, le constat est sans appel. Interpellant le nouveau Ministre des Français de l’étranger, Oliver Becht, l’élue d’Italie a souligné « qu’aucune résolution votée en mars dernier à la session plénière de l’AFE n’a fait l’objet d’un suivi ». Dans ces conditions, une réforme semble donc s’imposer, mais quels sont les changements attendus ?
Un groupe de travail a été constitué, il est piloté par Jean-François Deluchey du Groupe Ecologie et Solidarité et dont l’objectif est, selon le conseiller, de faire de l’AFE « une assemblée plus délibérative avec une autonomie budgétaire et dotée de moyens pour travailler ».
Si l’objectif semble partagé par une très grande majorité de membres de l’AFE, quelles sont les propositions mises sur la table par les élus ?
Meilleure prise en charge des mandats
L’une des premières revendications est celle des frais engagés par les conseillers et de leur remboursement. Alexandre Barriere-Izard, élu d’Afrique du Sud et siégeant au groupe Solidaires et Indépendants, nous l’a confié : « aujourd’hui, pour venir en session plénière à Paris, je prends sur mon argent personnel, cela ne va pas ». Doléance entendue et reprise en session plénière par le président du groupe Union des Républicains, des Centres et des Indépendants, Laurent Rigaud : « nous sommes les seuls élus de la République à devoir payer les activités de notre mandat ». A la tribune, le Ministre Olivier Becht, s’est donc engagé à modifier les montants des indemnités affirmant que « quand on exerce un mandat, on ne doit pas y être de sa poche ».
Au-delà de la question des indemnités, quels sont les autres sujets pour moderniser l’AFE ?
« Que l’on arrête de nous materner, et que l’administration cesse de nous brider », c’est ce que nous partage Alexandre Château-Duclos, du groupe Écologie & Solidarité. Le conseiller du Luxembourg demande « un statut de l’élu et une autonomie budgétaire » ajoutant que cela peut se faire rapidement : « on n’est pas obligés d’attendre une nouvelle loi, de nombreuses choses peuvent être faites par décret ».
Predibane Siva, représentant les Français d’Inde et membre du groupe Union des Républicains, des Centres et des Indépendants, souhaite également être « considéré en tant qu’élu » et demande « une clarté des compétences avec la possibilité de gérer un budget ». Mais quel budget, et pour faire quoi avec, la question reste ouverte.
Autonomie et indépendance
Renaud Le Berre, président de la commission des finances, du budget et de la fiscalité, et membre du groupe Écologie et Solidarité, souhaite «une AFE maître de son budget de fonctionnement » et défend l’idée que « l’assemblée puisse disposer de la totalité du budget STAFE pour les attributions aux associations ». L’élu ibérique ajoutant : « l’AFE est mature pour gérer ces budgets, cela donnerait de la crédibilité et renforcerait également nos liens avec tous les Conseillers des Français de l’étranger ».
Un membre influent du groupe indépendants, démocrates et progressistes (incluant Renaissance et les alliés du Président de la République), comprend la question du budget mais souhaite davantage orienter la réflexion sur deux autres axes : « que l’on crée les conditions d’une consultation obligatoire de l’AFE par le gouvernement sur les sujets d’intérêt pour les Français de l’étranger » et que « l’AFE puisse disposer d’un personnel exclusivement consacré à notre assemblée », ajoutant qu’il « pourrait être intéressant de ne plus être sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères afin de disposer de notre autonomie».
Consensus pour une modernisation
Il y a donc du pain sur la planche pour la réforme de l’AFE. Il y a consensus des élus pour moderniser et aller en ce sens. Jean-François Deluchey souhaite que son groupe de travail remette son rapport en mars 2024, mais quelle direction sera finalement retenue ? Déjà des chemins différents s’ouvrent.
Et si la question essentielle était finalement de savoir à quoi sert l’AFE, quelle en est sa finalité, son point d’arrivée ? Un membre de l’administration nous l’a d’ailleurs confié : « vous pouvez disposer du meilleur GPS du monde, si vous ne lui indiquez pas la destination, vous risquez de tourner longtemps en rond », et la crainte existe !
« Je ne suis pas magicien » a rappelé à la tribune le Ministre Olivier Becht.
Au sein de la rédaction Lesfrançais.press nous n’avons pas non plus de baguette magique, nous ne fabriquons pas non plus d’objets aidant à la navigation, en revanche nous nous engageons à faire vivre ce débat, à interroger l’ensemble des élus de tous les niveaux et de toutes les formations politiques, à faire participer tous les citoyens qui le souhaiteront pour que cette réforme de l’AFE ne ressemble pas à l’image du hamster tournant indéfiniment dans sa roue.
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