Le sport automobile amorce la saison 2021 en France avec la première manche du championnat du monde des rallyes, le Rallye Monte-Carlo. Lourdement contesté par des associations de protection de la nature et de l’environnement, l’évènement interroge sur les raisons d’être d’un sport, par nature, polluant.
Les détracteurs à l’égard du sport automobile n’ont pas mâché leurs mots. « Le Rallye Monte-Carlo est une manifestation anachronique à laquelle il est temps de mettre un terme », ont fustigé plusieurs associations du sud-est de la France dans un communiqué commun publié le 12 janvier. Elles estiment le coût environnemental de l’évènement « démesuré et insupportable ». Dans un deuxième communiqué publié hier (21 janvier), ils martèlent une nouvelle fois le « non-sens écologique » du Rallye Monte-Carlo.
Lancement de la saison automobile
Ce rallye, inaugurant traditionnellement le World Rallye Championship (WRC) chaque année au mois de janvier, est organisé par le Club Automobile de Monaco, mais se déroule en grande partie en France, autour de Gap (Hautes-Alpes). 110 ans après sa création, cet évènement, considéré comme « mythique » par ses supporteurs, interpelle ses détracteurs. « Les conditions dans lesquelles ce rallye a été crée au XXe siècle ne sont plus les mêmes aujourd’hui », estime Hervé Gasdon, président de la Société alpine de protection de la nature – France Nature Environnement Hautes Alpes (SAPN-FNE 05) en entretien avec Euractiv France. « En vue du changement climatique, la tenue de cet évènement envoie une image complètement déplacée. »
Plus généralement, c’est l’ensemble du sport automobile qui suscite des interrogations. L’impact négatif sur l’environnement des courses automobiles, que ce soit en Formule 1 ou en rallye, suscite de vives critiques depuis de nombreuses années. À commencer par la consommation d’essence très élevée des voitures de course, estimée à 45 litres pour 100 kilomètres en F1. En rallye, elle serait même de plus de 50 litres pour 100 kilomètres, selon la SAPN-FNE 05. Pour comparaison, en France, les voitures des particuliers consommaient en moyenne 6,3 litres pour 100 kilomètres en 2018.
Le sport automobile sur le chemin du verdissement ?
Consciente de la mauvaise image qu’il envoie, le sport automobile s’est pour autant lancé dans le défi de devenir plus vert il y a quelques années. La F1 a annoncé en 2019 son ambition de devenir neutre en CO2 d’ici à 2030. Et la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) a inauguré en 2013 son programme de développement durable. Il permet d’accréditer les organisateurs d’évènements qui s’engagent à prendre des mesures pour réduire leur impact sur l’environnement. Comme le souligne Richard Micoud, responsable de communication du Club automobile de Monaco, interrogé par Euractiv, le Rallye Monte-Carlo s’est vu attester son engagement écologique par la FIA en mars dernier avec une certification trois étoiles, le plus haut niveau existant.
Le sport automobile, en quête de voitures toujours plus performantes, amène également les constructeurs à innover, y compris dans le secteur des technologies durables, comme l’explique un article dans Racecar Engineering, magazine spécialisé dans l’ingénierie de voitures de course. Les avancées en la matière servent ensuite souvent à améliorer les technologies utilisées dans les véhicules particuliers de tout le monde.
Enfin, le secteur est en train de vivre une autre révolution : l’orientation vers les carburants moins polluants et l’électrique. Ainsi, les constructeurs principaux de voitures de rallye au niveau WRC seront obligés dès 2022 d’introduire des moteurs hybrides. Côté circuit, la Formule E, misant exclusivement sur des voitures de course électriques, a été lancé en 2014. Et les organisateurs du Rallye Monte-Carlo proposent, depuis 1995 déjà, une alternative plus écologique à l’évènement traditionnel – la E-Rallye Monte-Carlo (« Rallye Monte-Carlo des Véhicules Électriques » à l’origine) qui doit se tenir au mois de mai cette année.
Transport, spectateurs – un impact carbone non négligeable
Cela étant, il ne faut pas oublier que la consommation de carburant des véhicules de course, bien qu’impressionnante, n’est responsable que d’une part infime de l’impact que ces évènements sportifs ont sur l’environnement. Selon la chaîne américaine Entertainment and Sports Programming Network (ESPN), seulement 0,7 % de l’impact carbone de la F1 en 2018 a été généré par les voitures de course – contre 45 % pour le transport de matériel aux quatre coins de la planète.
En ce qui concerne les rallyes, un rapport suisse publié en 2013 a par ailleurs démontré la part importante d’émissions de CO2 produite par les spectateurs qui se déplacent en voiture pour y assister. Cette composante au moins ne devrait pas jouer de rôle lors du Rallye Monte-Carlo 2021 : pandémie oblige, l’évènement va se dérouler dans le cadre d’un régime sanitaire stricte et sans public.
Ce n’est toutefois pas suffisant pour les critiques. Ceux-ci s’inquiètent également de la mobilisation des forces de sécurité nécessaires pour le bon déroulement de l’évènement alors même que, dans le contexte sanitaire actuel, ceux-ci « pourraient être utiles sur d’autres fronts ». Que ce soit donc d’un point de vue environnemental ou sanitaire : pour les écologistes, un évènement comme le Rallye Monte-Carlo n’a pas sa place dans le « monde d’après la crise ».
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