Belgique - Iran : un marchandage sur la vie des victimes de terrorisme

Belgique - Iran : un marchandage sur la vie des victimes de terrorisme

Un projet de loi controversé vient d’être soumis d’urgence au parlement belge pour permettre un accord avec l’Iran concernant le « transfèrement de condamnés » entre les deux pays. Cet accord est une exigence du régime iranien qui cherche à obtenir la libération de son diplomate condamné à vingt ans de prison pour avoir planifié il y a quatre ans un attentat dévastateur contre un rassemblement du Conseil national de la Résistance iranienne (principale opposition à la dictature théocratique) en France.

Assadollah Assadi

Assadollah Assadi, troisième conseiller à l’ambassade iranienne de Vienne et coordinateur de l’action des agents iraniens en Europe, a été condamné avec trois de ses complices par un tribunal belge en juin 2021, à l’issue d’un procès historique. C’était en effet la première fois qu’un diplomate-terroriste du régime iranien était jugé et envoyé derrière les barreaux sur le sol européen.

Assadollah Assadi

Il avait utilisé son immunité diplomatique et les installations de l’ambassade pour transporter la puissante bombe de Téhéran à Vienne dans un avion de ligne, mettant en danger la vie des passagers. La bombe dotée de 500 grammes de TATP, camouflée dans une valise diplomatique, avait été remise à deux de ses complices pour la poser dans le grand rassemblement de l’opposition iranienne à Villepinte près de Paris. L’évènement avait réuni des dizaines de milliers de membres de la diaspora iranienne venus des quatre coins du monde pour revendiquer la fin du régime des mollahs en Iran. De nombreux députés et personnalités françaises, européennes, arabes et américaines avaient également fait le déplacement en solidarité avec la cause iranienne et pour soutenir le programme de Maryam Radjavi, dirigeante du CNRI, pour un Iran démocratique, laïque et non nucléaire. 

Selon le projet de loi proposé par le gouvernement belge, les criminels condamnés dans les deux pays pourront purger leur peine dans leur propre pays. Pour les opposants iraniens cela relève d’une ironie amère, car elle signifie que le diplomate terroriste et ses complices seront libérés dès leur arrivée en Iran.

Une tache de honte indélébile

L’affaire qui compte 25 parties civiles, dont des personnalités politiques aux États-Unis et en Europe, est aujourd’hui au centre d’un marchandage honteux sur leur vie et celle de milliers d’autres qui étaient en danger lors du rassemblement. « Une tache de honte indélébile », que les opposants iraniens ont condamnée, estimant que la décision belge est une insulte à la justice de ce pays et un encouragement pour les dictateurs iraniens à continuer à user du terrorisme pour atteindre leurs funestes objectifs. 

Dans une lettre adressée au premier ministre et au ministre de la justice belges, les avocats de la partie civile, Georges-Henri Beauthier et Rik Vanreusel, ont protesté contre ce qu’ils ont appelé un « projet funeste » qui permettrait à Assadi d’être gracié lors de son retour à Téhéran. « Il est certain que, par la suite, la prise en otages d’innocents sera facilitée, puisque les agents des services secrets et des terroristes iraniens seront, en fin de compte, remis à leur gouvernement », écrivent les deux avocats, qui déplorent encore que le gouvernement « se moque » des décisions de la justice et des quatre années que le parquet fédéral antiterroriste a consacré à cette enquête.

« Si le projet de loi est adopté, le fascisme religieux au pouvoir en Iran sera bien plus agressif dans ses actes terroristes en Europe », a pour sa part déploré Maryam Radjavi, dirigeante de l’opposition iranienne, basée à Auvers-sur-Oise. Appelant les députés belges à rejeter ce projet de loi, elle a estimé que « si le plan d’attentat et de carnage avait réussi dans le rassemblement de la Résistance iranienne, cela aurait été le plus grand attentat terroriste jamais mené en Europe. Si ce projet de loi est adopté, personne en Europe ne connaitra de sécurité et d’immunité contre les assassins au pouvoir en Iran. »

Depuis des décennies le régime iranien use de chantage et de terrorisme pour obtenir des concessions de ses interlocuteurs occidentaux. Le cas le plus récent est celui de Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori, deux Irano-Britanniques retenus dans une prison à Téhéran sous la fausse accusation d’espionnage, libérés contre le paiement par Londres d’une vieille dette liée à un contrat d’armement.

L’enseignement que les dirigeants occidentaux devraient tirer de leur mauvaise politique complaisante vis-à-vis de Téhéran, c’est que seuls la fermeté et l’attachement à l’État de droit peuvent dissuader les dictateurs iraniens de mener leurs sinistres marchandages sur le dos de malheureux otages et victimes de terrorisme en Iran et en Europe. Car c’est un régime foncièrement affaiblie qui est installé à Téhéran, confronté à un mécontentement populaire profond qui se manifeste dans des révoltes incessantes d’Iraniens excédés par la gabegie des mollahs dans le pays, et un régime isolé sur la scène internationale, plus que jamais fragile face aux pressions.

Si face aux prises d’otages, l’Occident avait été ferme et avait répondu par des sanctions dévastatrices contre le régime, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Céder au chantage des despotes est contre-productif et ne fera que les encourager dans leurs forfaitures.  

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