RD Congo : Kitshanga investi par le M23

RD Congo : Kitshanga investi par le M23

En RD Congo, le M23 vient de s’emparer d’une nouvelle localité: Kitshanga, dans le territoire de Masisi. De nombreux habitants ont fui la ville, certains sont arrivés jusqu’à Goma, la capitale de la province.

Qu’est ce que le M23 ?

Depuis plus d’un an, le mouvement M23 a repris les armes et fait à nouveau régner la terreur au Kivu congolais. Le courant qui a donné naissance au mouvement M23 plonge ses racines dans une problématique communautaire, celle des populations rwandophones présentes dans l’Est du Congo.

En 2012, des soldats issus du CNDP se mutinent sous prétexte que les fameux accords du 23 mars 2009 tardent à produire leurs effets. Le mouvement va prendre cette date, M23, pour nom. Il poursuit ses activités sous le commandement du général Bosco Ntaganda. Ce dernier a été depuis lors condamné à 30 ans de prison par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

En 2013, des accords censés mettre fin à à la revendication fondamentale de la nationalité congolaise et l’appartenance à la nation Congo sont signés. Le retard dans la mise en œuvre de ces accords va permettre que le M23 ressuscite.

Troupes de la République Démocratique du Congo – 2022 ©AFP

Le Rwanda mis en cause

Le gouvernement de la République démocratique du Congo et des rapports d’experts de l’ONU indiquent que derrière les activités du M23, c’est le Rwanda qui agit. 

Lors d’un appel, le 4 décembre dernier, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exhorté le président rwandais à cesser tout soutien à des factions rebelles congolaises. Son porte-parole, Ned Price a déclaré :

« Tout soutien externe à des groupes armés non-étatiques en RDC doit cesser, y compris le soutien du Rwanda au M23.« 

Ned Price – porte-parole du Secrétaire d’Etat américain

Mais quel serait alors l’intérêt du Rwanda de soutenir un mouvement comme le M23 ? Pour Bob Kabamba, derrière la motivation politique de soutenir un groupe ethnique Tutsi, semblable à l’ethnie au pouvoir au Rwanda, il faut discerner l’intérêt économique.

« Quand on dit « peser sur la dynamique politique », il faut toujours avoir à l’idée les intérêts économiques qui sous-tendent la volonté de piloter une mainmise sur la dynamique politique. Alors, enjeu économique : il y a maintenant des filières d’exportation de matières premières et de ressources naturelles qui sont identifiées. Elles viennent du Congo et doivent passer par le Rwanda pour se retrouver sur le marché international. Alors, le Rwanda a capitalisé de manière claire sur ces couloirs. Le commerce va donner une plus-value à ces matières premières. Le coltan qui quitte par exemple la province du Nord-Kivu à l’état brut. Il arrive au Rwanda. Le Rwanda a construit une usine de raffinage du coltan cassitérite pour pouvoir améliorer cette ressource naturelle et lui donner une plus-value sur le marché international. Ça rapporte à l’économie rwandaise. On a aussi le cas de l’or qui quitte le Congo vers le marché international. C’est de l’or brut. Il doit être raffiné. Et le Rwanda a mis en place une usine pour raffiner cet or. Maintenant, dans cette dynamique, vous avez l’Ouganda qui intervient pour aussi prendre sa part. Une part que l’Ouganda prend sur le quota, si je peux m’exprimer, ainsi du Rwanda. Alors, pour casser cette dynamique, on ressuscite le M23 et ainsi, il devient un supplétif qui va faire en sorte que ces couloirs commerciaux continuent d’être sécurisés non plus par le Congo mais par le M23″.

Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l’Université de Liège (ULg) et Directeur de la «Cellule d’appui politologique en Afrique centrale» (CAPAC) de l’ULg. 

Des négociations en cours ?

Des négociations sont en cours, entre le Rwanda et le Congo, à Luanda. Sur un autre plan, le gouvernement de la RDC est autour de la table des négociations à Nairobi, avec divers mouvements armés actifs sur son territoire. Mais à Luanda, le M23 n’est pas concerné. 

Regardez le reportage de TV5MONDE

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