Quand un député devient ministre, son siège à l’Assemblée nationale ne reste pour autant pas vaquant. C’est donc son suppléant qui vient le remplacer au Palais Bourbon. Pour les Français de l’étranger, deux circonscriptions, sont concernées, à savoir la 6eme et la 11eme. Ainsi, Marc Ferracci devenu ministre délégué à l’industrie cède sa place à Marie-Ange Rousselot. Et c’est Rémi Provendier qui occupera le banc d’Anne Genetet, nommée ministre de l’Education nationale. Qui sont ces deux nouveaux députés des Français de l’étranger ?
Député remplaçant, de virtuel à titulaire
Bien souvent, le suppléant, ou plus récemment appelé le « député remplaçant » apparaît en médaillon sur les professions de foi des candidats titulaires. Depuis la parité, il devient habituel de proposer une femme quand c’est un homme qui se présente à l’élection législative, et inversement, de choisir un homme quand c’est une femme qui est la candidate. Dans de nombreux cas, son existence restera juridiquement virtuelle. Cependant, leur rôle devient essentiel quand le parlementaire titulaire est alors appelé à siéger au gouvernement comme le stipule le code électoral :
« Les députés qui acceptent des fonctions gouvernementales sont remplacés, jusqu'à l'expiration d'un délai d'un mois suivant la cessation de ces fonctions, par les personnes élues en même temps qu'eux à cet effet. »
article LO 176 du code électoral
Et c’est bien ce qui arrive à deux d’entre eux, à savoir Marie-Ange Rousselot qui remplace Marc Ferracci, et Remi Provendier qui succède donc à Anne Genetet. Quasi du jour au lendemain, ils doivent quitter leurs activités professionnelles pour venir siéger à l’Assemblée nationale. Qui sont ces deux nouveaux arrivants ?
Marie-Ange Rousselot : une franco-suisse à l’Assemblée nationale
Née à Bogota (Colombie), Marie-Ange Rousselot est franco-suisse. Formée en sciences politiques à l’Université de Genève et en communication politique à La Sorbonne, elle a intégré l’institut de sondage IFOP pendant un an avant de reprendre l’entreprise familiale en 2018.
Politiquement, elle a connu les différents échelons administratifs. Lors d’un retour en France, elle fut conseillère municipale de la ville de Touques en Normandie avant de rejoindre l’équipe parlementaire de la députée de la 3ème circonscription de Haute-Garonne en 2014, Laurence Arribagé, puis de l’ancien député de la sixième circonscription des Français de l’étranger (Suisse et Liechtenstein) Joachim Son-Forget.
Depuis 2018, elle s’est engagée auprès d’Emmanuel Macron en rejoignant En Marche. Très impliquée au sein du mouvement, elle gravit les échelons pour devenir responsable communication et référente territoriale En Marche pour la Suisse et le Liechtenstein. Logiquement, elle a mené plusieurs campagnes pour les élections européennes, consulaires, sénatoriales et présidentielles auprès des Français de Suisse et du Liechtenstein.
Pour Marie-Ange Rousselot devenir députée, « c’est tout d’abord un honneur et une grande responsabilité que je mesure pleinement. Les électeurs français en Suisse et au Liechtenstein ont exprimé en 2022 et en 2024 leur confiance dans le camp présidentiel, en votant à deux reprises pour Marc Ferracci et moi-même en tant que suppléante » nous a-t-elle déclaré. Ajoutant,
« Il s’agit désormais de se montrer à la hauteur de leur confiance ». Je mettrai toute mon énergie à défendre leurs intérêts et faire entendre leur voix dans l’hémicycle et auprès du Gouvernement. »
Marie-Ange Rousselot, députée des Français de l’étranger
Quant au sujet qu’elle souhaite porter dans l’hémicycle, la nouvelle parlementaire des Français de Suisse et du Liechtenstein nous indiqué : « je serai bien entendu particulièrement attentive aux enjeux qui concernent nos compatriotes établis hors de France, tant sur l’enseignement français à l’étranger, l’accès aux services publics, que sur les volets fiscaux ».
Tout en insérant son action dans une dimension également nationale. « Pour autant en tant que députée de la Nation, je souhaite également m’investir dans la lutte contre toutes les formes de discriminations et les questions sociétales, telles que la fin de vie, question restée en suspens lors de la précédente législature malgré les attentes fortes des Français sur le sujet. » nous a-t-elle confié.
Rémi Provendier : de l’engagement associatif au banc de l’Assemblée nationale
Rémi Provendier est élu consulaire à Singapour. C’est un expatrié de longue date qui a rejoint la cité-état depuis San Francisco en 2016, avec épouse et enfants. Spécialiste de la fintech, son parcours professionnel est une subtile combinaison d’emplois dans des sociétés internationales et de ses ambitions entrepreneuriales dans des start-up.
Comme beaucoup, il a découvert l’engagement citoyen auprès de fédérations de parents d’élèves de l’AEFE où ses enfants sont scolarisés depuis la maternelle. Il s’est d’ailleurs mobilisé afin que tous les enfants puissent accéder à la cantine. Aussi, il a créé un collectif pour aider des personnes à se faire régulariser et soutenu des associations de solidarité en France et à l’international.
Un engagement associatif qui s’est transformé en engagement politique lorsqu’en 2016, il rencontre Emmanuel Macron à San Francisco avec un groupe d’entrepreneurs. Et ce fut le coup de foudre politique comme il l’écrivait dans la profession de foi d’Anne Genetet aux dernières élections législatives : « Sa vision progressiste, sa compréhension de la place de la France en Europe et dans le monde, son approche du numérique et du climat, ainsi que son énergie positive m’ont alors convaincu de rejoindre En Marche ! En arrivant à Singapour, c’est donc tout naturellement que j’ai participé à sa campagne présidentielle, puis à celle d’Anne Genetet, notre députée. »
Comme conseiller des Français de Singapour, il est reconnu pour sa proximité et son accessibilité, qu’en sera-t-il depuis l’Assemblée nationale ? Gardera-t-il son attachement à résoudre des problèmes concrets ? Nous lui poserons toutes ces questions dans une interview à venir dans les prochains jours.
Deux députés qui siégeront au groupe « Ensemble pour la République »
Rémi Provendier devrait siéger au groupe « Ensemble pour la République » présidé par l’ancien Premier Ministre Gabriel Attal, comme l’était Anne Genenet. Sa collègue Marie-Ange Rousselot rejoindra également les mêmes rangs. Marc Ferracci était également membre de ce groupe parlementaire. Cet engagement est en effet scruté au sein des instances nationales des partis politiques.
En effet, lors de la nomination au gouvernement d’un député titulaire, il s’agit aussi de faire en sorte que son remplaçant ne renforce pas un autre groupe politique à l’Assemblée nationale. Dans le cas de ces deux nouveaux arrivants représentant les Français à l’étranger, l’affiliation est donc assurée. Mais combien de temps siégeront-ils au Palais Bourbon ? Les néo-députés Marie-Ange Rousselot et Rémi Provendier vont exercer leur mandat de députés avec une épée de Damoclès au-dessus d’eux. En effet, en cas de motion de censure adoptée ou de remaniement ministériel, et si Marc Ferracci et Anne Genetet n’étaient alors pas renouvelés au gouvernement, les deux nouveaux parlementaires redeviendraient alors, du jour au lendemain, des députés… remplaçants. Les titulaires reprendraient, dès lors, leur place respective dans l’hémicycle.
Auteur/Autrice
-
Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
Voir toutes les publications