L’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) se réunit en session plénière deux fois par an, généralement une semaine en mars et une semaine en octobre. Que font les quatre-vingt-dix élus de l’AFE entre ces deux périodes ? Comment s’organise le travail ? C’est ce que Lesfrancais.press a voulu savoir en interrogeant les Présidents des cinq groupes politiques constitués au sein de cette assemblée.
L’intersession permet de travailler les dossiers
« Tout le travail se fait essentiellement entre les deux sessions », c’est ce que nous confie Nadia Chaaya, la présidente du Groupe « Les Indépendants ». C’est ainsi qu’une réunion a été organisée le 10 mai dernier par son groupe avec le Ministre des Français de l’étranger, Olivier Becht, notamment pour faire le suivi des résolutions adoptées en session plénière et faire émerger des solutions sur les questions de sécurité, ou bien encore sur l’obtention des certificats de nationalité ou la formation des élus. Pour Nadia Chaaya, « même si le cabinet du ministre actuel est très réactif, le quotient entre heures passées sur nos travaux et résultats concrets reste bien trop faible ».
« Un suivi efficace de nos résolutions et des réponses plus rapides aux questions écrites posées par les conseillers », c’est aussi ce à quoi s’attache Laurent Rigaud, le Président du Groupe « Union des Républicains, des Centres et des Indépendants » entre deux sessions. « Nous organisons aussi une réunion de notre groupe en visioconférence trois à quatre semaines avant la session pour préparer l’ordre du jour ». Le lien avec les élus de son groupe s’organise également au quotidien par le biais d’un groupe WhatsApp : « nous échangeons, notamment pour faire remonter les expériences de terrain des uns qui peuvent aider les autres ».
Entraide et remontés de terrain que nous retrouvons dans le groupe de Nadia Chaaya pour « trouver une harmonisation dans les applications de certaines règles dans les ambassades et consulats » et notamment celle visant à garantir une information sur les îlotiers dans les pays à risque.
Une assemblée tournée vers le terrain ?
Baptiste Heintz, Président du Groupe Écologie & Solidarité, sur le ton de l’humour ne souhaite pas « rendre publique toute la recette pour rester le premier groupe de l’Assemblée des Français de l’étranger ». Il insiste sur l’importance des contacts avec le terrain : « notre mandat s’alimente du quotidien vécu par nos compatriotes partout sur la planète », c’est pour cela que « nous organisons des réunions publiques entre deux sessions comme lors de la réforme des retraites », pour exprimer leur désaccord, ou des réunions thématiques via l’association Français du monde (ADFE) qui propose des rencontres tout au long de l’année.
Du côté de la majorité présidentielle, Thierry Masson, Président du groupe « Indépendants, démocrates et progressistes » rappelle que « ce sont les conseillers des Français de l’étranger qui nous ont élu », c’est pour cela qu’avant chaque session plénière son groupe « organise des réunions auxquelles les élus de la majorité présidentielle sont invités à participer. Ces réunions sont basées sur le format des commissions de l’AFE et animées par les conseillers de la majorité membres de ces dernières ».
Annie Rea, Présidente du groupe « Solidaires et Indépendants » ne souhaite pas tomber dans la « réunionite » en fixant un calendrier précis. Cependant avant chaque session plénière elle organise « un séminaire pour renforcer la cohésion et définir des lignes ». Son groupe a aussi adopté WhatsApp pour animer les échanges avec les élus : « la fonction sondage est d’ailleurs très utile ». Cela nous permet d’avoir « plus de souplesse dans notre fonctionnement, et de nous organiser en fonction des besoins. » Le groupe d’Annie Rea s’appuie aussi sur l’Alliance solidaire des Français de l’étranger (ASFE) qui rédige notamment un compte-rendu détaillé de toutes les sessions « disponibles en un temps record ».
Manque de moyens ?
Tous les présidents de groupe sont unanimes pour rappeler que le mandat de conseiller AFE est bénévole, et entre deux sessions plénières « nous n’avons pas besoin de grands moyens » souligne Thierry Masson, avis également partagé par Laurent Rigaud. Baptiste Heinz demande cependant une amélioration des moyens de communication et une aide, notamment budgétaire, pour l’organisation des visio-conférences. Quant à Nadia Chaaya, si elle n’insiste pas pour plus de moyens, elle souhaite, en revanche « pouvoir travailler mieux ». Même volonté chez Annie Rea pour qui « l’efficacité est au cœur de nos mandats », encore faudrait-il pouvoir la mesurer.
L’idée d’une troisième session plénière est rejetée en bloc : Laurent Rigaud explique que « la plupart des élus ne pourraient consacrer professionnellement une semaine supplémentaire pour une troisième session ». A la question de pouvoir l’organiser en visio, le rejet est aussi unanime. Thierry Masson rappelle que « les élus ne sont absolument pas en faveur de la visioconférence », ajoutant : « c’est en nous retrouvant ensemble pendant une semaine que nous créons des liens et que nous faisons le meilleur travail. » Laurent Rigaud abonde : « l’intérêt des sessions, c’est que les élus de terrain rencontrent en présentiel les ministres (…) pour mieux faire avancer les dossiers ».
Suivre les résolutions
Pour autant la « possibilité des visios serait utile pour la tenue des bureaux élargis de l’AFE ; cela faciliterait l’élaboration de l’ordre du jour », propose Baptiste Heintz. Observation partagée par Nadia Chaaya : « c’est vrai que l’ordre du jour est bouclé de plus en plus tard », des progrès sont donc attendus sur ce point, comme l’est la demande des quatre-vingt-dix élus de l’AFE en faveur d’un meilleur suivi des textes adoptés.
Un groupe de travail sur le suivi des résolutions de l’AFE est en création. « Ce serait bien de mutualiser les bonnes pratiques », réclame Annie Rea. Thierry Masson attend aussi « plus de résultats concrets de tout le travail effectué au sein des commissions de l’AFE ». Nadia Chaiaa milite également pour cette « AFE utile » que tous appellent de leurs vœux, et dans laquelle une résolution aboutirait à un résultat. Ce groupe de travail sera donc suivi avec attention par Lesfrancais.press. Heureusement, l’engagement des membres de l’AFE semble encore rester intact : « si nous n’avions pas foi en la citoyenneté et l’engagement démocratique, beaucoup d’entre nous auraient déjà présenté leur démission », analyse Baptiste Heinz. Mais jusqu’à quand cette motivation tiendra ?
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