Quel sens pour l’histoire ? 

Quel sens pour l’histoire ? 

Le déclin de l’Occident est une antienne qui en permanence se régénère dans l’histoire. En ce début de XXIe siècle, il est à nouveau évoqué par maints commentateurs. Plusieurs facteurs semblent leur donner raison. 

Au niveau démographique, les pays du G7 ne représentent plus que 10 % de la population mondiale quand les BRICS (le Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) rassemblent plus de 40 % de la population mondiale. Au 1er janvier prochain, ils seront rejoints par six nouveaux pays (Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Argentine, Éthiopie, Iran, Egypte) qui renforceront le poids de ce club de pays émergents.

Le poids relatif de l’Occident au niveau de la création de richesses diminue

La croissance démographique de l’Afrique marquera les prochaines années, sa population passant de 1,2 milliard de personnes à 2,5 milliards de 2022 à 2050. Le poids relatif de l’Occident au niveau de la création de richesses diminue également d’année en année. Il en est de même pour le PIB. En 1975, lors de la création du G5 par Valéry Giscard d’Estaing, devenu rapidement G7, les principales puissances occidentales représentaient 75 % du PIB. En 2022, elles n’en représentent plus que 45 %. Les BRICS se rapprochent du G7 avec plus de 30 % du PIB mondial. 

La Chine est devenue en quelques années la deuxième puissance économique et le premier exportateur mondial. L’image de l’Occident est sortie abimée de la crise financière de 2007/2009, crise qui a failli conduire à l’implosion totale du système financier à l’échelle mondiale. 

Les gouvernements des pays émergents et en développement sont de plus en plus nombreux à considérer que les États occidentaux maintiennent un système néocolonialiste en imposant leurs normes et leurs modes de pensée. L’interventionnisme des années 2000 et 2010 s’est soldé par de nombreux échecs pour les États-Unis et leurs alliés, les interventions militaires ne débouchant pas sur l’instauration d’institutions réellement démocratiques viables. Par ailleurs, les motifs de ces interventions ne sont pas apparus d’une évidente clarté aux yeux du plus grand nombre. 

Le déclin des pays développés n’est pas nouveau. Après la Première guerre mondiale avec ses dix millions de morts et ses vingt et un millions de blessés, l’idée que les pays européens s’étaient fourvoyés fut communément admise. Le livre d’Oswald Spengler, « Le déclin de l’Occident » en est une des expressions publiques. 

Les années Trente et la Seconde Guerre mondiale ne feront que confirmer aux yeux de nombreux observateurs que l’Occident rime avec destructions et malheurs. 

L’affirmation des États-Unis comme première puissance économique et militaire mondiale a occulté cette question, d’autant plus que la seconde partie du XXe siècle a été marquée par une forte croissance.

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@stockadobe - Charlie Chaplin - Le temps du travail

Le déclin occidental mis en exergue par les dirigeants des pays émergents concerne à la fois l’économie, les mœurs et la culture

Le déclin occidental mis en exergue par les dirigeants des pays émergents et en développement est protéiforme. Il concerne tout à la fois l’économie, les mœurs et la culture. La baisse du niveau scolaire, la diminution de l’espérance de vie aux États-Unis, la moindre créativité, que ce soit au niveau des sciences ou sur le plan culturel semble leur donner raison. 

Pour autant, bien souvent, les pays émergents et en développement sont en proie à des problèmes similaires. Ces pays sont traversés par des lignes de fractures parfois plus marquées qu’en Occident et que les régimes autoritaires tentent de masquer. L’Iran en est un triste exemple. La chute de la croissance, de la productivité et de l’innovation ne connaît pas de frontières. 

L’histoire n’a de sens que celui que nous lui donnons. Depuis la première révolution industrielle, le progrès a servi de guide.

Une crise de confiance sur la marche du monde

Valeur occidentale, il s’est diffusé à toute la planète ou presque en créant néanmoins des tensions quand il rencontrait des systèmes de valeurs contraires. Aujourd’hui, le progrès n’impose plus sa magie aux peuples. Il apparaît inopérant face aux défis à relever. Nul n’ose plus affirmer que la science garantit des jours meilleurs. Il y a une véritable crise de confiance sur la marche du monde. Cette crise de confiance s’exprime vis-à-vis des pays avancés et au sein même de ces pays. La situation économique et géopolitique des prochaines années dépendra sans nul doute de la capacité des dirigeants à redonner du sens à l’action humaine et au progrès. 

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