Voilà désormais 4 mois que le peuple iranien crie « Mort à Khamenei » et « Mort au tyran, qu’il soit roi ou dirigeant » dans les rues du pays. Aucune des 31 provinces du pays ne fait exception. En chiffres, ce sont 282 villes touchées pour 750 personnes tuées (dont 620 ont été identifiées par les Moudjahidines du peuple) et au moins 30 000 personnes interpellées. Jamais un soulèvement n’avait pris autant d’ampleur depuis la prise du pouvoir par la révolution islamique en 1979 !
Le dynamisme de la révolution
Le dynamisme de ce soulèvement et sa poursuite sur une aussi longue période malgré une répression inédite reposent sur deux forces motrices. Tout d’abord, un mécontentement généralisé ; chômage, inflation, pauvreté de 80% de la population, corruption systémique du gouvernement, oppression des femmes, oppression des minorités religieuses et ethniques… Soit, le résultat sans concession de l’œuvre d’un régime médiéval pendant plus de 40 années.
La prospérité économique, l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect des droits fondamentaux, entre autres, nécessitent des réformes, terme totalement incompatible avec l’essence même du système Velayat e-Faqih et qui le fait se désagréger. C’est pourquoi ce régime n’est même pas capable de revoir sa position sur le hijab obligatoire. Hassan Rohani et Mohammad Khatami, deux mollahs apparemment modérés qui furent en leur temps appelés à la présidence du pays, n’étaient qu’une vitrine pour rendre ce régime acceptable.
Jeu dur et jeu doux
Il n’y a pas d’éléments modérés ! Et toute tendance à la réforme au sein de ce régime signifie son renversement. La focalisation des slogans sur Khamenei montre cette vérité. Le peuple iranien ne veut pas seulement abolir le hijab obligatoire. Avec l’aide des unités de résistance sur le terrain et du CNRI à l’extérieur du pays, il veut renverser le régime satanique basé sur l’autorité religieuse. C’est là que se situe la seconde force motrice de ce soulèvement.
Pendant 40 ans, la communauté internationale a été trompée par le jeu entre “les durs et les doux“ au sein de ce régime, ou bien peut-être a-t-elle choisi de se tromper elle-même contre la promesse de bénéfices à court terme. Ce jeu a été fondamentalement inventé par Khomeini et Khamenei, les deux seuls vrais dirigeants du pays depuis 1979. Le peuple iranien, lui, ne s’y trompe pas. D’ailleurs, lors du soulèvement de 2018, les jeunes insurgés scandaient : « Fondamentaliste, réformateur, fin de l’histoire. »
Pour stopper le soulèvement, le pouvoir doit nécessairement désactiver l’une des deux forces motrices. Puisque le régime n’est pas en mesure d’éliminer le mécontentement, c’est-à-dire de créer la prospérité économique et de répondre aux besoins culturels et politiques de la société, il a concentré tous ses efforts sur le deuxième facteur, la résistance organisée, afin de stopper le dynamisme du soulèvement.
A l’étranger, le régime a activé ses cellules dormantes et ses lobbies pour travailler contre la résistance. Depuis 40 ans, en calomniant la résistance et en la discréditant, le régime a voulu dire qu’elle n’est pas une alternative viable, et que nous devrions donc nous satisfaire de ce régime.
Le secret de la poursuite du soulèvement
Les unités de résistance qui ont été formées en 2013 par les moudjahidines du peuple, ennemis jurés de Khomeiny, jouent un rôle décisif dans la poursuite du soulèvement. Le régime tente d’ailleurs principalement d’arrêter les membres des unités de résistance, qu’il appelle des leaders. Ces unités de résistance ont joué un rôle très important dans les soulèvements de 2018 et 2019. Mais cette fois, leur impact a eu des répercussions bien plus grandes et elles ont pris une autre dimension. Les UR sont devenues une organisation d’avant-garde dans tout le pays.
