Emmanuel Macron va bientôt nommer un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement. Quelques noms se murmurent pour le choix du Premier ministre, alors même que chacun confesse qu’il n’en sait rien et que le Président réélu se tait. On parle beaucoup d’Elisabeth Borne, polytechnicienne de formation, actuelle ministre du Travail, qui avait été directrice de cabinet de Ségolène Royal, préfète et présidente de la RATP. On parle aussi de Julien Denormandie, actuel ministre de l’Agriculture et directeur de campagne du Président réélu, mais aussi de Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée nationale. Voilà pour les favoris, tous issus de l’aile gauche du macronisme. A droite, restent Bruno Le Maire, ministre de l’économie durant cinq ans, et Gérald Darmanin, qui tous deux, dans leur domaine respectif, ont eu à surmonter crises et turbulences. Le nom du Premier ministre fait l’objet de toutes les supputations, mais il pourrait surprendre, comme avait surpris la nomination de Jean Castex. A aussi été avancé le nom d’une expatriée, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a quitté la politique il y a cinq ans et qui s’était installée au Etats-Unis. Ancienne ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, elle « coche toutes les cases », comme disent les pronostiqueurs. Avoir quelqu’un, au sommet, qui a vécu cette l’expérience serait une bonne nouvelle pour les Français de l’étranger.
Deux ministres pour les expatriés
Deux postes ministériels comptent particulièrement pour les Français de l’étranger : le Ministre des Affaires étrangères, et le Secrétaire d’Etat, qui a directement en charge les Français de l’étranger.
Jean Yves Le Drian est sur le départ. Il a battu les records de longévité ministérielle : cinq ans à la Défense, cinq ans au Quai d’Orsay. Il aura marqué son temps par les succès de ventes d’armes et les liens tissés avec les pays du Golfe. Pour le reste, le bilan est plus mitigé. La France recule en Afrique, subit des déconvenues en Asie-Pacifique, ne concrétise aucun lien solide en Amérique latine, entretient une relation chaotique avec les alliés américains, butte au Royaume-Uni, échoue en Méditerranée, hésite en Afrique du nord,- sauf l’Egypte-, et reste sur des positions ambigües au Moyen-Orient, n’ayant jamais pris la mesure des accords d’Abraham.
L’écart croissant entre ses ambitions en Europe et sa faiblesse financière contrarie un leadership qu’elle ne peut assumer. L’épilogue de la guerre russo–ukrainienne vient clore une séquence diplomatique assez grise, qui, il est vrai, avait déjà commencé sous Fabius. Quant à la gestion du ministère, Jean-Yves Le Drian a réussi, mais seulement grâce à la crise Covid, à stopper la lente dégradation budgétaire qui rognait non seulement les moyens des ambassades et consulats à l’étranger, mais aussi ceux des lycées et de l’enseignement à l’étranger. Symboliquement, il quitte le Quai d’Orsay en signant la disparition du corps diplomatique.
Qui pourrait lui succéder ? Le profil le plus évident est certainement celui de Bruno Le Maire, s’il devait quitter le ministère de l’Economie. Issu du corps diplomatique, il connait déjà les dirigeants de beaucoup de pays, notamment les Allemands, et a été ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy. On peut aussi évoquer le nom de Manuel Valls, l’ancien Premier ministre tente un retour en politique et il se murmure qu’il pourrait être candidat dans une circonscription des Français de l’étranger, sans doute pas pour rester à l’Assemblée, de laquelle il avait démissionné pour se présenter à Barcelone. Chez les anciens Premiers ministres, on cite toujours Jean-Pierre Raffarin, qui a créé son think tank « Leaders pour la paix» et a des liens personnels avec les dirigeants chinois.
Mais ce qui intéresse plus encore les Français de l’étranger est le nom du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, celui qui suivra le dossier des expatriés. Jean-Baptiste Lemoyne cumulait cette mission avec la Francophonie, le tourisme et même, in fine, les PME. Il accomplissait aussi des missions discrètes au nom du Président dans quelques pays, notamment en Afrique. Pourtant, beaucoup le donnent sur le départ, soit pour une promotion, soit pour siéger au Sénat. En tout cas, le changement parait acté. Qui serait sur les rangs ?
Cazebonne, Genetet, Lescure, Anglade, de nombreux candidats
Déjà, il est probable que le cumul de ces fonctions ne soit pas reconduit. Le tourisme, à lui seul, comme les PME, a traditionnellement un Ministre ou un Secrétaire d’état à temps plein. Il est donc possible d’envisager plusieurs noms, avec cette remarque préliminaire : ceux qui connaissent le sujet ne sont pas forcément ceux qui ont le plus de chance d’être choisis.
Comme la recherche de la parité est un impératif pour le premier ministre quel qu’il soit, Samantha Cazebonne et Anne Genetet, toutes les deux parlementaires des Français de l’étranger, sont sur les tablettes. D’autant que Cazebonne s’est fait élire sénatrice et coordonnait la campagne de Macron pour les Français de l’étranger. Mais il y a des hommes bien placés en « Macronie » : Roland Lescure qui a animé le groupe de travail « Economie » pour le programme avec un autre député des Français de l’étranger : Alexander Holroyd. Pieyre-Alexandre Anglade, le député du Benelux, est proche de Stéphane Séjourné, qui a l’oreille du Président. Si le Président cherche un ministre Modem, Frédéric Petit est au front avec la guerre en Ukraine et connait parfaitement l’Allemagne. Mais pour ceux-là, il faudra passer par les législatives.
Un ministre qui n’a aucune expérience des expatriés pourrait tout aussi bien être désigné. Ce fut d’ailleurs toujours le cas…
Quel serait le meilleur profil pour les expats ? Celui ou celle qui saura imposer ses choix à une administration qui semble agir de façon autonome. Jean-Baptiste Lemoyne expliquait qu’il fallait désormais appliquer la méthode des « électrochocs ». Défendre les Français de l’étranger, ce n’est pas défendre une catégorie, c’est, la plupart du temps, réparer des injustices et faciliter le rayonnement de la France. Un ministre électrochoc ? A voir.
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