Bien sûr, la pandémie a freiné la montée en puissance des UR dans le pays. En jouant le jeu de “la politique de la grande perte“ pendant l’épidémie Covid, Ali Khamenei a misé sur l’extinction progressive des mouvements de protestations initiés en 2018 et 2019. C’était sans compter sur la confiance toute nouvelle qui habitait les Unités de Résistance. Elles ont su maintenir la flamme contestataire vaillante. Il a ensuite suffi d’une étincelle pour que la société iranienne s’embrase : la mort de Mahsa Amini.
Depuis, les UR jouent leur rôle à la perfection : garantir la poursuite des soulèvements, élargir la contestation au pays tout entier, organiser les manifestations et les actions contre le régime, protéger au mieux les révolutionnaires des forces répressives gouvernementales. Preuve de leur efficacité, un ordre confidentiel du Corps des gardiens de la révolution islamique daté du 19 octobre 2022 fait état des inquiétudes exprimées face à l’augmentation des « actions des unités de résistance ».
Afin de faire face aux forces répressives de l’ennemi et d’ouvrir la voie au soulèvement, les UR ont mené plus de 1 500 opérations contre le régime, dans 282 villes. De nombreux centres et symboles gouvernementaux ont été incendiés et les voies d’approvisionnement de l’ennemi ont été fermées. On compte également plus de 4 000 “autres pratiques“ des UR, des tags aux actions sur le terrain pendant les manifestations, des bannières dans les cortèges aux affiches devant les caméras en passant par tous les slogans sur les routes. Malgré les arrestations généralisées, ces différentes actions ont connu une croissance de 500 %.
L’expansion des UR dans tout l’Iran leur a permis de former des protestations locales et partisanes dans différentes villes et même dans les grandes villes en même temps, empêchant ainsi la concentration des forces répressives. Et c’est ainsi que le soulèvement a continué. Si le soulèvement n’avait pas de direction et d’organisation, comment aurait-il pu survivre aussi longtemps sous la répression sévère des mollahs sauvages, qui ne renoncent à aucun crime ni à aucune ruse ?
La peur a changé de camp
Aujourd’hui, tous les signes et symptômes indiquent que la situation ne reviendra pas à l’équilibre d’avant septembre 2022. Pour autant, Ali Khamenei ne ménagera pas ses efforts et continuera à réprimer jusqu’à sa dernière seconde sur le trône.
En interne, de nombreuses autorités religieuses et des commandants du CGRI ne le soutiennent plus. Des mollahs comme Abdullah Nouri, l’ancien ministre de l’Intérieur, Morteza Moqtadaei, le procureur général et l’ancien chef de la Cour suprême, Mohaghegh Damad, l’ancien chef du département de l’inspection générale et d’autres encore ont déjà protesté publiquement contre le guide suprême Ali Khamenei.
La peur a clairement changé de camp. De nombreux athlètes et artistes ont rejoint aujourd’hui les rangs de l’opposition. Et malgré les arrestations généralisées, de nouvelles personnes rejoignent chaque jour les rangs du soulèvement. La communauté internationale, qui avait l’habitude d’investir dans la stabilité de ce régime, a presque perdu tout espoir aujourd’hui. En bref, le potentiel du soulèvement n’a pas disparu et il s’intensifiera avec l’augmentation de la répression.
Le but de la révolution
Le peuple iranien rejette toute forme de dictature. Le slogan de la mort au dictateur, qu’il s’agisse d’un roi ou d’un leader, exprime le même sens. L’objectif est d’établir une république démocratique, fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité entre les hommes et les femmes, un Iran non nucléaire et des Iraniens en paix et en amitié avec leurs voisins. La vision de l’Iran futur dans le programme en dix points de Maryam Radjavi, dirigeante de l’opposition iranienne, a été soutenue par de nombreux parlements partout dans le monde. L’Iran de demain sera une république démocratique !
Pour autant, le régime actuel ne saurait disparaître sous la pression de simples manifestations. Il réprimera jusqu’au dernier jour. De fait, le droit légitime d’autodéfense du peuple et la résistance de l’Iran doivent être reconnus. C’est un droit naturel que personne ne peut enlever au peuple, par ailleurs reconnu dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et dans les constitutions de nombreux pays.
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